Le plasticien Mohamed Melehi ne cesse de gagner en reconnaissance mondiale. Une exposition monumentale lui est consacrée au centre muséal et sur l'Avenue Al Circel à Dubaï du 19 septembre au 10 octobre 2020. Organisée par Zamân Books & Curating, l'exposition revient sur l'histoire de « Mohamed Melehi et les archives de l'Ecole de Casa », et retrace chronologiquement la carrière du plasticien, des années 50 aux années 80.
Les œuvres et archives inédites du dernier grand pionnier de l'art moderne au Maroc, considéré comme une figure majeure de l'art marocain postcolonial et du modernisme transnational, mêlent à la fois le génie, l'engagement politique ainsi que l'amour que l'artiste a pour les femmes. Elles le présentent en tant que peintre, photographe, muraliste, graphiste et urbaniste, professeur d'art et activiste culturel.
Trois escales majeures
L'exposition parcourt les trois périodes majeures de cet artiste majeur, pionniers de l'art moderne arabe ainsi que ses trois «escales» principales : Rome, New York et Casablanca. Entre 1954 et 1967, l'introduction de l'exposition (1957-1964) emmène à Rome dans les années 1950 où Melehi est l'un des premiers artistes du continent africain à exposer dans les galeries d'avant-garde comme la Galleria Trastevere. Les premiers échanges et séjours à New York où il prend part à l'exposition Hard Edge and Geometric Painting du MoMA en 1963 le font passer encore dans une autre dimension. Entre 1964 et 1978, c'est le retour à Casablanca et le début de son aventure mémorable dans les ateliers de l'Ecole des Beaux-arts de Casablanca où avec Farid Belkahia, Mohamed Chabâa, Bert Flint et Toni Maraini, Melehi va écrire l'une des plus belles pages de l'histoire des arts postcoloniaux. Cette partie offre un focus sur sa pratique de graphiste-activiste mais aussi sur l'exposition manifeste de la place Jamaa el Fna en 1969 ainsi que sur les ateliers et les activités de l'école. Dans les Années 1980, l'artiste procède à une synthèse dynamique de toutes ses pratiques: il repuise dans les sources africaines et berbères comme l'Ecole des Beaux-arts de Casa l'y a toujours encouragé (notamment les plafonds peints des mosquées populaires) mais aussi dans ses expériences architecturales des années 1970 (avec le cabinet Faraoui et De Mazières) et dans sa pratique de muraliste, culminant au festival des arts d'Asilah qu'il co-fonde en 1978.
Melehi le muraliste
Cette exposition rétrospective retraçant la carrière aux multiples facettes d'un plasticien avant-gardiste, donne ainsi au public émirati un aperçu unique sur un courant pictural « critique » et la révolution culturelle qu'il a opéré dans les années 50 et 60 dans un pays comme le Maroc ; un courant qui s'inscrit au cœur des préoccupations contemporaines de la région. Le chapitre de Dubaï de l'exposition présente la photographie documentaire de Melehi – à travers ses voyages et son activisme – ainsi que les moments forts de son studio de graphisme SHOOF et les remarquables peintures murales du festival d'Asilah.
Formes radicales et l'artisanat afro-berbère
Cette recherche élargie permet un nouvel aperçu de l'esprit expérimental de l'école d'art de Casablanca alors qu'elle remettait en question les conventions et collaborait pour produire des formes radicales de pédagogie et de réalisation d'expositions, amenant l'artiste de l'atelier dans les rues et les places publiques du Maroc. L'exposition s'intéresse également à l'engagement en profondeur de Melehi avec l'art et l'artisanat afro-berbère à travers la collection du Musée Tiskiwin-Bert Flint de Marrakech. LIRE AUSSI : Violence faite aux femmes. Un film choc