Le nouveau chef de la diplomatie israélienne, le très controversé dirigeant d'extrême droite Avigdor Lieberman, a rencontré, mardi 5 mai au soir, son homologue Bernard Kouchner. Celui lui a demandé de reprendre d'urgence le processus de paix en vue de la création d'un Etat palestinien Les deux hommes se sont entretenus au ministère des Affaires étrangères à Paris, aux abords duquel la police anti-émeute arrêtait des manifestants. Près de 250 militants se sont par ailleurs réunis sur l'esplanade des Invalides, certaines brandissant d'immenses drapeaux palestiniens. Avant sa prise de fonctions, le ministre ultranationaliste avait exprimé son souhait de parvenir à une "séparation" maximale entre Juifs et Arabes. Kouchner veut "un Etat palestinien viable" La rencontre a donné lieu à un "échange de vues sur les enjeux de politique régionale" au Proche-Orient, a précisé le Quai d'Orsay dans un communiqué. "Bernard Kouchner a rappelé les attentes de la France, s'agissant en particulier de la création d'un Etat palestinien viable coexistant dans la paix et la sécurité avec Israël", souligne le ministère. Il a jugé "urgent" de "reprendre le processus de négociation en vue de cet objectif", estimant que c'était dans "l'intérêt d'Israël et la seule voie susceptible de garantir sa sécurité à long terme". "Il [faut] faire de 2009 l'année de la paix", précise le ministère. Bernard Kouchner a en outre demandé "l'arrêt complet" des activités de colonisation juive dans les territoires palestiniens. Il a également "rappelé qu'il ne pouvait y avoir de solution militaire à Gaza" et que la situation humanitaire et économique dans l'étroite bande ne pourra s'améliorer "que par l'ouverture permanente des points de passage". Israël très "préoccupé" par le nucléaire iranien Les deux ministres ont aussi évoqué "le volet régional du processus de paix". "La relance des pourparlers indirects entre la Syrie et Israël est essentielle", souligne notamment le Quai d'Orsay. Enfin, Avigdor Lieberman et Bernard Kouchner ont évoqué le dossier du nucléaire iranien. Le ministre français a écouté "avec attention" les "fortes préoccupations" exprimées par son homologue. Il a assuré que la France "ne ménageait pas ses efforts" pour que Téhéran "se conforme à ses obligations internationales en suspendant notamment ses activités nucléaires sensibles". L'Iran est considéré par le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou comme une menace et un dossier prioritaire pour l'Etat hébreu. En visite mardi à Damas, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, a de nouveau violemment attaqué Israël qu'il a qualifié de "microbe destructeur", synonyme d'"occupation" et d'"agression". Rendez-vous avec Claude Guéant Aussitôt après son rendez-vous avec Bernard Kouchner, le chef de la diplomatie israélienne s'est rendu à l'Elysée pour un entretien avec le secrétaire général de l'Elysée Claude Guéant, bras droit du président Nicolas Sarkozy. Il n'a fait aucune déclaration à l'issue de ses rencontres. Avigdor Lieberman était lundi à Rome et s'est engagé à uvrer pour la paix au Proche-Orient, sans toutefois soutenir l'idée d'un Etat palestinien. Après la France, le chef du parti ultranationaliste Israel Beytenou poursuit sa tournée en République tchèque, présidente en exercice de l'Union européenne, puis en Allemagne.