Dans le désert du Maroc, sur la côte Atlantique, un étang vert se trouve désormais au milieu du sable. C'est un site d'essai pour Brilliant Planet, une startup qui prévoit de lutter contre le changement climatique en cultivant de grandes quantités d'algues capturant le carbone dans les déserts du monde. Par unité de surface, l'entreprise prétend capturer autant de carbone qu'une forêt tropicale peut le faire. "La différence est que lorsqu'un arbre de la forêt tropicale tombe, il renvoie 97% du carbone dans l'atmosphère, alors que nous pouvons tout séquestrer", explique Raffael Jovine, cofondateur de Brilliant Planet.
Selon la Startup, la construction de la première usine à l'échelle commerciale, couvrant 1 000 acres permettra d'éliminer 40 000 tonnes de CO2 par an, soit à peu près l'équivalent des émissions de l'utilisation de 92 000 barils de pétrole. Les premières prévisions indiquent que le système pourrait hypothétiquement éliminer 2 gigatonnes de CO2 par an.
Selon l'Organisation météorologique mondiale (OMM), la lutte contre le changement climatique implique non seulement de réduire le recours aux combustibles fossiles et d'éliminer les autres émissions, mais également d'éliminer le CO2 de l'air. Un constat confirmé par le dernier rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), publié le 4 avril qui souligne la nécessité de retirer le CO2 émis dans l'atmosphère pour limiter le réchauffement climatique.
Les installations de l'entreprise pompent l'eau de mer de la côte voisine profitant du fait que l'eau est remplie à la fois de nutriments dont les algues ont besoin pour se développer et de CO2 qui sera capturé. Lorsque les algues sont prêtes à être récoltées - un processus qui prend entre 18 et 30 jours - elles sont filtrées hors de l'eau, qui est renvoyée dans l'océan. Ce système innovant rend également l'eau moins acide, contribuant ainsi à résoudre un autre problème causé par le changement climatique. Par la suite, les algues sont séchées et enfouies sous le sable, où le carbone qu'elles capturent peut être stocké en permanence. La même source précise que cette approche présente également des avantages pour l'élimination du carbone dans la nature. D'autant plus qu'il est difficile de mesurer exactement la quantité de CO2 qu'une forêt stocke, et que les arbres pourraient être abattus ou perdus dans un incendie. Après des projets pareils en Afrique du Sud et à Oman, la startup exploite son site de test au Maroc, loué par le gouvernement, depuis près de cinq ans pour prouver que le système fonctionne, avant le lancement de la plateforme de production qui sera évolutive et qui devrait être opérationnelle d'ici 2024.