Un attentat suicide a fait au moins 35 morts et plus de 150 blessés lundi à l'aéroport international Domodedovo de Moscou, le plus grand de Russie. Le kamikaze a déclenché ses explosifs dans la zone des arrivées vers 16h30 (13h30 GMT). "L'explosion a eu lieu à côté de moi. Je n'ai pas été touchée mais j'ai ressenti l'onde de choc. Les gens tombaient", a raconté Ekaterina Alexandrova, une traductrice qui attendait un client en provenance de l'étranger. L'attaque, qui rappelle le mode opératoire des insurgés islamistes du Nord-Caucase russe à majorité musulmane, n'a pas été revendiquée. Des dizaines d'internautes ont salué, en russe, le geste du kamikaze sur le site islamiste kavkazcenter.com. Le président russe Dmitri Medvedev a reporté un déplacement au Forum économique mondial de Davos et promis la capture des organisateurs de cet attentat. Ils "seront traqués et punis", écrit le chef du Kremlin sur son compte Twitter. Dmitri Medvedev a également annoncé le renforcement des mesures de sécurité dans tous les aéroports de Russie et les autres moyens de transport. La vigilance a été accrue dans les deux autres aéroports de Moscou, qui accueillent les vols initialement prévus pour Domodedovo. Deux Britanniques ont été tués dans l'explosion, selon des médias citant la commission d'enquête. On compterait des Français, des Italiens et des Allemands parmi les blessés hospitalisés, mais ces informations n'ont pu être confirmées auprès de leurs ambassades. REVERS POUR POUTINE ? Les personnels de l'aéroport ont utilisé de puissantes lampes torches pour se frayer un chemin dans le hall envahi par la fumée et jonché de blessés, que les secouristes ont évacués sur des brancards. "La fumée a commencé à s'accumuler. Beaucoup de blessés sont sortis tout seuls, en état de choc. Puis ils ont commencé à donner des informations sur les sorties à emprunter", a déclaré Ekaterina Alexandrova au téléphone. Les insurgés du Nord-Caucase ont juré de porter leur lutte au coeur de la capitale et de frapper les transports et des cibles économiques. Les commentateurs ont estimé qu'ils pourraient intensifier leur campagne de violence à l'approche de l'élection présidentielle de 2012, qui pourrait voir l'ancien président et actuel Premier ministre Vladimir Poutine briguer un nouveau mandat à la tête de l'Etat. Déjà à la tête du gouvernement fin 1999, Vladimir Poutine avait lancé la deuxième guerre de Tchétchénie pour renverser le gouvernement sécessionniste alors en place. L'offensive a atteint son but immédiat, ce qui a contribué à l'élection de l'ancien officier du KGB à son premier mandat de président quelques mois plus tard. Mais l'insurrection s'est élargie depuis aux républiques caucasiennes voisines de l'Ingouchie et du Daghestan. "L'attentat de Domodedovo va conforter l'opinion de l'élite russe qui estime que Poutine perd le contrôle de la sécurité dans la capitale, ce qui fait le jeu de ses ennemis", estime Glen Howard, président de l'institut de recherche américain Jamestown Foundation. Le président américain Barack Obama a "fermement condamné cet acte terroriste atroce contre le peuple russe", a dit la Maison blanche, qui a proposé l'aide des Etats-Unis à la Russie. Moscou a été frappée en mars 2010 par son attentat le plus sanglant en six ans, une double attaque suicide dans le métro commise par deux femmes kamikazes originaires du Daghestan, qui avait fait 40 morts. Situé à une vingtaine de kilomètres au sud-est de Moscou, Domodedovo est le premier aéroport de Russie en termes de trafic devant celui de Cheremetievo. (Reuters)