Un faux pas face à la Tanzanie compromettrait sérieusement les chances des Lions de l'Atlas, avant la rencontre fatidique face à l'Algérie. Ironie de l'histoire. Après son nul décevant face à la Centrafrique (0-0), le Maroc a dégringolé dans le classement mondial FIFA. Il a chuté au 95è rang, perdant douze places par rapport au classement précédent. La République centrafricaine, elle, en a gagné 30, se hissant à la 172è place. Certes, le classement FIFA ne fait pas l'unanimité puisqu'il pénalise même les équipes qui ne jouent pas. Il n'en demeure pas moins que figurer en bonne position dans ledit classement grâce aux résultats obtenus en matchs amicaux ou de compétition, confère du prestige- pour ainsi dire. De la valeur. Comme par exemple être désigné tête de groupe et -partant- éviter au premier tour d'être confronté à de gros calibres. Ainsi on ne verra pas, lors des phases finales d'une Coupe du monde, Brésil, Argentine et Allemagne dans un même groupe. Il y a une sorte d'«iniquité» dans ce classement, se plaignent certains observateurs. Mais, en l'introduisant en août 1993 sous l'ère foot-business de Blatter, la FIFA a voulu préserver le spectacle. Tant mieux. Ou tant pis. C'est selon. «Au rythme décroissant où va le Maroc, il est à craindre qu'il soit relégué à un rang très bas et soit considéré comme le petit poucet d'un groupe comprenant l'Egypte et le Cameroun, le Nigeria et la Côte d'Ivoire ou même la République centrafricaine et la Tanzanie», concède un entraîneur national non sans une pointe d'ironie. C'est que- pour dire vrai- l'état de santé de l'équipe nationale ne rassure pas. Au-delà du nul pas du tout enchanteur face à la Centrafrique, force est de s'interroger sur les réelles potentialités du team national. Une équipe qui, depuis 2006, ne cesse d'essuyer les revers. Mais si les piètres prestations des Lions de l'Atlas n'étaient que la conséquence logique de leurs réelles potentialités ? Surtout que, comparativement à d'autres nations, le Maroc ne peut se targuer d'avoir de nombreux joueurs qui évoluent en haut niveau. Excepté Marouane Chamakh (Arsenal, Angleterre) et Houcine Kharja (Genoa, Italie), les joueurs du Onze national évoluent dans des clubs moyens ou moisissent sur le banc de touche. Pour preuve, le désormais capitaine des Lions de l'Atlas s'est imposé comme un buteur patenté au sein du prestigieux Arsenal alors que, sous le maillot national, il peine à trouver le chemin des filets. «Si Chamakh marquait avec Bordeaux et marque avec Arsenal, c'est parce qu'il évolue avec des joueurs médians et des attaquants de soutien à la hauteur, qui l'épaulent», remarquent unanimement les observateurs. «Il est vrai que nous ne pouvons comparer les individualités de l'équipe actuelle à celles de 1998 ou 1986. Mais on peut créer un groupe solide et homogène qui sait défendre crânement les couleurs nationales- comme l'avait fait Zaki en 2004», estime un entraîneur national. Waiting for Gerets Pour le match Maroc-Tanzanie, prévu le 9 octobre, l'entraîneur adjoint Dominique Cuperly a rendu publique une liste de 32 joueurs en vue d'un stage aux Pays-Bas à partir du 2 octobre. Le fait saillant est le retour de Hocine Kharja longtemps absent pour cause de blessures. On notera également le retour de Jaouad Zairi, mais il est fort probable qu'il soit aligné parmi le Onze de départ. L'annonce de la liste des présélectionnés n'a pas manqué de cafouillage. Rappelé sur instructions de Eric Gerets, l'attaquant du Raja de Casablanca, Hicham Aboucharouan, a décliné l'invitation, arguant qu'il n'est pas en forme. Du bon sens puisque Aboucharouan, en manque de compétition, n'a disputé que deux matchs cette saison. «Normalement l'entraîneur