En attendant le grand exercice aéromaritime à Agadir et Tan-Tan, les Forces spéciales ont été déployées à Tifnit dans le cadre de l'African Lion qui a inclus également des exercices aériens et humanitaires. Tour d'horizon. Dominant l'agenda médiatique ces derniers jours, l'exercice African Lion continue de se dérouler sur le sol marocain selon le calendrier fixé. Les exercices sont multiples et variés et englobent plusieurs types de manoeuvres et d'opérations tactiques. Après les exercices aéroportés et les manoeuvres d'artillerie à munitions réelles qui ont eu lieu dans la région d'Al Mahbès, les Forces spéciales marocaines et américaines ont été déployées dans la région de Tifnit qui a abrité un exercice particulier. Il s'agit d'un entraînement à la corde rapide où les soldats des Forces spéciales marocaines ont testé leurs capacités manoeuvrières et de combat dans des opérations qui se déroulent dans un espace clos aux allures d'un environnement urbain. Cet exercice vise à développer les capacités et les méthodes d'intervention rapide des éléments des Forces spéciales dans les scénarios de guerre non-conventionnelle. Les soldats marocains ont donc eu l'occasion de mener des exercices particulièrement complexes en s'engageant dans les opérations d'évacuation tactique, des scénarios de prise d'otage et de Renseignement derrière les lignes ennemies. Ces compétences sont d'une utilité vitale pour la lutte anti-terroriste pour autant que les forces spéciales sont souvent déployées dans des opérations aéroportées. C'est l'avis de Nizar Derdabi, ancien officier et expert dans les questions de défense. "Dans des opérations contre des groupes terroristes, une OAP permet de transporter rapidement des forces spéciales par hélicoptère pour intervenir contre des groupes de combattants terroristes très volatils et difficilement repérables", précise l'expert, ajoutant que "cette capacité unique qu'offrent les OAP de se projeter rapidement pour frapper l'ennemi sur des objectifs stratégiques est une capacité décisive que les forces armées doivent perfectionner en prévision des conflits futurs". Forces spéciales marocaines : L'élite des FAR Bien qu'elles ne soient pas la colonne vertébrale de l'Armée marocaine, les Forces spéciales sont une composante indispensable des FAR de par leur formation et leur aptitude à soutenir les forces régulières pour changer la donne dans une guerre classique ou dans des opérations de contre-insurrection. Leur capacité d'intervention rapide avec une efficacité redoutable permet de faire la différence sur le terrain dans des opérations infiniment subtiles. Actuellement, ces unités d'élite sont bien enracinées au sein des Forces Armées Royales qui disposent de deux brigades d'infanterie parachutiste, quatre unités de commando, deux bataillons d'assaut aéroporté et dix-neuf bataillons légers d'intervention rapide. Il existe aussi des unités destinées à l'intervention dans des zones désertiques (adaptées au territoire du Sahara). On parle ici de l'unité tactique saharienne, une unité motorisée. À l'instar de l'Armée de terre, la Marine royale est également dotée de trois bataillons de Forces spéciales, en plus d'un Escadron qui se trouve à Casablanca et 3 groupes d'intervention. Cette année, une amélioration des équipements individuels des forces engagées a été observée. Concernant la simulation des combats, un grand travail reste à faire en termes de performance, selon les experts de la page FAR Maroc. Les chasseurs marocains survolent le Sahara Au-delà des exercices des Forces spéciales, l'exercice African Lion a une composante aérienne, que manifeste l'exercice "ATX" qui se déroule à la fois à Kénitra, Benguerir et Cap Draâ. Cet exercice a été l'occasion pour les Forces Royales Air de déployer leurs chasseurs dans le cadre d'une projection de force et de puissance. L'Armée de l'Air a déployé aussi des moyens aériens d'appui, de surveillance et de reconnaissance tout en menant des opérations de tirs sur des cibles terrestres. S'il y a une plus-value à noter dans ce type d'exercices, c'est la formation des officiers marocains dans le guidage aérien "JTAC". Il s'agit là de l'usage de l'aviation d'attaque (avions ou hélicoptères) pour appuyer des troupes au sol lors d'une offensive. L'enjeu ici pour les aéronefs déployés est d'agir de concert avec les troupes terrestres afin d'assurer leur couverture. D'où la nécessité d'une bonne coordination. Vers plus d'interopérabilité maritime Concernant le volet maritime de l'exercice, des exercices aéro-maritimes sont prévus au large d'Agadir et de Tan-Tan. Parmi les objectifs fixés, l'amélioration de l'interopérabilité entre les forces navales marocaine et américaine grâce à la planification et à la conduite conjointe de manoeuvres navales au-dessous et au-dessus de la surface. Il y aura également des opérations d'interdiction maritime, des opérations de recherche et de sauvetage de mer, ainsi que des tirs en mer et contre terre. Il s'agit là de la continuité de l'exercice "Lightning handshake", qui a eu lieu en 2021 où des porte-avions américains ont été déployés, aux côtés des avions et frégates marocains dans des manoeuvres d'attaques de surface, de la lutte anti-sous-marine et de frappes air-mer. L'hôpital de campagne de Taliouine prend soin des habitants locaux À quelques kilomètres de Taroudant, un hôpital médico-chirurgical de campagne a été déployé grâce à un effort conjoint des Forces Armées Royales et de l'Armée américaine qui ont déployé plusieurs détachements médicaux et d'assistance sociale. Vendredi 24 juin, depuis le début de la journée, un flux ininterrompu d'habitants s'est rendu sur place afin de pouvoir bénéficier des services et des soins qu'offre l'hôpital qui réunit plusieurs spécialités, à savoir médecine générale, médecine dentaire, ophtalmo optométrie, ORL, pneumologie, cardiologie, hospitalisation des femmes, et un service de pédiatrie. L'hôpital est également doté de deux blocs opératoires, d'unités de soins infirmiers, de radiologie dentaire, un laboratoire et une pharmacie. Interrogé par la presse, le Colonel Saïd Semlali a fait savoir que cette structure multidisciplinaire est composée de 151 médecins et infirmiers, toutes spécialités confondues, en plus de 11 assistantes sociales déployées par les Forces Armées Royales. "Ces équipes sont secondées par 110 éléments d'administration", ajoute M. Semlali. Les organisateurs n'ont pas manqué de penser au bien-être des patients lors de leur passage à l'hôpital, raison pour laquelle ils ont mis en place une unité "éducation mère-enfants", qui veille à donner un accueil chaleureux aux enfants venus avec leurs familles. "Il s'agit de la meilleure composante de l'exercice African Lion", s'est réjoui le général Andrew Rohling, Commandant général adjoint pour l'Afrique et commandant de l'unité opérationnelle de l'armée des Etats-Unis pour l'Europe méridionale, Afrique. Le général américain s'est rendu, vendredi, sur place pour faire le suivi de l'opération humanitaire. Son homologue marocain, l'inspecteur général des FAR Belkhir El Farouk, se rendra, à son tour, à l'hôpital le 27 juin. « Jusqu'à présent et depuis le 13 juin, date du déploiement de l'hôpital, 18.200 prestations ont été réalisées, dont ont bénéficié plus de 6800 patients », indique le Colonel Abderrahman Jemmouj, Médecin-Chef de l'hôpital de campagne dans une déclaration à « L'Opinion ». Les équipes médicales en place ont effectué 132 interventions chirurgicales, ajoute le Colonel, précisant que l'objectif de cette mission humanitaire est de venir en aide à la population locale et permettre un échange d'expérience entre les cadres marocains et leurs homologues américains. Anass MACHLOUKH