«Depuis l'alerte émise par les autorités marocaines, c'est la panique totale »», résume Bouchra Mechatt mère d'un étudiant marocain en pharmacie en Ukraine. Selon les chiffres officiels, ce sont entre 8000 et 10.000 étudiants marocains qui ont choisi l'Ukraine pour poursuivre les études. La menace d'invasion de l'Ukraine par la Russie suscite de l'inquiétude tant chez les étudiants que leurs parents. «Mon fils a peur pour son avenir, puisque l'université juge que la situation est normale et les menaçait au début de renvoi s'ils regagnent leur pays. Après moults discussions, Bouchra confie que l'université concernée a fini par accorder aux étudiants marocains la possibilité d'une formation à distance pour une durée de deux semaines. Pas plus. Après, cette période, ils doivent obligatoirement suivre leurs cours en présentiel. Omar, un étudiant en architecture est aussi paniqué. «On a peur de rentrer et on a peur de rester. On ne sait plus quoi faire », déclare-t-il. «À l'Université, les responsables nous rassurent et nous informent que nos examens ne seront pas reportés. En même temps l'alerte de l'ambassade nous inquiète. Nos parents sont traumatisés et nous appellent 20 fois par jour pour demander de nos nouvelles. C'est le cas de la majorité des étudiants ici. On vit un grand stress », dit-il. Les mêmes craintes sont partagées par Oussama, étudiant en médecine qui s'interroge sur le sort de son année d'étude. «Aucune visibilité ni communication de la part de l'université. Mais, j'ai décidé de rentrer au Maroc quand même et attendre que la situation s'améliore pour revenir en Ukraine », souligne t-il. Par ailleurs, si nombreux ont décidé de rentrer, certains jugent que la situation est stable actuellement et préfèrent attendre, le temps d'y voir plus clair tel que cet étudiant vétérinaire qui assure qu'il n'y a aucune tension, ni hausse de prix des produits alimentaires, ni changement de routine dans le pays. « Les gens vivent normalement et je ne vois pas de raison pour rentrer au Maroc pour le moment. J'ai investi des sommes colossales pour mes études. Revenir au Maroc est synonyme d'année blanche pour moi. Et je ne veux pas prendre ce risque », explique t-il. La sécurité des gens d'abord L'Ambassade du Royaume du Maroc à Kiev a recommandé samedi aux citoyens marocains se trouvant en Ukraine de quitter le pays pour leur sécurité. L'Ambassade a appelé également les citoyens marocains désireux de se rendre en Ukraine à reporter leur voyage à l'heure actuelle. Des numéros verts ont été mis à la disposition des étudiants et leurs parents au Maroc et Ukraine pour toute demande d'informations. Selon des sources bien informées, 250 appels ont été reçus sur les numéros verts le 14 février (national et international) et plus de 200 personnes ont été reçues à l'Ambassade à Kiev pour des prestations consulaires (passeports, laisser-passer, ...). Des vols spéciaux ont été programmés par Royal Air Maroc et Air Arabia pour rapatrier les Marocains présents en Ukraine à partir de Kiev. La RAM a fixé le prix à 4.750 dirhams le siège. «Les prix d'avions ont été cadrés suite aux plaintes reçues. En 10 minutes, 50 billets ont été vendus », ajoute notre source qui tient à noter que « la priorité est de mettre les gens en sécurité et que la continuité des études est discutée ». «Même avec ces tarifs fixés, le retour de nos enfants nous coûtera cher. La majorité sont très loin de Kiev et devront se déplacer à la capitale pour prendre un vol. Encore faut-il trouver des places », déclare Mechatt. De son côté Omar, précise que 60% des étudiants ne sont pas vaccinés et beaucoup sont obligés de faire la troisième dose pour rentrer au Maroc. Sur les réseaux sociaux, les appels sont lancés au ministère des Affaires étrangères pour assurer le retour des étudiants marocains résidant en Ukraine via des vols spéciaux, à l'image des mesures prises pour les étudiants marocains rapatriés de la Chine au début de la pandémie. Ils appellent aussi le département à intervenir auprès des universités afin qu'elles permettent aux étudiants de quitter l'Ukraine, tout en garantissant leur retour pour y terminer leurs études après cette tempête.