Même dans la foulée de l'assouplissement des restrictions sanitaires, l'Oulja n'a pas encore poussé un soupir de soulagement et les artisans potiers aspirent à ce que la cité retrouve sa place sur le podium de la poterie marocaine. Détails. L'Oulja est un complexe artisanal emblématique de la poterie et la vannerie marocaines. En ligne de mire du reportage réalisé par nos soins : les ateliers de poterie. Nous sommes allés à la rencontre des artisans pour voir de près comment ils vivent la reprise. Au sein de l'Oulja l'effervescence qui régnait il y a quelques années a cédé la place à une accalmie parlante. Un mâalem artisan nous a fait savoir que pendant son essor, le complexe comportait une main d'oeuvre considérable qui se chiffrait en milliers avant de s'inscrire dans une tendance baissière due à la concurrence locale et internationale. La baisse a atteint son paroxysme avec la pandémie. Les restrictions de déplacement et la suspension des vols ont paralysé aussi bien le tourisme local qu'international, ce qui a généré un déséquilibre colossal entre l'offre et la demande. Par conséquent, les potiers étaient dans l'obligation de baisser significativement le taux de production. L'artisan a noté par ailleurs qu'une grande partie des potiers artisans se sont tournés vers d'autres professions et commerces pour échapper à la précarité. En outre, un grand nombre de ceux qui continuent à exercer cette profession sont à l'affût d'opportunités d'un travail qui leur assurerait un salaire stable. « C'est un véritable crève-coeur de voir des mains artisanes créatrices partir, laissant derrière elles un destin opaque pour la poterie », déplore l'artisan. Ainsi, face à une commercialisation stagnante, le besoin est plus pressant de mettre en place un plan de commercialisation rigoureux en vue de palier au déséquilibre remarquable entre l'offre et la demande, et ce via la mise en place de galeries nationales dans lesquelles les artisans exposent leurs produits et les font connaître à l'échelle nationale. « Il faudrait par ailleurs protéger l'Oulja de la concurrence locale. La commercialisation de produits provenant d'autres régions ne doit pas se faire au détriment de ceux du complexe. La priorité devrait être accordée aux produits façonnés au sein de cette cité de poterie », poursuit l'artisan. Les professionnels suggèrent également d'assoir des mesures dont l'objectif est de protéger l'artisan, notamment par le bais de l'appui financier, et d'assurer la pérennité de ce secteur emblématique du pays par des formations professionnelles encadrées par des mâalmines artisans. Cela vise à inculquer à la nouvelle génération les principes de la poterie et lui transmettre également le savoir-faire qui s'y rapporte. Mais au final, ces artisans qui façonnent l'argile avec leur âme croient dur à la résurrection de ce secteur qu'ils conçoivent comme un phénix dont la renaissance est certaine, mais également tributaire de mesures tangibles. Ikram KARYM Vers l'instauration d'une symbiose entre innovation et authenticité L'Oulja comprend deux catégories de poterie : poterie utilitaire telle que les ustensiles de cuisine et la poterie décorative. Au sein de ce complexe, le contraste est flagrant entre les chefs d'oeuvres des artisans et l'infrastructure rudimentaire. Dans cette perspective, l'Agence pour l'Aménagement de la vallée du Bouregreg (AAVB) a mis en place la feuille de route d'un projet visant la réhabilitation urbaine du complexe. La nouvelle structure va accueillir des activités artistiques et artisanales selon un concept organique à l'image de la médina historique. Le projet vise par ailleurs « la protection de la zone contre les inondations, la réfection des réseaux Voierie et Réseaux Divers (VRD) existants et la réalisation du complément des réseaux VRD », selon le site officiel de l'AAVB.