Le Roi défunt Abdallah aura marqué l'histoire de son pays. Régent dès 1996, puis souverain, il aura dirigé l'Arabie Saoudite pendant 18 ans. Durant cette période, il a confirmé le rôle de ce pays dans la région. Son engagement dans la lutte anti-terrorisme a été précieux et constant. Il s'est opposé aux velléités hégémoniques de l'Iran et réussi à sauvegarder la stabilité du Bahreïn en plein tumulte du Printemps Arabe. On lui doit surtout la proposition de paix arabe où pour la première fois, le monde arabe montrait son appui clair à la solution des deux Etats et sa disposition à normaliser ses relations avec Israël en cas de paix. En interne, il a fait évoluer la gouvernance du pays dans le sens de la modernisation, accordé aux femmes de nouveaux droits, bien que l'influence du pouvoir religieux limite la portée de ces changements. Le nouveau Roi Salman a été son bras droit pendant toute cette période. Il lui succède dans un contexte difficile. Pour la première fois depuis très longtemps, le budget 2015 de l'Arabie Saoudite devrait enregistrer un déficit en conséquence de la chute des prix du pétrole. L'Arabie Saoudite est aussi confrontée à des risques sécuritaires, provenant des pays frontaliers, essentiellement l'Irak et le Yémen. C'est le Roi Abdallah qui avait parrainé l'accord politique au Yémen. Cet accord avait permis d'éviter des effusions de sang et d'entamer une période de transition. Malheureusement, cet accord vole en éclats et les Houtis tentent d'imposer, par les armes, leurs vues, soutenus par le clan de Ali Salah, l'ancien président. Or, les Houtis sont les Chiites fortement liés à Téhéran. L'Etat Islamique, Daesh est une menace directe pour l'Arabie Saoudite, les milices jihadistes étant à ses frontières. Mais sur ce plan-là, le Roi Salman et Mokren, le nouveau prince héritier, ainsi que Mohamed Ben Naif sont au fait des dossiers. Les deux derniers ont exercé des responsabilités dans le renseignement et ont été très actifs dans la collaboration internationale. La nouvelle direction saoudienne a donc tous les atouts en main pour défendre la stabilité du pays et la quiétude des citoyens. La continuité concernera, surtout, la politique étrangère. L'Arabie Saoudite est un pilier, une force régionale qui compte énormément. Elle a joué un grand rôle dans le soutien à l'Egypte, soutien financier qui a permis d'éviter l'implosion du pays le plus peuplé du Monde Arabe. C'est Ryad qui a obtenu du Qatar un changement de cap vis-à-vis des mouvements islamistes radicaux. L'Arabie Saoudite est un partenaire incontournable dans les efforts de la communauté internationale pour stabiliser la région et éradiquer les groupes jihadistes. Cette continuité ne signifie en rien que des réformes n'auront pas lieu. La nouvelle direction en a déjà annoncé la volonté. Les citoyens saoudiens sont les plus grands utilisateurs des réseaux sociaux dans la sphère arabomusulmane. Ils sont ouverts à ce qui se passe dans le monde. Le carcan rigoriste du Wahhabisme est une réalité prégnante, mais la volonté d'ouverture de la jeunesse servira de point d'appui au Roi Salman. En ce qui concerne les relations maroco-saoudiennes, qui sont au beau fixe, elles devront être confortées. Les deux pays ont une identité de vue sur les questions internationales et les deux familles royales sont très proches.