Que faut-il attendre des Réunions de printemps du Fonds monétaire international (FMI) et du Groupe de la Banque mondiale, qui se tiennent du 10 au 16 avril 2023 à Washington, et auxquelles participent les responsables de la politique financière mondiale dont des ministres, des gouverneurs et des grandes sommités de l'économie internationale ? Le Maroc y est fortement représenté. D'ailleurs, le Royaume accueillera, du 9 au 15 Octobre 2023, les Assemblées Annuelles des deux institutions marquant ainsi le retour de cette Grande manifestation sur le continent africain, près de 50 ans après le Kenya. Et ce n'est pas tout, puisque près de 14.000 délégués issus de 189 pays membres de ces deux institutions sont attendus à l'occasion de ce rendez-vous d'envergure qui se tient principalement à Washington et, tous les trois ans, dans un pays membre autre que les Etats-Unis. Pour revenir à la question de départ, elle mérite d'être posée dans un contexte où le monde fait face à de multiples crises notamment les conséquences de Covid-19, la dette, le changement climatique, sans oublier les conflits dont celui de l'Ukraine-Russie. Résultat : BM et FMI relèvent déjà que les crises s'accumulent et obligent un grand nombre de gouvernements à agir autrement, en priorisant la fourniture de services et de biens publics essentiels tout en protégeant les populations les plus vulnérables.
Anticipation sur la croissance mondiale Dans ce sens, les multiples rapports publiés par les deux institutions de Breton Woods sur les perspectives de croissance mondiale, attestent la volatilité et la fragilité des facteurs de bonds et de rebonds qui caractérisent l'état de santé de l'économie des pays. Même si tous les Etats ne sont pas logés à la même enseigne. A ce sujet, et selon les données publiées avant-hier mardi à l'occasion de ses réunions de printemps,le FMI a révisé à la baisse les prévisions de croissance pour l'économie mondiale cette année, mais s'attend à ce que les principales régions économiques évitent la récession. L'institution anticipe désormais une croissance mondiale de 2,8% en 2023, en léger recul par rapport à son estimation précédente en janvier (-0,1 point de pourcentage). « Nous sommes face à une économie qui continue de récupérer des différents chocs de ces dernières années, en particulier bien entendu la pandémie mais également l'invasion russe de l'Ukraine. Et nous observons une reprise graduelle », explique le chef-économiste du FMI, Pierre-Olivier Gourinchas, lors d'un point de presse. Pour la plupart des pays, explique Gourinchas, un retour à la normale n'est pas encore en vue. En cause notamment, l'importance de l'inflation au niveau mondial, surtout l'inflation sous-jacente - hors prix des aliments et de l'énergie, par nature plus fluctuants - reste mal orientée.A cela viennent s'ajouter les soubresauts récents du secteur financier, en particulier aux Etats-Unis, après la faillite de trois banques régionales, et le rachat précipité de Crédit Suisse par son concurrent UBS, sur fond de hausse des taux par les banques centrales, précisément pour lutter contre l'inflation Dans le même rapport sur les « Perspectives de l'économie mondiale », le FMI indique que l'économie marocaine devrait enregistrer un taux de croissance de 3% en 2023 et de 3,1% en 2024. Quant à l'inflation, l'institution Bretton Woods estime que celle-ci devrait atteindre 4,6% cette année avant de retomber à 2,8% en 2024. Tandis que le chômage devrait connaitre une baisse de 12,9% en 2022 à 11% en 2023 et un nouveau recul à 10,5% en 2024. Concernant le solde du compte courant du Maroc, il devrait passer de -4,3% en 2022 à -3,7% en 2023 puis à -3,5% en 2024, selon le rapport publié à l'occasion de la réunion de printemps du FMI et de la Banque mondiale qui se tient à Washington.Au niveau mondial, la croissance devrait se situer à 2,8% cette année avant d'augmenter légèrement pour atteindre 3% en 2024.
Tensions géopolitiques
De son côté, l'inflation mondiale diminuera, quoi que plus lentement que prévue initialement, de 8,7% en 2022 à 7% cette année et 4,9% en 2024, selon la même source. Selon le rapport, la situation aurait toutefois pu être plus sombre sans les effets de la réouverture en Chine et l'accélération de la croissance indienne qui « contribueront pour moitié à la croissance mondiale en 2023 ». Cependant, une reprise vigoureuse de l'économie mondiale reste insaisissable en raison des tensions géopolitiques qui s'intensifient et que l'inflation reste élevée à en croire le rapport. Pour le FMI, cette situation compromet les perspectives de tous, en particulier les personnes et les pays les plus vulnérables. Toutefois, note le rapport, certains marchés émergents font preuve de vigueur, en particulier en Asie, l'Inde et la Chine devant représenter la moitié de l'expansion mondiale. Mais, avertit l'institution, les pays à faible revenu sont paralysés par l'affaiblissement de la demande pour leurs exportations, la croissance de leur revenu par habitant restant inférieure à celle des économies émergentes.Face à cette situation, le FMI estime que le monde doit gravir trois grandes collines: la première porte sur la lutte contre l'inflation et la sauvegarde de la stabilité financière, la seconde concerne l'amélioration des perspectives de croissance à moyen terme alors que la troisième porte sur la promotion de la solidarité pour réduire les disparités dans le monde. D'ailleurs, c'est à juste titre, si les participants tablent sur différentes thématiques dont, entre autres, « Redéfinir le développement et renforcer la résilience », « Venir à bout de la dette et générer de la croissance », « Gouverner autrement dans l'adversité », « Accélérer le développement en temps de crises ». Les débats concerneront également « Promouvoir la place des femmes dans l'entrepreneuriat et le leadership », « Les capitaux privés et le développement durable ». Enfin, il sera question aussi de « Favoriser des chaînes d'approvisionnement durables et inclusives », « Investir dans le capital humain pour accélérer la transition écologique ». Bon à savoir Le Groupe de la Banque mondiale joue un rôle essentiel dans les efforts déployés dans le monde pour mettre fin à l'extrême pauvreté et favoriser une prospérité partagée. Pour parvenir à atteindre ces objectifs, l'organisation s'emploie en particulier à mobiliser les citoyens, dans le monde entier, en appelant à collaborer sur les enjeux liés à la réduction de la pauvreté, au développement économique international et aux financements, ainsi qu'à la valorisation du capital humain et au renforcement de la résilience. Deux fois par an, les Réunions de printemps et les Assemblées annuelles constituent une occasion privilégiée pour sensibiliser et associer toutes les parties prenantes autour de ces questions, et pour promouvoir les actions qui permettront de les résoudre. Les Assemblées annuelles de BM et du FMI ont lieu principalement à Washington et, tous les trois ans, dans un pays membre autre que les Etats-Unis, afin de marquer le caractère international des deux institutions. Ces deux organes ont pour mission de donner aux Conseils des gouverneurs des avis sur les grands dossiers mondiaux : conjoncture économique mondiale, lutte contre la pauvreté, développement économique, efficacité de l'aide, etc.