L'international Marocain Amin Harit a parlé dans une très longue interview à ‘ Onze Mondial ‘. De la nouvelle manière de voir la vie et le football. Ci dessous des extraits Penses-tu que Vahid Halilhodzic est au courant de tout ça ? Moi, quand je joue tous les week-ends avec Schalke, je joue aussi pour le Maroc. Je suis fier de représenter mon pays, le pays de mes parents à travers l'Europe. Quand je sors de bonnes performances, ce n'est pas dans l'unique but de plaire au sélectionneur, c'est plutôt pour honorer le Maroc et ses millions d'habitants. Si mes performances ne lui conviennent pas, je ne peux rien y faire. En quoi devenir international marocain a changé ta vie ? Au moment où j' ai choisi le Maroc, j' étais en équipe de France Espoirs. J'étais surclassé et titulaire. Je pense que si j'avais continué sur ma lancée, j'aurais pu un jour prétendre à l'équipe de France A. J'ai fait le vrai choix du cœur alors que j'aurais pu. On ne va pas se mentir : il y a un écart entre l'équipe de France et le Maroc niveau football. Mais j'ai fait un choix de cœur, un choix d'amour. Quand cet amour, tu ne l'as pas en retour, tu te dis parfois : « Je me suis fait berner ». C'est comme ça que je le prends. Surtout quand j'explose tout en Bundesliga pendant trois mois et que je ne suis pas sélectionné sans raison valable. Ce que tu es en train de dire pourrait être mal pris ? Non, c'est juste que… (Il coupe). C'est moi qui ai fait la démarche d'appeler le sélectionneur pour lui demander pourquoi je n'ai pas été sélectionné alors que je n'ai rien fait de mal… Et là, il me dit : « Tu n'as pas été bons lors des rassemblements ». Pas de souci. Cite- moi un joueur qui a fait un bon match sur les rassemblements où on était ensemble… Je ne demande pas à ce qu'il vienne me lécher les pieds pour aller en sélection, loin de là. Mais je veux avoir une discussion qui va me permettre de comprendre et d'avancer. Je veux un échange constructif pour qu'on aille tous dans le même sens. Parce que je suis jeune, j'ai 22 ans. C'est nous l'avenir de la sélection. C'est moi, c'est Hakim (Ziyech), c'est Achraf (Hakimi). C'est nous le futur. Et s'il y a dès maintenant des problèmes avec nous, personne n' est gagnant dans l' histoire. Comment tu expliques que de plus en plus de jeunes binationaux préfèrent choisir leur pays d'origine ? Pour les binationaux, c'est aujourd'hui plus facile de choisir leur pays d'origine. Déjà, avec toutes les petites histoires qu'il s'est passé avec Benzema, Ben Arfa, ils se disent qu'il y a plus de reconnaissance en Afrique ou autre part. Aussi, le niveau du football africain est en hausse ces dernières années. Il y a énormément de très grands joueurs qui jouent pour leur pays d'origine, je pense à Mohamed Salah, Sadio Mané, Ziyech au Maroc. En Algérie, Mahrez. C'est bien que des gros joueurs qui jouent dans de gros clubs en Europe choisissent l'Afrique parce que c'est comme ça qu'on va élever le niveau du football africain. Si les meilleurs joueurs africains choisissent le pays où ils sont nés, on ne va jamais avancer (sourire). On va toujours stagner. J'incite les très bons joueurs à ne pas forcément faire le « choix sportif ». Parce qu'en vrai, tu passes combien de temps en sélection ? Même pas trois semaines, un mois, par an. C'est ton club qui compte. Si tu es performant dans ton club, tu auras la reconnaissance que tu mérites. Beaucoup de joueurs africains sont considérés comme sous-côtés parce qu'ils ont choisi l'Afrique… Mané, Salah, ils jouent en Afrique. Ils claquent des buts, ont tout gagné, sont reconnus. Donc si tu es bon sur le terrain, que tu joues pour le Zimbabwe, le Togo, le Maroc, l'Algérie ou ce que tu veux, si tu claques tout en Europe, tu seras reconnu.C'est récent cette reconnaissance… Je suis d'accord. Avant, ça n'était pas comme ça. Maintenant, avec la médiatisation du football, si tu exploses tout, tu seras reconnu, c'est tout. Regarde Mané, Salah, Aubameyang. Tu gagnes des titres, tu claques tout avec ton club, tu seras reconnu. http://www.onzemondial.com/bundesliga/2019-2020/exclu-amine-harit-interview-schalke-04-maroc-mentalite-216386