Les républicains, qui ont pris mercredi les commandes de la Chambre des représentants, ont promis de mettre en oeuvre le message des électeurs mais ont revu à la baisse leurs promesses en matière de réduction du déficit budgétaire qui ont fortement contribué à leur succès. La session inaugurale du Congrès issu des élections de mi-mandat, en novembre dernier, ouvre une période de cohabitation entre le président démocrate Barack Obama et la majorité républicaine de la Chambre, cohabitation qui contient en germes de féroces batailles sur les dépenses publiques, la dette ou encore la réforme de la santé. Si les républicains sont désormais largement majoritaires à la Chambre (242 contre 193 démocrates), le Parti démocrate le reste toutefois au Sénat (57 contre 43), ce qui devrait lui permettre de faire obstacle à leurs projets. "Nous ne pouvons plus trahir les attentes. Nous ne pouvons plus remettre les choses au lendemain. Les gens ont voté pour en finir avec la politique de l'habitude, et aujourd'hui, nous commençons à mettre en oeuvre leurs instructions", a dit John Boehner, élu républicain de l'Ohio qui a succédé à la démocrate Nancy Pelosi à la présidence de la Chambre. Le nouveau "speaker" a prévenu qu'il faudrait "un dur travail et des décisions difficiles" sur l'économie alors que les Etats-Unis se relèvent lentement de leur pire récession depuis la crise des années 1930. La large victoire du parti conservateur aux élections du 2 novembre est en partie imputable au mécontentement suscité par la forte hausse du chômage et par un déficit qui atteint 1.300 milliards de dollars. Les républicains ont entre autres promis d'abroger la réforme de la couverture maladie, principale réalisation de la première moitié du mandat de Barack Obama, et celle de la régulation financière. PROMESSE "COMPROMISE" Sous la pression des conservateurs du Tea Party, allergiques aux impôts et adversaires déterminés du "big government", ils se sont en outre engagés à réduire le budget de 100 milliards de dollars dès cette année. Mais le républicain Paul Ryan, futur président de la commission budgétaire de la Chambre, a jugé mercredi sur NBC cette promesse "compromise" par les dépenses d'ores et déjà engagées. La coupe, a précisé un attaché parlementaire, pourrait être en fait "substantiellement inférieure" à 50 milliards parce que l'exercice fiscal sera déjà bien avancé lorsque les républicains seront effectivement en mesure d'alléger le déficit. Paul Ryan a dit avoir l'intention d'obtenir des concessions budgétaires en échange d'un relèvement du plafond de la dette. "Cela ne m'intéresse pas de relever le plafond de la dette dans l'espoir qu'une promesse sera tenue par la suite. Cela m'intéresse si nous obtenons des concessions sur les dépenses, sur des contrôles réels qui renversent notre situation budgétaire et qui vont dans la bonne direction", a-t-il expliqué, laissant entendre que la coopération était possible. La Maison blanche a par la suite invité les républicains à aborder la question de la dette "d'une façon responsable qui n'affecte pas la confiance à l'égard du gouvernement et sa crédibilité". La veille, Barack Obama avait invité les parlementaires à une union sacrée pour assurer la relance de l'économie. L'accord conclu en décembre sur la prolongation des abattements fiscaux consentis par le gouvernement républicain précédent a montré que le président et les républicains pouvaient coopérer, mais de nombreuses divergences restent entières dans d'autres domaines. Le premier choc est d'ores et déjà programmé mercredi prochain. Le camp républicain a promis de voter ce jour-là l'abrogation de la réforme de la santé. Le texte sera vraisemblablement rejeté au Sénat, mais l'affrontement pourrait donner le ton des premiers mois de la cohabitation. (Reuters)