Quelles répercussions de la crise sanitaire sur le rendement du secteur public ? Quelles leçons et enseignements à tirer de cette crise pour l'amélioration des conditions de travail dans l'administration publique ?…voici les résultats d'une enquête récente . L'étude menée par le département de la réforme de l'administration en collaboration avec la Banque Mondiale du 10 août au 30 septembre 2020, a porté sur 35 départements ministériels, dans les 12 régions du pays sur la base d'un recensement auprès de 3.325 fonctionnaires. En gros, seuls 30% des fonctionnaires ont travaillé à plein temps depuis leur bureau durant le confinement, 42% ont travaillé en alternance, et 27% ont travaillé à plein temps depuis leur domicile. Or, si la majorité des répondants considèrent comme positive l'expérience du télétravail, une grande partie regrette la détérioration de leur santé depuis le début de la pandémie. Ainsi, 52% des directeurs estiment avoir été capables de gérer leur stress durant la pandémie, en comparaison avec 40% uniquement pour les fonctionnaires. Une part considérable de 37% des répondants estiment qu'ils n'ont pas été en mesure de gérer leur stress. Et 42% des répondants estiment que leur santé psychologique s'est détériorée depuis le début de la pandémie, tandis que 33% estiment que c'est surtout leur santé physique qui a accusé le coup.
Télétravail, avantages et contraintes Selon les résultats de l'étude, 56% des répondants estiment que l'expérience du télétravail a été positive. Les deux principaux avantages évoqués sont le gain de temps pour les déplacements et une plus grande flexibilité. Toutefois, une grande majorité des fonctionnaires interrogés estiment avoir rencontré des difficultés pour mener à bien leurs activités professionnelles durant la pandémie. La contrainte principale pour assurer un télétravail efficace a été l'incapacité d'effectuer certaines tâches en dehors du bureau (43%), suivie des exigences de confidentialité et de sécurité des données (18%). L'étude met l'accent sur trois principales contraintes du télétravail :manque de ressources et équipements (58%), problème de conciliation du télétravail et des tâches ménagères (43%) et non-respect des horaires de travail (39%) Cependant, « le télétravail n'a pas eu de réel impact sur la performance des fonctionnaires, qui ont su mettre à profit les moyens de télécommunication adéquats », note l'étude. Concernant le retour au travail en présentiel, 36% des fonctionnaires se sentent à l'aise à l'idée d'y retourner contre 43% qui ne le sont pas. Raisons évoquées : 58% des fonctionnaires sont préoccupés par les risques pour leur santé que représente le retour au travail en présentiel, et 24% par les dispositions relatives à la garde des enfants. Impacts sur les activités L'étude révèle que les activités nécessitant une présence physique ont été négativement touchées par la crise. Certaines administrations ont par ailleurs vu leur charge de travail augmenter. La nature du travail de nombreuses administrations, nécessitant une interaction en face à face, a été la contrainte la plus importante entravant le travail des administrations durant la pandémie. Les responsabilités familiales des fonctionnaires et les problèmes de sécurité sont deux autres facteurs importants influençant les activités des différentes administrations. La pandémie a eu un impact aussi sur la charge de travail des fonctionnaires. Alors que 43% des fonctionnaires interrogés déclarent que la charge de travail a augmenté, 20% estiment qu'elle a en réalité diminué. Aussi, 44% des directeurs déclarent que 25% des activités de leur organisation ont été affectées par la crise. Perspectives d'avenir Les directeurs interrogés estiment que la nouvelle réalité du télétravail doit être mieux régie et soutenue par davantage de moyens. En chiffres, 49% des directeurs estiment que leur personnel peut travailler aussi efficacement à domicile qu'au bureau. Un tiers des directeurs ne partagent pas cet avis. Toutefois, 78% des directeurs sont d'accord pour que d'autres modalités de travail, y compris le télétravail, soient établies pour certaines activités. Néanmoins, les directeurs estiment que la première étape consiste à introduire un cadre régissant les modalités de télétravail, suivi d'investissements dans l'équipement, l'infrastructure des systèmes et la formation. 9 clés de réussite L'étude met l'accent sur cinq constats relevés lors de cette crise sanitaire. Et dresse une série de recommandations pour le futur. Pour la gestion du stress, il est recommandé de créer un environnement de travail sain et favorable par la mise en place de systèmes de soutien au bien-être psychologique et à la gestion du stress et introduire un calendrier de travail alternatif et flexible, adaptable aux urgences et besoins des fonctionnaires. Concernant les télécommunications, l'étude préconise la mise à disposition des fonctionnaires des ressources nécessaires au travail à distance notamment internet et les ordinateurs et l'adoption des nouveaux moyens de technologie et de communication avec l'accompagnement de la montée en compétence numérique des fonctionnaires. Sur le volet débureaucratisation, l'étude souligne la nécessité de l'identification des opportunités liées et en faire des pilotes de manière à reproduire les expériences réussies dans tous les services. Aussi, il est fondamental de planifier la numérisation des processus de travail en interne (en plus de la prestation de services en externe). Pour le retour au bureau, l'étude affirme que le fait de permettre aux fonctionnaires de travailler à domicile contribuerait à apaiser certaines inquiétudes.