Après plus d'une année de blocage et d'incertitude, les Marocains de l'étranger vont pouvoir finalement retrouver leur pays dans de bonnes conditions grâce à la décision royale. En plus d'une baisse des tarifs des billets d'avion de la RAM, de nouvelles lignes maritimes ont été mises en place pour ramener les MRE de France et d'Italie et du Portugal, après l'exclusion des ports espagnols. Un retour qui pourrait revigorer le tourisme moribond. Les Marocains établis à l'étranger vont pouvoir finalement tourner la page d'une année d'attente et d'imprévisibilité sur leur retour à la mère patrie pour passer les vacances. Depuis le début de la pandémie, revenir au Maroc était un véritable calvaire pour tout marocain expatrié désireux de rentrer, à cause de la fermeture des frontières et la rareté des vols internationaux. S'ajoutaient à cela les multiples restrictions sanitaires qui pesaient lourdement, aussi bien dans leurs pays de résidence qu'au Maroc. Autorisation exceptionnelle, prix élevés des vols, rien ne leur rendait la tâche aisée. La décision royale a ravi tout le monde. SM le Roi a ordonné la mise en place d'un dispositif d'accompagnement au profit de l'ensemble des MRE, en appelant tous les intervenants dans le domaine du transport aérien et maritime à pratiquer des prix raisonnables et à la portée de tous. Le ministère des Affaires étrangères a annoncé, ensuite, la suppression de l'autorisation préalable qui était imposée aux résidants des pays de la liste B, ceux de la liste A ayant été exempts depuis le début. L'initiative royale vise en premier lieu à permettre aux MRE de renouer avec la patrie et de retrouver leurs proches après un an de séparation, et ce, dans un contexte difficile, marqué par les contraintes de la pandémie et la fermeture des frontières avec l'Espagne qui a été exclue de l'opération « Marhaba » par voie terrestre. La France et l'Italie seront donc les principaux points de transit, les négociations sont en cours pour inclure également le Portugal. Plus de 8 ferries ont été mobilisées pour le rapatriement des MRE, permettant de transporter près 27.000 personnes par semaine, selon la ministre déléguée chargée des Marocains résidant à l'Etranger Nezha El Ouafi. Les avions de la RAM mis au service des MRE Royal Air Maroc a aussitôt répondu à l'appel royal en annonçant, dimanche, une offre exceptionnelle, avec une grille tarifaire très attractive. Les tarifs des billets ont drastiquement baissé, variant ainsi en fonction du nombre des membres de chaque famille (plus la famille est nombreuse, moins le tarif est élevé). Les prix varient de 97 à 150 euros pour les vols en provenance de l'Europe, de 600 à 500 euros pour l'Amérique du Nord (New York, Washington et Montréal) et est de 240 euros pour les résidents en Turquie ou en Russie. Cependant, ces billets sont non-remboursables et non-échangeables. Toutefois, les personnes qui ont déjà acheté leur billet avant la décision royale pourront l'annuler et acheter un nouveau billet, en étant remboursé. Or, plusieurs usagers étaient surpris, la nuit du lundi, de voir que les prix n'ont pas changé au niveau du site de la RAM. Il s'agissait d'un problème de mise à jour du serveur, selon les déclarations du patron la Compagnie, Abdelhamid Addou, lors d'une conférence de presse tenue lundi. Ce problème a duré une ou deux heures, mais a finalement été résolu, a assuré M. Addou. Vu la forte pression sur le site, le PDG de la RAM a conseillé les usagers d'essayer de consulter le site en permanence s'ils ne parviennent pas à se procurer un billet, dès la première tentative. Cette opération d'urgence durera trois mois, à compter du 15 juin jusqu'au 30 septembre. A cet effet, la RAM a mobilisé plus de 3 millions de sièges. Concernant le Protocole sanitaire, Abdelhamid Addou a indiqué que le staff de la RAM restera pointilleux sur les mesures sanitaires (port du masque... etc). Dans le cadre de l'accompagnement, tout un dispositif d'assistance sera mis en place, de l'achat du billet à l'aéroport jusqu'à la montée en avion, a affirmé le patron de la RAM, en réponse aux journalistes. Une première dans l'Histoire du pays