‘Nouvelles lignes internationales, mouvement des passagers en constante évolution, croissance des chiffres d'affaires, le marché du transport aérien est en pleine évolution.' Même si le continent ne représente que 2 à 3% du trafic mondial, le marché du transport aérien en Afrique présente un fort potentiel de croissance et aiguise les appétits de grandes entreprises européennes telles que Turkish Airlines, Air France ou encore Brussels Airlines. Néanmoins, les compagnies africaines ne sont pas en reste et multiplient les stratégies de développement dans un marché de plus en plus concurrentiel. Ethiopian Airlines, Kenya Airways, Royal Air Maroc et South African Airways figurent parmi les fers de lance de la contre-offensive africaine. Le marché du transport aérien sur le continent africain devient l'un des principaux au monde avec plus d'un milliard d'habitants, dont un tiers va appartenir à la classe moyenne, celle qui voyage. Le trafic aérien en Afrique est en hausse de 5,2 % par an alors que des croissances les plus faibles sont relevées en Amérique du Nord (+ 2,3 %) et en Europe (+ 3,8 %). Une aubaine pour les constructeurs Les constructeurs européens visent également l'Afrique. Ainsi le groupe « ATR », contrôlé à parité par Airbus et l'entreprise italienne Finmeccanica, a axé sa stratégie sur le développement de ses ventes en Afrique. Les dirigeants de la société considèrent que le continent africain pourrait être un véritable eldorado avec un marché évalué à près de 650 millions d'euros. Selon Airbus, les compagnies d'aviation opérant en Afrique auront besoin d'acheter 957 avions supplémentaires d'ici 2031 pour faire face à un triplement du trafic voyageur. Ce trafic augmentera considérablement sous l'effet de la croissance économique africaine, de l'urbanisation, de la libéralisation du secteur et du développement du tourisme. Ce marché potentiel estimé à 118 milliards $ comprendrait l'acquisition de 29 super gros porteurs, 204 gros porteurs et 724 mono couloirs. Ceci permettrait aux compagnies aériennes de faire passer leur nombre d'avions de 618 à 1 453. De nouvelles entreprises nationales En effet, depuis près de trois ans, de nouvelles compagnies aériennes nationales voient le jour sur le continent. La République démocratique du Congo a annoncé la création d'une nouvelle compagnie aérienne nationale dénommée « Congo Airways ». La République du Congo voisine dispose depuis 2011 de l'entreprise nationale Equatorial Congo Airlines (ECAIR). L'entreprise effectue des vols notamment vers Paris et Dubaï. De son côté, la compagnie Air Côte d'ivoire, créée en 2012 poursuit son expansion sur l'Afrique via l'ouverture de nombreuses agences dans plusieurs pays comme le Gabon, le CongoBrazzaville et la République démocratique du Congo. Ethiopian Airlines, la compagnie aérienne à la plus forte croissance du continent africain, met actuellement en oeuvre un plan stratégique sur 15 ans, appelé Vision 2025 qui a pour objectif de développer ses activités. Un marché unique de transport à ces initiatives nationales, va sans doute succéder un projet continental. En effet, la Commission de l'Union africaine propose de mettre sur pied un marché unique de transport aérien à l'horizon 2017. Le groupe de travail ministériel africain sur la création d'un marché unique du transport aérien en Afrique a estimé que le transport aérien était essentiel à la prospérité de l'Afrique car il ouvre des opportunités qui n'existaient pas avant. Dipua Peters, ministre sud africaine des Transports, a expliqué qu'«une meilleure connexion des pays et des régions d'Afrique à travers une industrie viable du transport aérien pourrait être le catalyseur pour la promotion des affaires, du commerce et du tourisme, ainsi que les échanges culturels intra-africains ». Même si beaucoup d'entreprises africaines figurent sur la fameuse liste noire de l'Union européenne, le secteur du transport aérien en Afrique est prometteur. Les transporteurs africains devraient multiplier les stratégies, les initiatives et les alliances afin de rivaliser avec les mastodontes européens toujours en quête de nouveaux relais de croissance en Afrique ✱ Patrick Ndungidi