Petit royaume bouddhiste de l'Himalaya, le Bhoutan est un précurseur en matière de politique de l'environnement. Dès 1974, c'est à dire bien avant que l'écologie ne devienne à la mode dans les instances internationales, il s'est doté d'une loi qui l'oblige à conserver une couverture forestière sur au moins 60% de son territoire. Aujourd'hui, les espaces verts recouvrent au total 72% de sa superficie et les zones protégées occupent à elles seules 29% du pays, probablement un record mondial. Un pas de plus a été fait en 1999 avec l'introduction de corridors reliant entre elles ces zones protégées afin que les animaux sauvages les tigres notamment- puissent se déplacer librement de l'une à l'autre. Cette politique ne tient pas seulement à la nécessité de conserver un patrimoine touristique. La monarchie bhoutanaise entend promouvoir une conception du développement humain baptisé le « bonheur national brut » - dont la protection de l'environnement fait partie intégrante, ainsi que la conservation et la promotion du patrimoine culturel. Résultat : le petit royaume est l'un des rares Etats à absorber plus de gaz à effet de serre qu'il n'en produit. Il doit cependant affronter des problèmes nouveaux, au fur et à mesure qu'il s'ouvre sur le monde. A commencer par celui des déchets laissés tant par les touristes que par une population dont le mode de vie évolue du fait de l'urbanisation. Une loi, adopté en 2000, interdit en principe l'usage des sacs en plastique. Mais, faute de véritable alternative, elle n'est quasiment pas appliquée Le secrétaire d'Etat à l'environnement envisage de faire fabriquer au Bangladesh, pays proche et pauvre, des sacs de toile, qui seraient à la fois peu cher et bio-dégradables. Par ailleurs, depuis l'an dernier les tour operators qui organisent des treks sont tenus, sous peine d'amende, de rapporter tous les déchets de leurs clients. A plus long terme, la vraie menace est ailleurs : le Bhoutan risque, paradoxalement, d'être l'une des premières victimes du réchauffement de la planète. Ses glaciers et ses neiges éternelles pourraient avoir fondu dès 2035 selon les spécialistes. Le Bhoutan, mais aussi le Népal, l'Inde et le Bangladesh devront sans doute faire face à des inondations en série. Par la suite, le petit royaume risque d'être confronté à un manque d'eau. Avec de graves conséquences sur son économie. Actuellement en effet, le tiers des revenus du pays provient de l'énergie hydroélectrique qu'il exporte vers l'Inde.