C'est la première fois que l'opération Marhaba se déroule d'une façon pareille. Abdelhamid Addou a reconnu que cela aurait été difficile sans les hautes instructions royales. « C'est une opération exceptionnelle et sociale », a-t-il indiqué, précisant qu'il ne s'agit pas d'une campagne à but lucratif vu son caractère urgent. L'initiative royale a constitué également une réponse aux pays européens et notamment à l'Espagne, dont les ports maritimes et les compagnies maritimes seront exclus, endurant ainsi des pertes considérables. Le fait que l'édition de cette année se déroule en grande partie par voie aérienne facilitera la tâche pour les nombreux Marocains habitués à parcourir de très longues distances en voiture pour arriver au Maroc, avec ce que cela engendre comme embouteillages au niveau des postes douaniers et procédures administratives de contrôle inextricables. Regain d'espoir pour la saison estivale Le retour annoncé des MRE ne manquera pas de soulever un nouvel élan d'optimisme pour le secteur touristique dans notre pays. Ceci est d'autant plus évident que les transferts des MRE ont résisté aux secousses de la crise du covid-19, en dépit des ravages économiques de la pandémie en Europe et en Amérique. Au 1er trimestre 2021, ils ont atteint 20,9 MMDH, contre 14,73 MMDH enregistrés pendant la même période en 2020. Ceci laisse augurer une saison estivale prometteuse, selon Mohammed Saoud, président de la Coordination istiqlalienne des Marocains du Monde. 3 questions à Mohammed Saoud « L'initiative royale bénéficie à tout le monde » Mohammed Saoud, membre du Comité exécutif du Parti de l'Istiqlal, en charge des Marocains du monde et des affaires de l'immigration, et vice-président de la Région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, a répondu à nos questions sur la campagne de facilitation du retour des MRE au Maroc dans le cadre de l'Opération Marhaba. La décision royale de faciliter le retour des Marocains résidents à l'étranger par voie aérienne incitera-t-elle les MRE à se rendre plus massivement au pays que les années précédentes ? Disons d'abord que c'est une décision extraordinaire qui a donné une bouffée d'oxygène à de nombreux Marocains qui étaient frustrés à cause des restrictions qui leur étaient imposées comme l'autorisation exceptionnelle. La décision de SM le Roi a permis également de résoudre le problème de la flambée des prix des billets d'avion après la décision d'exclure les ports espagnols de l'Opération Marhaba. Je rappelle que les prix se sont parfois élevés jusqu'à 8000 et 9000 euros. Donc, j'estime que l'initiative qui a été prise sera en mesure de redonner de l'espoir à nos concitoyens pour retrouver leur pays. Il est clair que la baisse des tarifs ne manquera pas d'inciter les gens à venir en grand nombre, vu que même la compagnie aérienne va en bénéficier en termes de quantité et de chiffre d'affaires, même si les tarifs sont réduits. Ainsi, tout le monde est gagnant. Le communiqué du Cabinet Royal a insisté sur le rôle des ambassades et des consulats dans la réussite de cette opération, leur rôle est-il décisif ? En effet, je pense qu'il ne fait aucun doute que nos réseaux diplomatiques et consulaires feront le nécessaire du moment que c'est une campagne nationale initiée sous hautes instructions royales. Tout le monde va se mobiliser pour être au rendez-vous. Il faut attendre la fin de l'opération qui durera trois mois pour faire un bilan. Peut-on dire que cette opération sera en mesure de relancer le tourisme durant la saison estivale ? Il est évident que l'économie réelle va bénéficier de cette initiative. L'afflux des MRE ne manquera pas de ramener des quantités importantes de devises au pays, et ce, malgré la crise du Covid-19. En témoigne la hausse des transferts de fonds des MRE vers le Maroc, lesquels ont augmenté récemment. Contrairement à ce que les gens pensent, les transferts augmentent en temps de crise par solidarité familiale. En plus, même si on prend en compte les effet de la crise sur les MRE, le fait qu'ils rentrent au Maroc pour y passer leurs vacances est en soi une bonne nouvelle pour l'économie du pays.