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Marocains et homophobie : le grand malaise
Publié dans L'observateur du Maroc le 26 - 01 - 2019

Les Marocains sont-ils homophobes ? Malgré les images choquantes de lynchage public de certains homosexuels par des foules déchainées, on ne peut oublier que cette «communauté» a toujours eu sa place dans la société et sa présence a été plus que tolérée. Comment s'explique donc cette ambivalence ?
Par Hayat Kamal Idrissi
La vidéo de son arrestation calamiteuse, avec en toile de fond des propos franchement homophobes et haineux, ont fait le tour de la toile en ce début 2019. Le désormais surnommé «Travesti de Marrakech» n'est pourtant pas un cas isolé.
Avant lui, il y avait l'homosexuel de Fès, lynché sauvagement en pleine rue par une foule déchainée. Il y avait les deux mineures de Marrakech traînées devant les tribunaux et traitées comme des criminelles. Sans oublier les deux jeunes hommes de Beni Mellal «lynchés» sur la place publique… Les chroniques de l'homophobie ne manquent jamais de nouveaux récits, de nouveaux destins brisés et de vies bousillées à coup de buzz et de ragots, voire par la force de la loi.
Les Marocains seraient-ils homophobes ? D'après la pétition lancée fin 2018 par le Mouvement alternatif pour les libertés individuelles (MALI), «La situation des homosexuels au Maroc, femmes et hommes, est extrêmement inquiétante et préoccupante. Insultes, agressions et menaces sont malheureusement monnaie courante».
Une situation qui est d'autant plus grave car cautionnée par la loi. L'article 489 du Code Pénal marocain criminalise en effet «les actes licencieux ou contre nature avec un individu du même sexe». Ainsi, l'homosexualité, qui est considérée comme un délit au Maroc, est punissable de 6 mois à 3 ans d'emprisonnement et par des amendes allant de 120 à 1200 DH. Payer de sa liberté sinon de sa réputation pour vivre pleinement son orientation sexuelle, c'est ce que risquent donc les homosexuels marocains.
Le cas du «travesti de Marrakech», qui a payé cher l'«audace» d'assumer son identité sexuelle, est plus qu'éloquent. Ses photos personnelles, ses pièces d'identité et toute une vie de la personne concernée et de sa famille ont été profanées sur la place publique, dans une sorte de châtiment social infligé à celui qui a osé «la différence».
Pourquoi tant de haine ?
D'après Dr Mostapha Massid, psychologue clinicien et auteur, l'homophobie qui se manifeste par le mépris et le rejet des personnes homosexuelles, est en effet le fruit de plusieurs facteurs. «Il s'agit d'un sentiment qui nait au cours de l'adolescence et qui résulte des normes socioculturelles concernant l'orientation sexuelle. On devient donc homophobe car l'éducation, la culture, les croyances transmettent un ensemble d'informations qui font que l'homosexualité est inacceptée, rejetée voire méprisée», analyse le psychologue.
Fortement influencé par son entourage et par la mentalité dominante, un individu devient «automatiquement» homophobe et même s'il ne l'est pas, il s'y force parfois par crainte d'être taxé d'«amoureux de pédés».
Les croyances ayant la peau dure, elles finissent par l'emporter sur le sens critique et le bon sens, comme le soutient le spécialiste. «Les croyances ont toujours eu une influence sur la société. La société subit un ensemble de croyances et de convictions culturelles qui fondent les rapports entre les hommes et le «normal».
Tout ce qui sort de ce cadre dit «normal» est confronté à tout genre de conflit et génère des sentiments contradictoires allant de l'inacceptation au rejet, au mépris voire à la haine et la violence», ajoute Mostapha Massid.
Mépris, haine et violence… au-delà de l'intolérance par rapport à la différence qu'incarne un homosexuel, son rejet prend parfois des allures de ségrégation assumée et cautionnée par la loi. Car d'après le sociologue Farhat Othman, la source du mal n'est autre que cet article 489 du Code Pénal incriminant l'homosexualité. Si l'on aspire à un changement de situation, il ne peut passer que par l'abolition d'une telle loi.
Une tâche qui n'est pas des plus faciles, selon la juriste et l'activiste marocaine Souad Tiali. «L'abolition de la loi 489 ne sera pas pour demain. Lorsqu'il s'agit de fondamentaux religieux et culturels, il est toujours délicat d'opérer des changements. Il ne faut pas oublier que le législateur marocain reste encore très conservateur. Réviser spécialement cette loi aux référentiels religieux est un terrain miné qu'il faut prendre avec des pincettes, car risquant de transgresser des croyances profondément ancrées et de provoquer certaines susceptibilités», commente la juriste qui en sait quelque chose sur les grands combats des droits humains qui sont souvent confrontés aux mentalités récalcitrantes ; telles les questions du droit à l'avortement et de l'égalité en héritage.
Le législateur marocain serait-il en décalage par rapport à l'évolution permanente et effrénée de la société ? «Il faut peut-être le reconnaitre. Car par la force de la loi, de nombreuses catégories souffrent encore d'une injustice légale et de droit à cause d'un code pénal qui ne suit pas la cadence et ne s'adapte pas à l'air du temps. L'un des grands décalages dont souffre la loi marocaine en termes de libertés individuelles reste cette absence de gestion de la différence qui pourrait permettre une meilleure et paisible cohabitation entre les différentes composantes de la société», analyse la juriste. Cette dernière reconnait d'ailleurs qu'actuellement les droits des homosexuels ne sont pas une priorité pour la société civile.
Crainte, délicatesse de la question ou lâcheté ? La cause homosexuelle n'est pas en tête des préoccupations des acteurs de la société civile… A part les sursauts de MALI et ses pétitions qui ne dépassent pas souvent les 3.000 signataires, cette cause n'est pas assez séduisante. Pourtant, d'après docteur Massid, il y a moyen de «guérir» de son homophobie. «Comme tout trouble psychologique, l'homophobie est traitable, encore faut-il que la personne qui en souffre en soit consciente et souhaite la dépasser. Une psychothérapie de type cognitivo-comportementale peut l'aider dans ce sens», explique-t-il. Un mal psychique doublé d'un malaise social fondé sur une confusion religio-légalo-culturelle… C'est là l'autopsie faite par les spécialistes de l'homophobie. Faut-il encore lui trouver un remède.


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