Dans la capitale fédérale US, Qin gang, qui remplace Wang Yi, un vieux renard de la diplomatie chinoise, a dû gérer les relations sino-américaines avec ses différents dossiers aussi épineux que chauds, dont la question de Taiwan, la guerre commerciale entre les deux géants et la lutte d'influence dans la très stratégique région de l'Est de l'Asie. L'année 2022 a été particulièrement mouvementée entre les deux premières puissances économiques qui se livrent à une rivalité qui a frôlé parfois la confrontation directe, avant une reprise sérieuse des contacts à la fin de l'année. Un premier contact a eu lieu, dimanche dernier, entre le nouveau chef de la diplomatie chinoise et le Secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken. Le ministère chinois des Affaires étrangères s'est certes contenté d'un bref communiqué sur les entretiens, mais les analystes y voient un nouveau départ dans une année 2023 charnière pour un monde en proie à l'incertitude. Dans le communiqué, diffusé sur son site internet, le département chinois des Affaires étrangères note que les discussions, qui ont eu lieu à la fin de la mission de Qin à Washington, ont été l'occasion pour ce dernier de rappeler les échanges « approfondis » et « constructifs » qu'il a eus avec le chef du Département d'Etat, durant de son mandat dans la capitale fédérale. Il a émis le souhait de maintenir cette relation de coopération avec A. Blinken pour construire de meilleures relations entre Beijing et Washington. Dans la capitale chinoise, les analystes voient en la désignation de Q. Qin une opportunité pour rétablir la confiance entre les deux pays. Les grandes questions La tâche ne sera pas aisée. De nombreux dossiers sont sur la table : de la question de Taiwan, au conflit en Ukraine en passant par la guerre des puces, un vaste éventail de questions qui dépassent le cadre bilatéral pour toucher à la situation géopolitique et économique dans toute la planète. Cités par les médias, des analystes chinois ont estimé que la première priorité pour Beijing et Washington en cette année 2023 est d'éviter une escalade de la tension dans les relations tout en gérant d'une manière intelligente les différends autour de la question de Taiwan. « L'interaction des chefs de la diplomatie des deux pays au début de l'année est une bonne chose », indique Chen Fengying, ancienne directrice de l'institut chinois des études économiques internationales. « Une telle opportunité ne doit pas être gaspillée », indique-t-elle. Les analystes notent que la volonté d'aller de l'avant existe de part et d'autre comme en témoigne le nombre de contacts de haut niveau établis entre les deux pays depuis la rencontre tenue en novembre dernier à Bali, en Indonésie, entre le président US, Joe Biden, et son homologue chinois, Xi Jinping, en marge du sommet du G-20. Wang Yi, qui vient de quitter le ministère des Affaires étrangères pour aller diriger le bureau de la Commission centrale des affaires étrangères du Parti communiste, le poste diplomatique le plus élevé en Chine, a expliqué, dimanche, la vision de la Chine à propos de l'avenir des relations avec Washington. « Les deux pays doivent bien comprendre les politiques intérieure et étrangère ainsi que les intentions stratégiques de chacun d'eux », a écrit M. Wang dans un article publié dans le premier numéro de 2023 du magazine phare de la Commission, Qiushi Journal. La relance économique La Chine discutera avec les Etats-Unis des principes directeurs des relations mutuelles, et s'engagera dans des ajustements supplémentaires pour s'assurer que les relations suivent la bonne voie, souligne Wang Yi, qui est également le premier conseiller diplomatique du chef d'Etat chinois. Ces questions seront, sans doute, au menu de la visite très attendue que le Secrétaire d'Etat américain, effectuera prochainement en Chine. Rien ne semble avoir été laissé au Hazard pour donner leur chance de réussite aux entretiens que A. Blinken aura avec les responsables chinois. De hauts responsables US avaient fait le déplacement en novembre dernier à Beijing pour finaliser l'agenda de la visite du plus haut diplomate américaine en Chine. Daniel Kritenbrink, Secrétaire d'Etat adjoint aux affaires de l'Asie-Pacifique, et Laura Rosenberger, directrice principale pour la Chine au sein du Conseil national de sécurité, ont étudié, lors d'une visite de quatre jours à Beijing, les moyens de « continuer à gérer d'une manière responsable la concurrence entre les deux pays et d'explorer les domaines potentiels de coopération ». Les analystes estiment que la Chine attache une grande importance à l'amélioration des relations avec Washington pour un certain nombre de raisons. Le souci de réunir les conditions pour la relance de l'économie chinoise, qui continue de pâtir de l'impact d'une persistante pandémie du Covid-19, est au cœur des objectifs que Beijing cherchera à réaliser d'un réchauffement des relations avec la première superpuissance mondiale. Dans leurs différentes sorties au sujet des plans de relance de l'économie, les dirigeants chinois insistent sur le retour des entreprises et des investissements étrangers, notamment américains, pour remettre cette deuxième économie mondiale sur la trajectoire d'avant la pandémie. Le chemin vers de meilleurs relations entre Beijing et Washington sera parsemé d'obstacles, indiquent les experts politiques, qui citent notamment les pressions que le chef de la Maison Blanche subira sur ce dossier précis de la majorité républicaine à la chambre des représentants du Congrès.