Les deux journalistes déboutés : Eric Laurent et Catherine Graciet. La Cour de cassation française, la plus haute juridiction du pays, a rendu, ce vendredi 10 novembre 2017 un arrêt donnant gain de cause au Maroc dans l'affaire d'extorsion de fonds dans laquelle sont impliqués les deux journalistes français Eric Laurent et Catherine Graciet. Dans une déclaration à la MAP à l'issue de l'audience, Me Patrice Spinosi, avocat du Maroc, a qualifié cet arrêt de «très grande victoire» pour le Royaume «puisqu'il n'existe plus aucun obstacle à la poursuite de ces journalistes laquelle ne pourra conduire qu'à leur condamnation». «Au-delà du cas du Royaume du Maroc, cette décision consacre le droit de toute victime à recourir à tout moyen de preuve, y compris les enregistrements, sans que le principe de la loyauté de la preuve ne vienne remettre en cause l'enquête policière», a-t-il ajouté. La Chambre de l'instruction de la Cour d'Appel de Paris avait rejeté, en février dernier, la requête des avocats des deux journalistes d'annuler les enregistrements selon lesquels ils auraient réclamé une somme d'argent en contrepartie de la non publication d'un livre critique sur le Royaume. Les enregistrements établissent de façon «incontestable» l'opération de chantage, avaient souligné alors l'avocat de la partie marocaine. Outre les enregistrements, avait-il ajouté, les deux journalistes ont été arrêtés avec chacun 40.000 euros en poche et signé un document reconnaissant qu'ils sollicitaient deux millions d'euros pour arrêter de «nuire systématiquement au Maroc par leurs écrits et actions». Le journaliste français Eric Laurent avait contacté le cabinet royal pour annoncer qu'il se préparait à publier, avec Catherine Graciet, un livre sur le Maroc, mais qu'il était prêt à y renoncer en échange de trois millions d'euros. Après une première réunion entre le journaliste et un avocat représentant la partie marocaine, le Royaume du Maroc a décidé de déposer une plainte auprès du procureur à Paris. Une nouvelle réunion avec le journaliste français a été organisée sous le contrôle de la police et du parquet au cours de laquelle les propos d'Eric Laurent ont été enregistrés et des photos ont été prises. Au cours d'une troisième réunion tenue, sous le contrôle de la police, des sommes d'argent ont été remises aux deux journalistes, qui les ont acceptées et signé un document dans lequel ils s'engagent à ne plus rien écrire sur le Maroc. La Cour de cassation n'a fait que confirmer que ces deux enregistrements avaient été réalisés par un émissaire de Rabat sans « véritable implication » des enquêteurs, permettant de conclure à la « loyauté de la preuve ». Elle a donc débouté les journalistes, qui demandaient l'invalidation de ces enregistrements.