La morale est un concept qui désigne un ensemble de règles vertueuses qui fondent et guident l'action de l'Homme. La difficulté à l'appréhender avec précision réside essentiellement dans le fait qu'elle n'est généralement pas codifiée à travers des règles générales, écrites et stables. Elle marque toute l'histoire de l'humanité... La question de la différence est au centre de la pensées et comportements depuis belle lurette. A Meknès, certes la morale a toujours existé partout. Notre cité nous conforme sans cesse à elle : qu'elle soit sociale, culturelle ou politique... Cependant, affirmant souverainement les clivages culturels, la morale reste universelle et demeure, partout, le préalable incontournable de la dignité humaine et du progrès. Ainsi, toute action, même si elle est soutenue par des moyens importants, ne peut produire des résultats fermement bénéfiques si l'acteur ne s'inspire pas de valeurs positives qui distinguent le bon du mauvais, l'utile du superflu, le durable de l'immédiat. La conduite de l'homme est donc, incontestablement, un élément capital de la valeur de son œuvre. Notre ville regorge de ressources humaines imprégnées de ces valeurs et dont l'action est enviée dans le Maroc entier et même l'extérieur de ses frontières, où le meknassi fait preuve d'une ingéniosité qui force l'admiration. Il sait travailler quand il le décide, s'adapter quand cela est utile, s'ouvrir au contact de l'autre. Malheureusement, la conduite de certains meknassis, tarde à être purgée de certaines déviances qui gangrènent son œuvre et réduisent le rendement de son travail. En voici quelques illustrations. La saleté est un premier mauvais signe, puisque la ville est parsemée de tas d'immondices à quelques mètres des habitations et administrations, ou se décontractent nos jeunes. Des places publiques sont jonchées de sachets vides en plastic qui avilissent le cadre de vie. De nombreux immeubles sont chics de l'extérieur mais horriblement malpropres à l'intérieur. L'insalubrité du cadre de vie est un signal de la conduite des hommes qui y vivent. Signe qui est révélateur de l'indiscipline, de l'incivisme et de la désinvolture d'une certaine frange de la population.Un autre indicateur de la décadence de l'Ethique à Meknès, c'est le silence criminel observé face au désastre de la mendicité et surtout celle infantile, terrain fécond de la pédophilie et du choléra et autres maladies. Aucune initiative sérieuse n'est prise à ce sujet et le fléau est d'ailleurs banalisé. Certains vampires se servent même de ces pauvres enfants pour s'enrichir. Mais c'est dans le milieu politique qu'on retrouve les comportements les plus indignes, les bassesses les plus pathétiques. La politique est certes le lieu de la ruse, mais certaines mesquineries sont ahurissantes. On retrouve dans le champ politique des béni-oui-oui sans idéologie ni conviction, des transhumants anesthésiés contre la honte, des élus et des conseillers distribuant publiquement des sommes insolentes à des militants courtisans, des « personnalités » capables d'affirmer une chose et son contraire à la fois. De même, ni la méritocratie, ni la vraie représentativité ne rentrent en ligne de compte dans le choix des hommes devant être au devant de la scène publique. En témoigne ce qui a été constaté lors des dernières consultations. Par ailleurs, l'implication des potentialités économiques de la ville, n'atteint pas le niveau constaté dans par d'autres villes de même importance, par manque d'initiatives, d'imaginations, de programmes de ceux qui ont accaparé la gestion de la ville. C'est là la conséquence inéluctable de l'inactivité de certains de nos gestionnaires. Cependant, aujourd'hui on est en droit d'aspirer à des lendemains meilleurs avec une relance économique et mesures sociales accompagnatrices, dans le cadre d'une stratégie homogène de développement intégré. Car Meknès qui a tant besoin de cet élan salvateur doit retrouver un nouveau souffle. Ainsi, il est impératif, aujourd'hui plus que jamais, d'œuvrer pour redonner confiance aux habitants de la cité ismailienne, remettre les pendules à l'heure et offrir à notre ville, une image de cité saine, confiante et capable de relever les défis et de s'inscrire positivement dans l'ère de développement. A ce propos, le décollage de la ville doit se décréter à tous les niveaux et par tous les responsables. Qu'ils soient intra-muros ou extra-muros, quels que soient leurs situations, les gestionnaires qui continuent à détenir les rênes des affaires locales, doivent redoubler d'effort et apporter leur contribution morale et matérielle pour rendre à Meknès sa véritable image, celle d'une destination gagnante pour les investisseurs, de son passé glorieux et ouverte sur l'avenir grâce à la richesse de ses composantes, la diversité des ses potentiels (Déclarée par l'UNESCO ville à Patrimoine Universel) et la disponibilité de ses Hommes à s'inscrire dans tout projet répondant aux attentes de la région, en somme un berceau des civilisations. Les habitants de Meknès rejettent l'étiquette qu'on s'acharne à leur coller et refusent d'être sacrifiés comme boucs émissaires comme étant une ville de la paresse et de l'immobilisme. Aussi implorent-il le soutien de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, pour qu'ils soient dotés d'infrastructures et de moyens à même de contribuer à l'essor de leur cité et de leur région qui reste enclavée. Ils aspirent à un geste Royal salvateur qui leur ouvrira pleinement les voies de l'avenir, car leur région n'est concernée ni par l'Agence de Développement du Nord ni par celle du Sud. Quant au gouvernement, qui ne ménage aucun effort, il est prêt pour nous accompagner. Les imperfections sociales doivent être admises avec courage et honnêteté en vue de les combattre. Nous pensons pouvoir ressusciter l'éthique par le biais de l'éducation et d'un budget conséquent et des structures viables. Mais l'éducation n'est pas qu'une affaire de lycées à construire et d'enseignants à recruter. C'est d'abord la capitalisation, la diffusion et la rentabilisation de règles de conduite individuelles et collectives qui assainissent les mentalités, épurent les consciences, rationalisent les comportements et propulsent l'homme et le citoyen sur la trajectoire de la dignité et du progrès.