Le Maroc a réalisé des avancées considérables en matière de droits de la femme au cours des vingt dernières années. Cependant, le chemin est encore long pour augmenter le taux de participation économique de la femme d'ici 2026 dans le cadre d'une stratégie gouvernementale transversale. Bien que des avancées notables aient été réalisées en matière de consolidation des droits de la femme, le Maroc peine à améliorer ses indicateurs liés à l'autonomisation sociale, économique et politique des femmes. Au niveau national, la participation économique des femmes est passée de 23.4% en 2010 à moins de 20% en 2021 alors qu'elle devrait se situer à 36% au vu des progrès significatifs accomplis en matière de généralisation de la scolarisation des filles, et de la baisse du taux d'analphabétisme chez les femmes (passant de 60% en 2004 à moins de 46% à la fin de l'année 2019). Ce recul a fait perdre au Maroc des points du Produit intérieur brut (PIB), soit environ 13 milliards de dirhams par an. C'est le constat, à la fois « réaliste » et « amer », dressé par le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, devant les députés lors de la séance parlementaire mensuelle tenue lundi 17 juillet sous le thème : « L'autonomisation de la femme et les enjeux du développement ». D'ailleurs, les indicateurs liés à l'autonomisation des femmes en disent long malgré les acquis réalisés en la matière. Selon l'indice d'écart de genre (Gender Gap Index), le Maroc est classé à la 144ème place mondiale. D'autres indicateurs montrent que six filles sur dix accèdent à l'enseignement primaire, que deux femmes sur dix sont actives sur le marché du travail, tandis que seule une femme sur dix reçoit une rémunération pour son travail. « Une réalité en-deçà des aspirations du Maroc d'aujourd'hui à laquelle le gouvernement s'engage à remédier à travers des actions à long terme consolidant ainsi le statut de la femme au sein de la société», rassure le Chef du gouvernement.
Le Plan d'égalité 2023-2026
Une des actions phares de l'Exécutif visant l'amélioration de la condition de la femme est bien la promulgation du décret relatif à la création de la Commission nationale de l'égalité des sexes et à l'autonomisation des femmes. La première réunion de ce comité a été marquée, selon Aziz Akhannouch, par l'adoption du cadre stratégique du « Plan gouvernemental pour l'égalité 2023-2026 », lequel inclut le programme «Attamkine » sur l'autonomisation économique et le leadership.
Ce cadre stratégique, explique-t-il, prévoit des mesures pratiques visant à accroître le taux d'activité des femmes à l'horizon 2026, la prévention et la lutte contre la violence à l'égard des femmes ainsi que la lutte contre les stéréotypes et la discrimination à leur égard.
Afin d'assurer une mise en œuvre réussie de ces actions, Aziz Akhannouch a rassuré qu'un long travail a été fait pour charger tous les départements gouvernementaux concernés de procéder aux consultations finales afin d'intégrer les mesures prévues dans le programme «Tamkine», spécifique à chaque secteur, dans la programmation de leurs budgets au titre de l'exercice 2024.
Au titre même que ce programme de grande envergure, l'Exécutif a mis en place, depuis le début de son mandat, des programmes visant non seulement à faciliter l'accès des femmes au marché de l'emploi mais aussi à leur garantir des conditions de travail propices au développement.
Vers la consolidation de l'entrepreneuriat féminin Le programme «Al Jissr» vise à faciliter l'accès des femmes au marché de l'emploi et à développer leurs compétences entrepreneuriales. D'un coût total de 322 millions de dirhams, ce programme vise à accompagner 36.000 femmes à travers le pays pour développer leurs compétences entrepreneuriales, améliorer leurs chances d'insertion professionnelle et leur faciliter l'accès aux marchés et aux financements. Selon le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, les plateformes numériques pour les régions de Casablanca-Settat, Fès-Meknès, Guelmim-Oued Noun, Oriental, Tanger-Tétouan-Al Hoceïma, Souss-Massa, Béni Mellal-Khénifra, Draâ-Tafilalet et Dakhla-Oued Eddahab ont reçu plus 38.000 demandes jusqu'à fin juin dernier. Le programme « Forsa » destiné à accompagner et à financer les porteurs de projets ne cesse d'attirer les femmes entrepreneuses. Selon Akhannouch, 20% des bénéficiaires en 2022 ont été des femmes, avec notamment comme perspectives d'augmenter ce taux lors de l'édition de 2023.
Pour une loi-cadre sur l'égalité et la parité homme-femme
S'exprimant sur le bilan dressé par le Chef de gouvernement ainsi que sa stratégie visant l'autonomisation et la consolidation du rôle de la femme au sein de la société, Ouafa Hajji, coordinatrice du collectif «Parité maintenant», a rappelé la nécessité de consolider les dispositions de l'article 19 de la Constitution. Il s'agit, selon elle, de mettre en place une loi-cadre qui définit les priorités en matière d'égalité et de parité dans le domaine institutionnel et politique, et dans le domaine de l'économie, avec un délai précis allant jusqu'à 2030, l'année qui coïncide avec l'agenda des objectifs du développement durable.