« Changement climatique, crise géopolitique, flambée des prix de l'énergie...autant de problématiques auxquelles fait face actuellement toute la région méditerranéenne. Une coopération régionale devient alors une nécessité pour relever ces nouveaux défis », déclare Saïd Mouline, directeur général de l'agence marocaine pour l'efficacité énergétique (AMEE) à l'occasion de la deuxième édition de la semaine du meetMed tenue à Marrakech. Organisé par l'Association méditerranéenne des agences nationales pour la maîtrise de l'énergie (MEDENER), le Centre régional pour les Energies Renouvelables et l'Efficacité Energétique (RCREEE) et l'Agence Marocaine pour l'Efficacité Energétique (AMEE), cet événement devenu phare pour la région méditerranéenne, a rassemblé différents représentants de secteur de l'énergie en provenance de différents pays en vue d'échanger les expériences autour de plusieurs thématiques, et discuter les prochaines étapes de la décarbonisation de la région. La rencontre s'inscrit dans le cadre du projet Mitigation Enabling Energy Transition in the Mediterranean région (MeetMED). Ce projet financé par l'UE, développé par MEDENER et le RCREEE vise de contribuer à la transition énergétique et climatique dans la région de la méditerranée, par le biais d'une approche multiéchelle, multipartenaires et inclusive. «L'objectif est de développer un environnement socio-économique plus stable, efficace, compétitif et résistant au climat dans les pays du sud de la Méditerranée, en encourageant la coopération régionale dans le domaine de l'efficacité énergétique », fait savoir la secrétaire générale de MEDENER, Roberta Boniotti. Le Maroc, un exemple pour la région La ministre de la transition énergétique et du développement durable, qui s'exprimait en visioconférence a mis l'accent sur les avancées du Royaume en matière de transition énergétique. Selon elle, le Maroc est engagé à travers une politique de transition énergétique et doté d'un plan dans ce domaine salué mondialement. Elle a rappelé aussi que l'objectif actuel est d'améliorer l'efficacité de 20% d'ici 2030. La ministre a insisté par ailleurs sur le rôle du secteur privé dans cette transition énergétique et sur la nécessité de renforcer la coopération entre les différents pays du Nord et du Sud dans ce secteur. De son côté Mouline, admet que le Maroc est un bon exemple à suivre dans le domaine de l'efficacité énergétique. «Le Maroc montre aujourd'hui, que quand un pays dispose d'une politique volontariste portée au plus niveau de l'Etat, avec des actions concrètes déployées et des incitations importantes octroyées, il peut gagner à tous les niveaux », assure le DG de l'AMEE. Pour sa part, le directeur exécutif du RCREEE, Jaouad El Kharraz, a estimé que le Maroc a parcouru un long chemin dans ce domaine «Le pays a réalisé de grands pas au niveau de la gouvernance, de la mise en place d'un cadre réglementaire et d'un écosystème qui encourage les investissements en engageant les banques locales et le secteur privé. Beaucoup d'efforts ont été alors consentis. Mais, il faudra faire davantage », note le même expert. Une coopération régionale, s'impose Les pays du pourtour méditerranéen savent que la transition énergétique ne peut se faire que dans le cadre d'une interdépendance et une interconnexion de tous les pays de la région. Selon Jaouad El Kharraz, une coopération régionale fera gagner beaucoup de temps dans le chemin de la transition énergétique. «Travailler main dans la main permettra d'apprendre des expériences réussies dans la région et éviter de répéter celles qui ont échoué ce qui mènera à l'accélération du processus », préconise le professionnel. Intervenant dans un panel consacré à la transition énergétique dans la région méditerranéenne, Giorgio Graditi, président de MEDENER), a relevé qu'une stratégie commune avec des mesures concrètes permettrait d'améliorer le positionnement de toute la région. Avis partagé par le représentant de l'union pour la méditerranée Mohamed Elhusseiny qui a proposé aussi de travailler davantage sur l'innovation afin d'améliorer le stockage énergétique et a préconisé l'amélioration du cadre de la réglementation tout en appelant les banques locales et les bailleurs de fonds internationaux à s'impliquer davantage dans ce processus. Les prérequis pour réussir Mohamed Bernannou, représentant de l'autorité nationale de régulation de l'électricité (ANRE) et membre de son conseil, a estimé que le chemin vers la transition énergétique doit être planifié. D'après lui, la réussite de ce processus nécessite de prendre en considération certains risques. «Le secteur fait face à de nombreuses incertitudes d'ordre technologique. Diverses questions restent encore floues notamment celles liées au marché de stockage », a-t-il détaillé avant de faire référence aux incertitudes portant sur le volet économique. «Il faut prendre en considération l'aspect de la sécurité énergétique dans la planification de la transition énergétique », alerte Bernannou en insistant également sur la nécessité de l'implication du citoyen dans ce processus, à côté de toutes les autres parties prenantes.