Le Parti de la Révolution Démocratique (PRD-gauche) mexicain, qui célèbre lundi le 19ème anniversaire de sa création, est menacé de scission à la suite des élections internes contestées, du 16 mars dernier, pour choisir un nouveau dirigeant. Deux principales tendances s'affrontent pour prendre les reines du parti : l'aile radicale de la "Gauche Unie'' a proclamé la victoire de son porte-étendard, Alejandro Encinas, et la tendance social-démocrate de la "Nouvelle Gauche'', conduite par Jésus Ortega, qui exige la finalisation du dépouillement des votes avant la proclamation du gagnant. Face à cette situation de blocage, le Conseil national extraordinaire du PRD a désigné, dimanche, un dirigeant intérimaire en attendant de trouver une solution à la profonde crise qui traverse le parti. La désignation du nouveau dirigeant a été faite en l'absence des délégués issus de l'aile dure du parti, ce qui a approfondi davantage le différend entre les deux tendances. Les instances internes du parti se sont trouvées dans l'impossibilité de résoudre la crise et l'hémorragie des démissions de leurs membres continue. Dans ce contexte, le courant de la "Nouvelle gauche'' a décidé de porter l'affaire devant les instances judiciaires de l'Etat mexicain, ce qui prouve le manque de confiance total dans les organes internes du parti pour résoudre la crise. Certains commentateurs de la presse écrite et audio-visuelle pensent que la scission au sein du PRD était "inévitable'' et les accusations de "trahison'' pleuvent de toutes parts contre les partisans de Jésus Ortega, appelés "Chuchos''. Les chefs de file de ce courant dans les deux chambres du parlement accusent, pour leur part, les membres de l'aile dure de répondre exclusivement aux ordres de l'ancien candidat à la présidence de 2006, Andres Manuel Lopez Obrador, qui a choisi la voie de la rupture avec le pouvoir en place. La bataille au tour de la réforme du secteur de l'énergie avait donné, en avril dernier, une occasion aux deux tendances de montrer un semblant d'union circonstancielle qui a vite disparu après la fin de la crise parlementaire sur cette réforme. Les disputes ont vite pris le dessous et les responsables en vue des deux bords s'échangent les accusations les plus dures par presse interposée. Le PRD avait vu le jour en mai 1989, suite à une scission au sein du principal parti mexicain de tous les temps, le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI). Il a été crée par une figure historique de la gauche mexicaine, Cuauhtémoc Cardenas, fils du général Lazaro Cardenas, connu pour avoir nationalisé le pétrole en 1938. Marqué à gauche de l'échiquier politique, le PRD est la deuxième force politique du Mexique et principale composante d'un Front plus large des différentes tendances de la gauche mexicaine (Front progressiste élargi-FAP). Outre la capitale fédérale, considéré comme un bastion du PRD, le parti contrôle des Etats fédéraux de grande importance comme Chiapas, Zacatecas, Michoacan, Basse Californie-Sud et Guerrero. Toutefois, la scission en vue du parti risque de porter un coup dur à la gauche mexicaine, qui aspire à accéder au pouvoir, pour la première fois dans l'histoire du pays, à l'occasion des élections présidentielles de 2012.