Les Marocains comptent parmi les plus grands consommateurs de tabac dans le bassin méditerranéen. le tabagisme touche 15,5% des élèves de 13 à 15 ans, 90% des cancers déclarés au pays sont dûs au tabac et 40% d'entre eux peuvent être évités en arrêtant de fumer. Les chiffres parlent d'eux-mêmes et pourtant la feuille séchée, roulée avec ou sans filtre continue de faire des ravages dans tous les sens du terme. Le Maroc est l'un des plus grands pays consommateurs du tabac dans tout le bassin méditerranéen. Bien évidemment, le phénomène du tabagisme qui prend chaque année de l'ampleur fait des milliers de victimes. Adultes, jeunes et moins jeunes cèdent facilement à la tentation et la clope devient un produit de grande consommation. Mais ceux dont la situation inquiète le plus restent les jeunes. Facilement influençables, ils cèdent aujourd'hui de plus en plus aux relents de la fumée, par curiosité, mimétisme ou simple effet de mode. Ils y voient à tort un vecteur d'émancipation, d'affirmation de soi ou simplement d'appartenance à une caste soi-disant «branchée». Lorsque nous essayons de sonder le comportement du jeune fumeur d'aujourd'hui, la situation est on ne peut plus alarmiste. Selon une étude menée par l'ACP-Kenitra, plus de 20% des jeunes sondés consomment du tabac tous les jours et 27% d'entre eux le font de manière occasionnelle. «Je fume donc j'existe» En tentant de dresser le portrait robot d'un jeune fumeur, la situation est encore moins réjouissante. Le tabac peut toucher n'importe qui, pour peu que la tentation soit présente. Les fumeurs réguliers maintiennent leur petite habitude dans les cours d'école ou sur les terrasses de cafés. Et aujourd'hui, la cigarette gagne de nouveaux adeptes. Les fumeurs occasionnels se multiplient et la gente féminine rejoint de plus en plus les rangs de consommateurs aguerris. La faute à qui ? D'abord l'image conférée à la cigarette, elle accompagne nos pauses et nos loisirs. Certains la fument pour oublier leurs soucis, d'autres y voient la compagne éternelle de leur café ou simplement un passe-temps, un antistress ou un plaisir rehaussé par sa connotation d'interdit. Outre ces effets placébos, la cigarette appâte aussi par son côté «glamour». La dilution des mœurs et la tolérance de certains comportements libertaires aidant. Du bout de leurs cigarettes, les fumeuses affirment de manière ostentatoire leur statut de femmes libres, indépendantes et modernes. Symbole d'émancipation et moyen de se poser à pied d'égalité face aux hommes, la cigarette s'est imposée insidieusement comme un geste quotidien pour la femme moderne d'aujourd'hui. Celles qui fumaient en cachette auparavant, affichent aujourd'hui leur cigarette que ce soit à la maison, dans les cafés, les rues ou dans différents lieux publics. Là encore tous les motifs sont bons. Si certaines fument pour le plaisir, d'autres pensent que la cigarette est un acte de liberté. Tenir une cigarette entre les doigts donne, pensent-elles, de l'assurance et de la prestance. Fumer constitue enfin, pour certaines : femmes, une façon de préserver la ligne. Pourtant, à une époque où le tabagisme ne connaît plus de limite, le Maroc continue à produire des mesures très édulcorées et facilement contournables par ceux qui prônent la liberté tabagique et font partir en fumée la santé de nos petites têtes brunes. Yassine Ahrar