Washington et Pékin ont confirmé la visite du patron du Département d'Etat Antony Blinken en Chine en fin de semaine. Un voyage haut en symboles et qui vise à relancer le dialogue après une période de grandes tensions entre les deux puissances. Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken va effectuer une rare visite en Chine ce week-end où il entend amorcer un dégel diplomatique avec Pékin et appeler à une "gestion responsable" des tensions entre les deux grandes puissances. "M. Blinken y rencontrera des hauts responsables chinois et discutera de l'importance de maintenir des lignes de communication ouvertes afin de gérer de façon responsable la relation sino-américaine", indique mercredi le département d'Etat, confirmant le déplacement très attendu du chef de la diplomatie américaine, initialement prévu en février dernier. Une rencontre avec le président chinois Xi Jinping n'a pas été confirmée. Se disant "réalistes", les Etats-Unis ne s'attendent pas à y faire de "percées" majeures mais caressent à tout le moins l'espoir de "réduire les risques d'erreurs de calculs qui pourraient se transformer en conflit", selon des responsables américains. "Nous n'allons pas à Pékin avec l'intention d'y réaliser des percées ou une transformation", a affirmé à des journalistes le responsable Asie au département d'Etat, Daniel Kritenbrink. Un autre responsable américain, Kurt Campbell, a, lui, souligné que "les efforts pour façonner ou réformer la Chine ces dernières décennies ont échoué", disant s'attendre à ce que la Chine reste "un acteur majeur sur la scène internationale le restant de nos vies".
Un voyage inédit
La presse des deux pays s'est faite l'écho de cette exclusive. Pour le Washington Post, "Ce voyage marquera la première visite d'Antony Blinken en Chine en tant que secrétaire d'Etat, note le média de la capitale américaine, mais aussi la première visite d'un secrétaire d'Etat américain en Chine depuis cinq ans. Un laps de temps qui illustre un important manque de contacts entre les hautes sphères des deux pays, que les responsables américains tentent de combler". Selon le South China Morning Post, la visite de Blinken à Pékin dimanche et lundi, revêt une importance toute particulière en raison des tensions qui ont caractérisé les relations sino-américaines pendant ces derniers mois, estime le média, qui est revenu sur les derniers événements qui ont marqué, pour ne pas dire entaché, les relations sino-américaines. "Les rapports bilatéraux ont empiré en août 2022, lorsque Nancy Pelosi, alors présidente de la Chambre des représentants, a rencontré la présidente taïwanaise, Tsai Ing-wen, à Taipei, rappelle le quotidien de Hong Kong. Cette visite a suscité la colère de Pékin, qui y a vu une violation de sa souveraineté. Les tensions se sont aggravées en avril de cette année, lorsque le nouveau président de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, a rencontré Tsai en Californie".
Plusieurs questions sources de tensions
Les relations bilatérales restent tendues sur un grand nombre de dossiers: les liens entre les Etats-Unis et Taïwan, la rivalité dans les technologies, le commerce ou encore les revendications territoriales chinoises en mer de Chine méridionale. "Depuis le début de l'année, les relations sino-américaines font face à de nouvelles difficultés et des défis. Il est clair à qui en incombe la responsabilité", a déploré mercredi le ministre des Affaires étrangères Qin Gang lors d'un appel téléphonique avec Blinken, a indiqué le ministère chinois des Affaires étrangères, qui "a explicité la position solennelle de la Chine sur la question de Taïwan", principal point de friction entre les deux puissances, ainsi que sur "d'autres préoccupations essentielles" de Pékin, souligne le communiqué. Les relations entre les deux puissances s'étaient à nouveau tendues en février après le survol du territoire américain par un ballon chinois, présenté par Washington comme un aéronef "espion", tandis que pour Pékin il s'agissait d'un engin météorologique dévié de sa trajectoire. Incident qui avait abouti dans la foulée à l'annulation à la dernière minute d'une visite d'Antony Blinken en Chine. Aussi, Pékin ne cache pas sa colère face à ce qu'elle considère comme des visées expansionnistes des Etats-Unis dans la région Asie-Pacifique, alors que, Washington dit surveiller au plus près le rapprochement sino-russe. Mais force est de reconnaitre que les deux capitales ont récemment cherché à jouer la carte de l'apaisement, avec une reprise des contacts au plus haut niveau.