« Ma présence au sein de la direction du FUS est une expérience très enrichissante pour moi. » Pour sa première sortie médiatique, le nouveau ministre s'est confié à la rédaction du Temps. Cela fait quoi d'être ministre de la Jeunesse et Sports ? C'est d'abord une lourde responsabilité, mais que j'assume avec beaucoup d'honneur et de bonheur… Le fait de participer au sein de l'équipe gouvernementale au développement de notre pays est pour moi un vrai challenge. Mais comment un homme qui s'est d'abord fait un nom dans le business finit-il par se retrouver en politique, et à un aussi haut niveau ? La chose publique me passionne depuis longtemps. Mais le déclic s'est à mon avis produit le jour où j'ai pris part à l'aventure Daba 2007. J'ai intégré cette Association en étant l'un de ses fondateurs aux côtés de Nourredine Ayouch et d'autres personnalités, avec comme principal objectif : mobiliser les Marocains à la participation aux élections législatives du 7 septembre 2007. J'ai eu un grand plaisir à rencontrer au sein de cette association des leaders politiques, ainsi que des acteurs de la société civile, qui m'ont fait découvrir la réalité du pays. J'ai découvert aussi beaucoup de choses que le grand public ignore souvent par manque d'engagement. Comme par exemple les dizaines de milliers de jeunes bénévoles qui travaillent discrètement pour s'occuper de leur quartier, ou les 30 000 élus locaux qui font un travail extraordinaire au niveau des communes et des arrondissements qu'il gèrent. Je peux dire que c'est à partir de là que la chose publique commençait à avoir un réel intérêt pour moi. Mais ce n'est pas en intégrant Daba 2007 que vous êtes devenu ministre ? Bien sûr que non. L'étape suivante était bien évidemment le passage par un parti politique. Et mon choix s'est porté sur le Parti de l'Istiqlal. On a pour habitude de dénigrer les formations politiques et de critiquer leur fonctionnement. Personnellement, je peux vous avouer que j'ai été impressionné par ce parti, ses cadres, son organisation et son projet de société qui était extrêmement porté sur le développement social. En fait, mes convictions personnelles consistent a se battre pour laisser à nos enfants une société moderne, en développement constant avec des valeurs de progrès et de modernité dans le respect de la diversité et des libertés individuelles et ce tout en préservant nos traditions et les codes de notre socle social. Le parti de l'Istiqlal m'a offert cet environnement en ligne avec mes convictions politiques puis j'ai rejoins, depuis juillet dernier, le RNI qui lui aussi offre une plateforme similaire. Justement, vous avez intégré le gouvernement El Fassi sous les couleurs du RNI. Comment s'est fait ce passage d'un parti à un autre ? C'était à l'occasion du remaniement ministériel, décidé par SM le Roi en juillet dernier. Et pour des rasions d'équilibre de l'exécutif El Fassi, il fallait bien conserver le portefeuille de la Jeunesse et des Sports détenu par le RNI, au nom de la ministre partante, Nawal Al Mouatawakil. D'ailleurs, j'ai rencontré avant le remaniement Mustapha Mansouri avec lequel on s'est entretenu longuement sur le département de la J&S et l'organisation interne du RNI que je rejoins avec plaisir et dans lequel j'essaierai de contribuer avec quelques idées. On dit que vous êtes devenu ministre grâce au passage par la case FUS, dont le patron n'est autre que Mounir Majidi, le secrétaire particulier du roi ? Ma présence au sein de la direction du FUS est une expérience très enrichissante pour moi. Et elle m'aidera incontestablement dans ma nouvelle fonction de ministre de la Jeunesse et des Sports. Pour tout vous dire, je n'ai pas toujours pas démissionné du comité directeur du club rbati : je tiens à y rester pour être toujours proche de la réalité du terrain et voir de près comment les choses évoluent concrètement dans le domaine du sport. Feu abdelattif semlalil étais un rajaoui convaincu..., ca ne l'a pas empêche pourtant d'être un bon ministre de la J&S. Pourtant, beaucoup associent systématiquement votre ascension à votre proximité avec Mounir Majidi… Mohamed Mounir Majidi est un ami que je respecte énormément et pour lequel j'ai beaucoup d'estime. Notre relation, dont je ne peux qu'être fier, ne se limite pas au sport et au FUS. J'ai eu un immense plaisir à travailler avec lui lors de l'organisation du Festival Mawazine de Rabat, dont j'ai assuré la direction marketing. Mais ce n'est pas parce que nous travaillons ensemble qu'il y a fatalement anguille sous roche… En 18 ans de carrière, j'ai eu à gérer de grandes responsabilités. Cette expérience, couplée à la création