Si le Ghana nourrit les rêves de l'Afrique grâce à sa qualification pour les quarts de finale, l'échec au premier tour des cinq autres sélections du continent a interpellé Abdeslam Ouaddou. L'international marocain tente d'en déchiffrer les causes. L'AFRIQUE DU SUD AVAIT LE TEMPS. – En échouant au pied des huitièmes de finale à cause d'une différence de buts négative par rapport à celle du Mexique, l'Afrique du sud restera figée dans l'histoire comme étant le premier pays organisateur à avoir été éliminé au premier tour. Et pour Abdeslam Ouaddou, la déception l'emporte sur la consolation d'avoir récolté, dont trois face à une équipe de France lestée de sa médiocrité et de ses problèmes internes. «Moi, je suis déçu. OK, les Bafana-Bafana ont pris quatre points. Mais depuis combien de temps l'Afrique du Sud savait-elle qu'elle allait organiser la Coupe du Monde ? Six ans ! Cela laissait le temps de travailler pour avoir une sélection plus ambitieuse », juge le défenseur de Nancy. Six sélectionneurs (Phumo, Baxter, Dumitru, Mosimane, Santana et Parreira) ont défilé depuis l'attribution de la Coupe du Monde à la nation Arc-en-Ciel, en mai 2004. « C'est beaucoup trop. Et Parreira est parti un an, avant de revenir fin 2009. Pour un travail en profondeur, on repassera… » L'ALGERIE TROP DEFENSIVE. – Pour son retour au plus haut niveau planétaire après vingt-quatre ans d'absence, l'Algérie a su soutenir la comparaison. Elle a obtenu un bon match nul face à l'Angleterre (0-0), et s'est inclinée (0-1) contre la Slovénie à cause d'une erreur de son gardien Chaouchi et les Etats-Unis (0-1) dans le temps additionnel. Mais les statistiques convoquent aussi la dure réalité de cette faiblesse offensive que les Fennecs traînent comme un boulet depuis la CAN 2010. «J'ai beaucoup de respect pour Rabah Saâdane, mais je crois qu'il a un peu manqué d'audace dans ses compositions d'équipe. Il était trop focalisé sur son objectif de ne pas prendre de buts, alors qu'il avait les joueurs – Boudebouz, Ziani notamment – pour montrer autre chose offensivement », commente Ouaddou. « Mais pour son retour, l'Algérie s'est bien comportée. Et n'oublions pas qu'elle manquait d'expérience internationale. » CAMEROUN, NIGERIA ET CÔTE D'IVOIRE, LES DECEPTIONS. – « Je ne comprends toujours pas pourquoi les fédérations ivoirienne et nigériane ont décidé de prendre des sélectionneurs – Eriksson et Lägerback – aussi tardivement, alors qu'Amodu et Halilhodzic avaient réussi à qualifier ces sélections pour la Coupe du Monde en travaillant sur la durée. » Ouaddou se pose une question qui revient sur les lèvres de beaucoup d'observateurs, et pas seulement depuis que les Eléphants et les Super Eagles ont échoué au soir du premier tour. «Je ne remets pas en cause les compétences de Lägerback et Eriksson. J'avais même imaginé que leur culture tactique se marierait très bien avec la folie naturelle des joueurs africains. Je me suis trompé. Ces deux équipes se sont montrées trop frileuses et au final, elles n'ont pas montré grand-chose. » Le cas du Cameroun, où le futur ex sélectionneur (Paul Le Guen) était dans la place depuis juillet 2009 est différent. « D'après ce que nous savons, l'ambiance était très mauvaise au sein du groupe. Et cela s'est vu sur le terrain. Là aussi, c'est une déception. » L'EXCEPTION GHANEENNE. – Le Ghana ne s'est pas contenté de franchir l'obstacle du premier dans un groupe où rien ne fût facile. En battant les Etats-Unis (2-1 a p samedi à Rusteburg), les Black Stars ont rejoint au panthéon des équipes africaines le Cameroun de 1990 et le Sénégal de 2002, les seules du continent à avoir atteint les quarts de finale d'une Coupe du Monde. Vendredi 2 juillet au Soccer City de Johannesburg contre l'Uruguay, les Ghanéens joueront pour l'histoire en tentant de devenir la première équipe d'Afrique à disputer une demi-finale. « Le Ghana est quelque part un exemple, et sa performance ne me surprend pas. Milovan Rajevac, le sélectionneur est là depuis deux ans. On le laisse bosser et il obtient des résultats, puisqu'il a conduit le Ghana en finale de la CAN en Angola (défaite 0-1 contre l'Egypte). » A chaque fois sans Essien, blessé, et en choisissant de laisser Muntari et Appiah, deux de ses meilleurs joueurs ravaler leur rancœur sur le banc de touche. « Tactiquement et physiquement, c'est très fort. Et il laisse aussi ses joueurs exprimer leurs qualités techniques naturelles. Avec Kingson, Gyan, John Mensah ou Boateng, cette équipe peut battre l'Uruguay. » Toute l'Afrique n'espère que cela…(jeuneafrique)