Les contributions de l'intelligence artificielle (IA) dans le monde moderne ont été mises en avant lors de la deuxième journée de la semaine de la science organisée par l'UM6P sous la thématique des transitions. Quatre conférences ont mis l'accent les applications de l'apprentissage machine et de l'IA, couvrant des domaines cruciaux tels que la prédiction du climat, la fabrication de médicaments, et même l'utilisation de l'énergie solaire pour des applications quotidiennes. Selon Rachid Gueraoui, président du comité de pilotage de l'UM6P College of Computing, « ces applications ont le potentiel d'impacter divers secteurs commerciaux et la vie quotidienne des citoyens ordinaires ». Des jeunes Marocains ont partagé leurs connaissances dans le domaine, dont certains ont fait leurs études à l'UM6P et sont revenus pour partager leurs expériences et expertises, comme Oussama Boussif, membre de la première promotion du lycée d'excellence. Actuellement doctorant à l'Université de Montréal depuis 2023, son travail se concentre sur l'utilisation de l'IA pour la découverte scientifique, notamment dans la prédiction météo avec un accent sur l'énergie solaire. Ce projet vise à être déployé au Maroc, spécifiquement dans les stations de Ouarzazate, avec l'objectif de réduire l'utilisation d'énergies fossiles, contribuant ainsi à atténuer les effets du réchauffement climatique. « Il s'agit concrètement de faciliter la prise de décision et la gestion efficace du réseau d'énergie, réduisant ainsi les coûts de déploiement des panneaux solaires. En conséquence, cela pourrait stimuler l'utilisation de l'énergie solaire au détriment des sources d'énergie fossile, entraînant une réduction des émissions de carbone », explique Oussama Boussif, ajoutant que « la diminution des coûts de l'énergie solaire bénéficierait au Maroc, favorisant une meilleure gestion et la possibilité d'exporter l'énergie excédentaire ». Dans le domaine de l'IA, les opportunités foisonnent, comme le souligne Ali Kettani, directeur de l'UM6P College of Computing. Il préconise le terme "augmentation" pour décrire le rôle de l'intelligence artificielle, la considérant comme un assistant pour améliorer l'efficacité humaine. Il est convaincu que cette opportunité extraordinaire permettra une production plus confortable et précise, tout en soulignant que l'IA ne pourra pas remplacer entièrement l'homme. Kettani affirme également que l'IA progresse rapidement avec le capital humain en tant qu'élément clé, soulignant que l'informatique et l'IA requièrent souvent uniquement du talent, de l'intelligence et un ordinateur, éléments dont nous disposons. Interrogé par l'Observateur du Maroc et d'Afrique sur la question de l'éthique de l'IA, Rachid Gueraoui souligne de son côté, que c'est un sujet qui revêt une importance cruciale, en particulier à cause de la capacité des machines à manipuler l'information. « Aujourd'hui, l'omniprésence des machines place chacun face à cette problématique, surtout les enfants qui consacrent un temps considérable devant ces dispositifs. L'éthique devient une préoccupation majeure car la manipulation des algorithmes responsables de la production d'informations peut conduire à une manipulation des individus, particulièrement de ceux passant la majeure partie de leur journée devant des écrans », alerte l'expert. Pour lui, l'éducation émerge comme la première et principale solution, impliquant l'apprentissage de l'utilisation responsable des réseaux sociaux et des informations disponibles. Il s'agit, d'après lui, d'une approche fondamentale pour prévenir les éventuels abus et promouvoir une utilisation éthique de l'intelligence artificielle. Ali Kettani explique que le Maroc ambitionne de promouvoir une éthique propre à l'intelligence artificielle, accompagnée de normes et d'un cadre distinctif. Il souligne que cette initiative englobe non seulement des considérations éthiques mais aussi des enjeux de souveraineté, car les modèles d'IA sont souvent entraînés sur des données majoritairement issues d'Amérique du Nord ou d'Asie. Il insiste sur l'importance d'adapter l'intelligence artificielle aux spécificités du Maroc et de la région. En abordant le futur de l'IA, Gueraoui met l'accent sur la difficulté de prédire son évolution. « Le futur de l'intelligence artificielle demeure ouvert, et il incombe à la communauté humaine, comprenant les ingénieurs, la société civile, et les décideurs, de guider cette technologie vers des orientations souhaitables », conclut-il.