Musiciens, guérisseurs, thérapeutes, les Gnaoaus sont tout cela et plus encore. Avec le festival Gnaoua, festival de la fusion musicale par excellence entre une musique ancestrale faisant partie du patrimoine africain, voire mondial et les musiques du monde (occidentales, orientales et asiatiques), Essaouira a marqué un bon point dans la place des villes et destinations touristiques à vocation artistique et culturelle internationale. En effet, il y a le festival Gnaoua et les autres festivals, avec ses particularités, ses richesses, son esprit d'ouverture et de tolérance, sa participation au développement économique de toute une province. Un cas unique dans les annales au Maroc. Préservé depuis des siècles par des populations vivant au Maroc, venues du Mali, de Guinée, ou du Soudan, le rite Gnaoua est à la fois étrange et précieux. Il a failli disparaître pour toujours si ce n'était le festival Gnaoua d'Essaouira qui, non seulement l'a ressuscité, mais l'a mis en valeur et l'a ancré dans le patrimoine artistique mondial. Essaouira fête ainsi depuis douze ans une notoriété retrouvée, avec un véritable retour aux sources et une immense revalorisation de ce patrimoine grâce au concept ingénieux de fusion des musiques traditionnelles avec les meilleurs musiciens venus des quatre coins du monde. Il faut voir ces musiciens jouer en harmonie avec les maâlem gnaoua, dans des fusions fantastiques où s'affiche le bonheur des musiciens et celui du public. Vendredi 26 juin tard dans la nuit, le grand maâlem Abdeslam Alikane (directeur artistique du festival) a enflammé les foules durant deux heures non stop avec une extraordinaire fusion avec Solo Cissokho (grand joueur de la Kora: harpe africaine) et la troupe Jouala d'Agadir avec le grand musicien Foulane. Des centaines de personnes, des familles entières ont été emballées par le rythme ganoua renforcé par cette fusion afro-africaine d'une richesse et d'une authenticité envoûtantes, bien orchestré par les Mlouk gnaoua. Difficile de se retenir, les rythmes sont tellement forts qu'ils vous entraînement malgré vous. Lorsque le public est connaisseur cela ne fait que rendre le plaisir et le bonheur double de la part des musiciens et de la part de l'assistance. Cette belle prestation a inspiré la qualité de fusion, la qualité acoustique et la percussion, de la prestation, de samedi à minuit, de l'orchestre allemand de la WDR avec Maâlem H.El Kesri, Khaled, Karim Ziad et Rhani Kjira. La place avait réuni plus de 60 000 personnes . C'est dans ce cadre qu'il faut mettre cet engouement croissant des fans de la musique gnaoua dont le nombre augmente avec les années et avec la tenue des festivals. Toute Essaouira vibre, dans ses quatre coins, au rythme magique des gnaoua, notamment du côté de la Médina et des huit scènes principales et particulièrement celles du grand public (My Hassan, Bab Marrakech). Ce rythme gnaoua ensorcelle locaux, visiteurs nationaux et touristes internationaux, jeunes et moins jeunes. Il n'a pas de limite car il sort du fin fond de la terre d'Afrique, la terre de la musique et des rythmes acoustiques par excellence. Le festival gnaoua a été salutaire pour la ville d'Essaouira en lui permettant d'émerger de la situation d'une ville anonyme à une vraie destination touristique culturelle et balnéaire. La forme de la médiatisation nationale et internationale; orchestrée avec savoir faire et professionnalisme par André Azoulay, a apporté à la Cité des Alizés un souffle de dynamisme nouveau, exceptionnel et inédit au Maroc. La preuve fut donnée le samedi avec l'inauguration officiel d'un golf 18 trous situé dans la nouvelle station balnéaire Essaouira Mogador. Un golf du domaine du rêve il y a encore dix ans. L'heure du développement d'Essaouira a sonné aussi avec l'avènement d'un nouveau gouverneur, Nabil Kharroubi, venant droit du CRI (Centre Régional d'Investissement) de Rabat qui s'attelle déjà à donner à la ville une orientation socio-économique nouvelle, dans le cadre d'une mise à niveau générale. Le hasard (la chance va-t-on dire) aura voulu que son arrivée coïncide avec l'élection d'un nouveau bureau du Conseil Communal d'Essaouira, dont le président, Mohamed Al Farraâ qui a affiché sa volonté de coopérer avec les autorités, la société civile, les services extérieurs de l'Etat, pour réussir le développement qu'il faut à Essaouira. Nous saluons cette approche nouvelle et ce dynamisme affiché nouveau qui nous sort de la léthargie et des luttes intestines entre élus qu'a vécu le précédent Conseil Communal dont le travail a été réduit à la routine administrative. Heureusement que l'implication de Abdeslam Bikrate, ex-gouverneur, avait apporté une gestion de proximité qui a eu des conséquences positives sur le développement de la ville. En tout cas, un vent nouveau vient de souffler actuellement sur Essaouira et va se renforcer plus encore grâce à la synergie qui se met en place entre les autorités, les élus locaux, les opérateurs touristiques dont la Semog, Sofitel, Royal Atlas et les autres professionnels et associations professionnelles du secteur du tourisme. Essaouira reste avant tout une destination touristique. Tout développement local ou provincial passe inéluctablement par le développement du tourisme, vrai levier de développement. Très bonne continuation à la Cité des Alizés.