Publié à l'occasion de la Journée nationale de la femme célébrée chaque 10 octobre, ce recueil présente les données statistiques sur l'évolution de la condition féminine marocaine dans différents domaines et sur plusieurs niveaux. Célibat féminin en hausse Contrairement à leurs congénères masculins, les femmes marocaines âgées de 15 ans et plus se marient de moins en moins. Le rapport du HCP révèle que le taux de célibat féminin a ostensiblement augmenté ces dernières années chez les femmes âgées de 15 ans et plus. De 28,9% en 2014, ce taux est passé à 40,7% en 2022. Le taux de célibat à l'âge de 50 ans a presque doublé entre 2004 et 2014, passant de 6,8% à 10,8% dans le milieu urbain et de 3,1% à 7% dans le milieu rural. Le rapport du HCP indique également que 62,5% des femmes qui vivaient seules en 2022 sont âgées de plus de 60 ans, 4,3% ont moins de 30 ans tandis que 30,5% sont âgées de 30 à 59 ans. Quant à l'âge moyen lors du premier mariage, paradoxalement, les Marocaines se marient de plus en plus jeunes même si l'écart reste assez léger. L'âge moyen du premier mariage est ainsi passé de 26,3 ans en 2004 à 25,5 en 2018. Les citadines se marient cependant plus tard ( à l'âge de 26,6 ans) alors que les paysannes convolent en justes noces en moyenne à l'âge de 23,9 ans. Sur 8.823.000 ménages, 17% sont dirigés par des femmes en 2022 contre 16,9% en 2021. Le milieu urbain s'avère plus apte à accepter ce " leadership " féminin avec 19,4% des foyers contre 11,4% seulement dans le milieu rural. Les femmes veuves représentent 54,6% de cette catégorie talonnées de loin par les femmes mariées (23,7%). Indicateurs santé au vert Chiffre clé, le taux de fécondité des Marocaines a enregistré une baisse générale toutes tranches d'âge confondues. Ainsi pour les 25-29 ans, la tranche la plus féconde, ce taux est passé de 126,6 ‰ en 2004 à 105,9 ‰ en 2022. Même tendance baissière pour les 20-24 ans ( 99‰ à 84,5‰) et les 30-34 ans (123,2‰ à 93,3‰). Par contre l'espérance de vie des Marocaines a enregistré une notable hausse en passant de 72,1 ans en 2001 à 78,6 ans en 2022. Les mêmes écarts sont enregistrés entre la ville et la campagne pour cet indicateur. Cette moyenne reste plus élevée pour les citadines (80,1 ans) tandis que leurs compères du monde rural ne dépassent pas les 75,7 ans. Les auteurs du rapport notent une nette amélioration de la situation sanitaire des femmes spécialement au niveau des soins prénataux avec 86,1% en 2018 contre 60,4% en 2004. Quant à la mortalité maternelle, le rapport indique une importante baisse avec 72,6 décès pour 100.000 naissances vivantes en 2018 contre 227 en 2003. Selon les données du HCP, 70,8% des femmes marocaines utilisaient une méthode contraceptive en 2018, . Education, progrès et disparités Toujours selon le rapport du HCP, 96,1% des filles âgées de 15 à 17 ans sont scolarisées en 2022 dans le milieu urbain. Cependant, le milieu rural accuse toujours le même décalage avec un taux de scolarisation ne dépassant pas les 47,6%. En 2022, 92,7% des élèves filles ont achevé leurs études du cycle primaire, 66,5% ont terminé le collège et 43,2% ont terminé le lycée. Concernant l'enseignement supérieur, le HCP indique un taux de féminisation de 58,4% en 2022, toutes filières confondues contre 49,4% en 2012. Les sciences de l'éducation et le paramédical enregistrent les taux les plus élevés avec 72,4% et 73,3% respectivement. Le nombre des "hautement" diplômées du cycle master et doctorat de l'enseignement supérieur a également augmenté, passant de 38,8% en 2012 à 48,3% en 2022. En termes de niveau d'études de la population âgée de 25 ans, 50,3% des femmes n'ont aucun niveau d'études en 2022 contre 61,9% en 2010. Dans le même sens, les femmes de moins en moins analphabètes. Ainsi leur taux d'alphabétisation est passé à 57,7% en 2022 contre 55% en 2004. Malgré ces avancées, les femmes restent largement "moins instruites" que les hommes qui ont un taux d'alphabétisation de 77,1% en 2022 contre 75,5% en 2020. Emploi et parité Si le rapport note l'augmentation du taux de chômage parmi la gent féminine, il souligne toutefois l'évolution de la parité et de l'accès des femmes aux postes de responsabilité. Ainsi, le taux des ministres femmes a pratiquement doublé en passant de 12,8% en 2011 à 24% en 2022. Même constat par rapport au nombre des sièges occupés par les femmes au parlement : 96 sièges en 2021 contre 67 en 2011 à la Chambre des représentants et 15 contre 6 à la Chambre des Conseillers. Le taux de femmes élues aux conseils régionaux s'est nettement amélioré, passant de 2,21% en 2009 à 38,5% en 2021. Au niveau des conseils de préfecture et de province, ce taux est passé de 2,25 en 2009 à 35,6% en 2021. Pour les entreprises dirigées par des femmes, le taux de féminisation a atteint 12,8% en 2019. Il s'agit majoritairement de petites entreprises opérant dans le secteur des services (17,3%), du commerce (13,8%), de l'industrie (12,6%) et de la construction (2,6%). Violence sexuelle et économique Plus de 56 % des femmes ont été victimes d'un acte de violence en 2019. Les violences économiques et sexuelles restent les formes les plus fréquentes et leurs taux ne cessent d'augmenter. La violence économique est passée de de 8% à 15%, et la violence sexuelle de 9 à 14% entre 2009 et 2019. Les femmes subissent ces abus le plus souvent au sein de l'espace conjugal et familial avec une prévalence de 52,1%, suivi du milieu éducatif avec un taux de 18,9% tandis que le milieu professionnel et l'espace public représentent respectivement 15,4% et 12,6%.