Les Palestiniens sont inquiets. Vont-ils faire les frais de la recomposition des nouvelles alliances qui s'ébauchent au Moyen-Orient ? Pour faire pièce au « danger iranien » et à l'axe chiite entre Téhéran, Bagdad, Damas et le Hezbollah libanais, un rapprochement se dessine entre Riyad, Le Caire et Tel-Aviv. Rien de très formel encore, mais le puzzle se met en place, dans lequel les Etats-Unis de Donald Trump joue un rôle de premier plan. Et dont Jared Kushner, gendre et conseiller du président américain, proche des milieux de l'extrême-droite israélienne est l'outil. À 36 ans, Jared Kushner, entretient des relations amicales avec le jeune prince héritier d'Arabie Saoudite, Mohammed BenSalman. Ces derniers mois, il lui a souvent rendu visite à Riyad, ils ont de longues conversations au palais Al-Yamamah. Au menu : leurs détestations de l'Iran et les moyens pour le contrer, dont ils se méfient et mettent en doute la bonne foi quant à l'abandon de son programme nucléaire. Mais aussi la réconciliation entre Israël et le monde arabe souhaitée par Trump et le plan américain de règlement du conflit israélo-palestinien auquel le président américain a la prétention de trouver une solution. Plan américain devenu un plan américano-saoudien. Les Palestiniens en ont vu les prémisses lorsque Donald Trump a reconnu, en Jérusalem, la capitale du seul Mireille Duteil Israël. Pour eux, cette annonce est la trahison suprême, en contravention avec le droit international. Certes, les Saoudiens, comme l'ensemble du monde arabe, en particulier le Maghreb, ont protesté contre la décision du président américain prise contre l'avis de ses diplomates. Certes aussi, le 18 décembre, 14 des 15 pays du Conseil de sécurité de l'ONU, dont la Russie, la Chine, la France, la Grande-Bretagne…ont approuvé la résolution présentée par l'Egypte qui condamnait la décision américaine. Washington est isolé. Mais Trump n'en a cure. Il entend pour- suivre le plan américano-saoudien dont, selon le New-York Times, une ébauche aurait été remise à Mahmoud Abbas, le président de l'Autorité palestinienne, en novembre. Ce projet remet sur le tapis des idées de la droite américaine qui ont déjà circulées et ont été abandonnées, dans les années 2000. Le futur « Etat palestinien » serait morcelé, dotée d'une souveraineté limitée et aurait pour capitale Abou Dis, un faubourg de Jérusalem-Est. Un plan inacceptable pour les Palestiniens. Mais ceux-ci n'ont plus beaucoup de cartes en mains. Au Moyen-Orient, la chute des cours du pétrole, les guerres de Syrie et d'Irak, Daech et la peur de l'Iran ont fait passer leur cause au dernier plan, non pas dans la population mais dans les palais royaux. Les tabous sautent et Mohammed Ben Salman est le grand ordonnateur du bouleversement en cours. Israël veut en profiter pour nouer des relations avec le monde arabe qui jusqu'alors lui opposait la résolution du conflit palestinien. C'est fini. Un officiel du Bahreïn (qui entretient déjà des relations commerciales avec Tel-Aviv) pourrait se rendre en Israël prochainement et les contacts officieux entre Saoudiens et Israéliens devenir de moins en moins secrets.