de plusieurs sociétés et projets, m'a permis de croiser Mounir Majidi à plusieurs reprises. C'est donc à travers le monde professionnel que j'ai découvert ses qualités de grand commis de l'Etat. Le RNI, dont vous faites partie, vit une sérieuse fronde qui risque de déboulonner Mustapha Mansouri, son président. Dans quel clan, si l'on ose dire, vous placez-vous aujourd'hui ? Je n'ai participé, pour l'instant, à aucune réunion du parti. Du coup, je ne peux pas me prononcer à ce sujet. Comme tout le monde, j'ai découvert dans la presse le débat qui se prépare pour la prochaine rentrée parlementaire. Je pense que Salaheddine Mezouar propose un débat de fond. Les règles de démocratie suggèrent à ce que les sujets et les questions évoquées au nom d'un courant de plusieurs personnalités politiques du RNI soient discutées dans les instances du parti. Cela n'implique pas forcément un changement de président, mais cela posera les jalons de la préparation du parti pour les prochaines élections de 2012. La préparation des prochaines législatives commencera donc le mois prochain..., c'est un processus normal et sans surprise et qui démontrera une bonne et forte anticipation politique de toutes les instances du RNI. Cela fait deux mois que vous êtes à la tête du ministère de la Jeunesse et des Sports. Quel bilan en faites-vous, et quelle est votre feuille de route ? Dès mon arrivée au ministère, j'ai été agréablement surpris par la qualité et les compétences de l'équipe qui entourait mon prédécesseur. Au jour d'aujourd'hui, je ne peux parler en termes de bilan ou de stratégie, tout simplement parce qu'il est encore trop tôt pour le faire. Le travail se réalise sur le long terme, et la stratégie que j'entends mettre en place s'étalera sur la période allant de 2010 à 2016. C'est un travail de longue haleine, qui consiste à bâtir une vision impliquant l'ensemble des intervenants dans le sport national : Comité olympique, Fédérations, clubs, sportifs de haut niveau, presse sportive, etc. Le but est d'installer la meilleure concertation possible. Une fois le tour fait et le feedback reçu, nous pourrons alors décliner le tout sous la forme d'une stratégie globale du secteur. Et pour ce faire, il faudra avant toute autre chose clôturer les budgets et nous donner les moyens financiers de nos ambitions. L'objectif est de créer une véritable dynamique au sein du sport national et réaliser le rêve de tout Marocain : celui de voir ses sportifs sur le podium des compétitions internationales. Cette feuille de route sera déclinée et partagée dans les prochains jours. Le sport marocain, et plus particulièrement le foot et l'athlétisme, vit aujourd'hui des moments critiques. Quelles sont, à votre avis, les raisons derrière cette crise ? Le Maroc a une grande culture sportive et cette frustration par rapport aux derniers résultats, dans les deux disciplines, est tout à fait légitime. Malgré les résultats décevants, il faut savoir qu'en athlétisme, par exemple, le Maroc reste toujours dans le premier tiers des grandes nations. Je m'explique : même si nous n'avons pas remporté de médailles aux derniers championnats du monde, nous avons réussi à tirer notre épingle du jeu, en plaçant des athlètes dans deux finales du demi-fond. Le sport, ce n'est pas participer et gagner toutes les fois. Il faut aussi apprendre à perdre. Maintenant, oui, je le reconnais, nous avons régressé. Mais au lieu de pérorer continuellement sur la défaite, il faut se remettre vite au travail, voir ce qui ne marche pas et corriger rapidement le tir. Loin du sport, et plus près de votre domaine professionnel initial : Méditelecom est aujourd'hui une entreprise 100% marocaine. Qu'est-ce que cela signifie pour vous ? Je dirais que, pour moi, c'est une sorte de revanche posthume. Je suis très heureux que cette opération de marocanisation ait réussie. Et je suis certain qu'elle profitera beaucoup au secteur des télécoms. En un mot, c'est une grande fierté pour moi d'avoir participé, un tant soit peu, dans la concrétisation de cette opération. Propos recueillis par Youssef Chmirou Dates clés 1970 Naissance à Rabat 1988 Obtient son bac en Sciences expérimentales 1992 Major de promo de l'ISCAE De 1991 à 1995 Responsable marketing du groupe Procter&Gamble De 1996 à 2000 Occupe différentes responsabilités au sein du groupe Procter&Gamble En 2000 Rejoint Meditelecom en tant que vice-président en charge du pôle commercial Novembre 2007 Président du directoire de la holding Atcom, filiale de FinanceCom Novembre 2007 Intègre le comité de direction du club rbati Fath union sportive 29 juillet 2009 Nommé ministre de la Jeunesse et des Sports