Est-ce que le premier ministre Benabderrahmane a commis une faute grave qui a conduit à son limogeage? On n'en sait rien. Est-ce qu'il a été faible dans la gestion des affaires du pays? Rien non plus, mais on sait déjà depuis l'indépendance de l'Algérie que les affaires du pays ne sont pas gérées par le gouvernement apparent. Alors qu'est-ce qui s'est donc passé? Une chose est certaine, Aymen Benabderrahmane n'est pas connu par sa passion pour le Polisario. On ne l'a pas beaucoup entendu sur ce sujet et il est resté quelque peu en retrait. C'est un indice sérieux. Autre chose. Qu'a fait le nouveau premier ministre juste après sa nomination? C'est une question importante. La première activité traduit les préoccupations et les priorités du responsable. Comme on le voit dans les pays démocratiques, la première visite d'un dirigeant à un pays a son importance. Il en est de même pour le premier responsable accueilli dans le pays juste après l'installation. Aymen Benabderrahmane n'est pas connu par sa passion pour le Polisario. Qu'a donc fait Nadir Arbaoui? Est-il allé en visite en Italie? Aux Etats-Unis? En Chine ou au Rwanda? Non rien de tout cela et on voit mal, à vrai dite, un premier ministre algérien aller aussi loin. La vérité c'est que le nouveau premier ministre a reçu ce qu'ils appellent chez eux le « président du conseil national » du Polisario. Et là deux choses à relever. Premièrement, le Polisario est la priorité du pouvoir algérien. C'est sa carte, la seule carte, avec laquelle il pense participer au jeu mondial. Deuxièmement, cet empressement à recevoir le représentant des mercenaires de Tindouf veut aussi dire que le Polisario fait et défait les responsables algériens. Il a un un réel pouvoir qu'il exploite à son avantage. Pas nécessairement pour ce qu'il appelle sa cause, mais peut-être aussi et surtout pour des avantages personnels de ses dirigeants. Il semble que la légitimité du pouvoir algérien passe par la bonne humeur des Tindoufiens. D'ailleurs on le voit à chaque campagne électorale, enfin si on admet que ce sont des élections, les candidats ne sont prolixes que dans une seule et même thématique, le Sahara occidental marocain (occidental pour la géographie et marocain pour l'appartenance). C'est à qui ferait le plus dans le sens de la défense et du soutien au « peuple sahraoui », c'est à qui serait bien drapé dans les couleurs piratées du Polisario... Encore une chose. Lorsque le chef des mercenaires était à l'hôpital, il y a quelque temps, qui est allé lui rendre visite? Le président et le chef de l'Etat major de l'armée, le véritable administrateur du pays qui lui fait le salut militaire comme s'il était son supérieur. On ne ferait pas cela pour quelqu'un qui n'a aucune influence. M'enfin, c'est connu.