Depuis la nuit des temps, la musique a fasciné, en tant qu'expression artistique, les mathématiciens et les philosophes de l'Antiquité, qui l'ont érigée en art suprême. Les génies ayant marqué l'Histoire de l'humanité par les œuvres musicales, ont consacré le rôle et l'apport de cette nourriture de l'âme, en tant que composante indispensable et incontournable à l'épanouissement de l'Homme. Aujourd'hui, nul ne peut ignorer que, l'impact des cours de musique sur l'évolution intellectuelle et pédagogique des jeunes enfants. N'est-il pas prouvé que l'apprentissage de la musique est un facteur très important dans l'éducation et un stimulant de taille qui ouvre aux petits musiciens en herbe, la voie de l'équilibre identitaire et de l'épanouissement social. Aussi, la donne musicale doit impérativement être prise en considération dans la gestion de chose publique. Elle doit occuper un rang primordial dans la stratégie quotidienne visant l'équilibre culturel de la société et le bien-être des individus. Les musiciens marocains, qui viennent de célébrer le 07 mai dernier la journée nationale de la musique, ont dressé l'état des lieux de la musique marocaine, ses hommes et ses femmes, leurs réussites, leurs échecs et leurs ambitions d'accéder à une industrie de la musique et de la chanson aspirant à l'universalité. Au niveau de la ville de Meknès, cette journée est passée inaperçue. Aucun intérêt n'a été accordé à cet art quoique la musique meknassie a toujours fait parler d'elle eu égard à sa richesse, à sa diversité et son apport au répertoire national. D'aucuns avanceront que face aux priorités de développement, toute réflexion portant le volet culturel en général et la musique en particulier, est vouée à l'échec dans une cité qui se recherche économiquement et socialement et qui ne pense qu'à rattraper le retard qu'elle a longtemps accusé. Erreur ! Comme il a été nettement prouvé que tout développement économique et social, ne peut aboutir que par la mise en oeuvre d'actions sociales accompagnatrices, il est de plus en plus démontré que l'épanouissement socio-économique induit et interpelle la mise en valeur de la culture et la préservation des goûts artistiques, par le biais des arts et en particulier la musique qui n'a pas été qualifiée fortuitement de nourriture de l'âme. Meknès, ville aux traditions artistiques et culturelles millénaires, n'est pas un parent pauvre du patrimoine musical marocain. Elle peut s'enorgueillir d'être le berceau d'une multitude de rythmes, de styles et de formes musicales dont certaines ont défié les temps et constituent, encore aujourd'hui, une référence au niveau régional, national voire international. Les troupes de musiques traditionnelles, sacrées, populaires et folkloriques locales sont là pour prouver, si besoin est, que la cité ismaïlienne et son arrière pays disposent d'un patrimoine musical riche et diversifié. Les Aissawa, Hmadsha, le Melhoun, les orchestres de la musique andalouse, le Madih, ainsi que les troupes folkloriques locales et du Moyen-atlas, ont toujours et continuent à émerveiller les fins connaisseurs de la chose musicale dans les différentes manifestations nationales et internationales. Qu'attendons-nous alors pour soutenir cet aspect noble de la culture locale ? Aujourd'hui, la première action à entreprendre est de mettre à niveau les établissements d'enseignement de la musique existant actuellement dans la cité ismailienne. Les deux conservatoires relevant respectivement de la commune urbaine et du ministère de la culture doivent être adaptés aux réalités et exigences actuelles. Cela passe par la réfection des locaux, le renforcement des équipements et du personnel enseignant et l'adaptation des techniques d'apprentissage aux nouvelles donnes pédagogiques. Sans oublier évidemment les jeunes troupes «H KAIN», «GITS KING» etc .... Certes, la consécration de la culture de musique dans la société meknassie nécessite autres mesures et décisions plus consistantes, dont la généralisation de l'apprentissage au niveau des établissement scolaires et la création d'autres conservatoires, mais commençons par le commencement et accordons d'abord l'intérêt qu'il faut aux établissements existants. Il y va de l'avenir culturel et artistique d'une ville ancrée dans l'histoire du patrimoine national, alors qu'en pensez-vous messieurs les décideurs et la délégation du ministère de la Culture ?