national et son assistant devraient le savoir» a-t-on reproché à Gerets et Cuperly. Les Lions de l'Atlas effectueront un stage de trois jours à Amsterdam (Pays-Bas) avant de s'envoler pour Dar Es-Salam en Tanzanie. Le très attendu coach devra les rejoindre pour superviser trois séances d'entraînement. «L'objectif étant de remonter le moral des troupes», plaide-t-on au sein la Fédé. Mais ce voyage risque d'être compromis par l'entêtement des responsables du club saoudien Al Hilal. Surtout que ce dernier est qualifié pour la demi-finale de la Ligue des champions d'Asie et rencontrera son homologue iranien Zobahan, le 6 octobre. Une qualification «malvenue» puisqu'elle a retardé l'arrivée au Maroc du Lion de Rékem (surnom de Gerets). Surtout que le public d'Al Hilal, s'opposant à la venue du Suédois Göran Eriksson, est de plus en plus critique et colérique vis-à-vis des responsables leur reprochant d'avoir laissé filé Gerets pour le Maroc. Et les déclarations lues récemment dans la presse saoudienne laissent pantois. En effet, les responsables d'Al Hilal rassurent le public que le coach belge restera à la tête du club jusqu'à la fin de la saison. Ils vont même jusqu'à suggérer que Gerets continue à la tête d'Al Hilal tout en entraînant l'équipe nationale du Maroc, donnant comme exemple le Néérlandais Guus Hiddink qui entraînait à la fois la sélection russe et l'équipe de Chelsea. Mais les responsables marocains opposent un démenti catégorique, affirmant que Gerets prendra bel et bien ses fonctions à la tête du Onze national en novembre prochain comme prévu. «Il n'y a pas de problème Gerets», clament en chœur les patrons du sport national chaque fois qu'un constat inconvenant ou une remarque désobligeante défrisent la pertinence de leur choix. Et pourtant… Pas droit à l'erreur C'est justement là que le bât blesse. Recruter un entraîneur sous contrat et ayant des objectifs à atteindre tout en sachant que l'équipe nationale est à la veille d'éliminatoires cruciales qui plus est dans un groupe difficile, comprenant un adversaire coriace tel que l'Algérie, est un calcul aberrant. D'autant que la qualification se jouera entre les Lions de l'Atlas et les Fennecs. A moins que la Tanzanie ou la Centrafrique ne faussent les pronostics. D'ailleurs, à l'issue du tirage au sort, nul ne donnait cher de la peau de ces équipes. Mais Marocains et Algériens ont appris, à leurs dépens, qu'il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Et comme les Algériens, tenus en échec à domicile, les nationaux sont dans l'obligation de ramener une victoire du cœur de la Tanzanie. Cependant, de l'avis de nombreux observateurs, leur safari ne sera pas une promenade de santé. Tant les Taifas Stars (surnom de la sélection tanzanienne) sont galvanisés par leur nul arraché à Alger. Ils joueront dans un stade d'une capacité de 65 000 spectateurs dont -pour la petite histoire- nombreux ont décidé de réserver un accueil chaleureux à Chamakh considéré comme une star africaine à l'instar de Drogba ou Eto'o. Les deux adversaires du jour évolueront sous une température de 30° à 32°. Un autre atout en faveur des Taifas Stars. Ce qui n'est pas le cas des joueurs nationaux habitués, pour la plupart, à jouer sous un climat plus clément, en Europe notamment. Néanmoins, les Lions de l'Atlas sont appelés à faire fi des conditions climatiques et du public adverse moins hostile, apparemment, que d'autres de peur de compromettre leurs chances de qualification pour la CAN 2012. Chamakh and Co n'ont plus droit à l'erreur. D'autant que leur tâche face à l'Algérie, en mars prochain, ne sera pas de tout repos. Là, ce sera une autre paire de manches. Abdelkader El-Aine (Le Temps)