Lors de la 16e édition du Forum MEDays, Mankeur Ndiaye, ambassadeur émérite et ancien ministre des Affaires étrangères du Sénégal, a mis en lumière les défis contemporains auxquels l'Afrique et le monde entier sont confrontés. Il a rappelé l'importance de la résilience, un enjeu plus que jamais d'actualité, face aux crises multiples, notamment la pandémie de COVID-19. Souveraineté et résilience dans un monde perturbé Mankeur Ndiaye a souligné que la question de la souveraineté, qui a traversé l'histoire des nations, demeure cruciale. Aujourd'hui, l'enjeu de la résilience est d'autant plus pressant. L'ancien ministre sénégalais a décrit un monde profondément déséquilibré, où une grande majorité des nations sont considérées comme pauvres, tandis qu'une petite élite détient la richesse. Dans ce contexte, il a insisté sur l'importance primordiale de la solidarité internationale pour faire face aux défis globaux. L'intégration régionale en Afrique : un chantier de solidarité Un autre point abordé par Mankeur Ndiaye a été l'intégration régionale en Afrique, et plus précisément la nécessité de renforcer la solidarité intra-africaine. « Si le continent africain abrite plusieurs communautés économiques régionales, seulement huit sont officiellement reconnues par l'Union africaine, bien que de nombreuses autres existent », a-t-il noté. Cependant, « la réalité est que ces structures peinent à fonctionner efficacement. Certaines sont en crise depuis des années, confrontées à des rivalités internes, des problèmes de financement et, parfois, à un manque de volonté politique », a t-il ajouté. Il cite l'exemple de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest), jadis un modèle de réussite régionale. Aujourd'hui, selon lui, « l'organisation fait face à une crise interne, avec trois de ses membres fondateurs qui se sont retirés pour créer une alliance des Etats du Sahel, réduisant ainsi la CEDEAO à 12 membres. Cette situation soulève la question de la viabilité de l'organisation sans ces Etats clés », a-t-il regretté. La ZLECAf comme levier d'intégration Dans ce cadre, Mankeur Ndiaye a insisté sur la nécessité de rationaliser les communautés économiques régionales. Il a également mis en avant la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), lancée il y a cinq ans, comme une réponse stratégique pour renforcer le commerce intra-africain et stimuler les investissements. « Un objectif clé de cette initiative, souvent négligé, est de réduire la multiplication des organisations régionales qui se chevauchent, un frein important à l'intégration du continent », a-t-il précisé. Le rôle fédérateur du Maroc Mankeur Ndiaye a également salué le rôle historique du Maroc dans le renforcement de l'intégration régionale en Afrique. « Depuis son retour à l'Union africaine en janvier 2017, le Maroc a su s'imposer comme un acteur clé dans la promotion de la solidarité et de la paix sur le continent. Par le biais de multiples initiatives, le royaume chérifien œuvre en faveur d'une Afrique plus unie et plus stable », a-t-il déclaré. Pour lui, une chose est claire : « Le Maroc continue de jouer un rôle moteur dans l'unité sud-sud, et son exemple dans la mise en œuvre de politiques de résilience face aux défis globaux positionne l'Afrique sur la voie d'un nouvel équilibre mondial. »