Le Bureau de représentation de l'ONU à Rabat n'a jamais été aussi sollicité qu'en cette année. Mercredi 23 juin, l'OMDH, une organisation non gouvernementale, indépendante, qui agit pour la protection et la promotion des droits humains, bénéficie du Statut consultatif auprès du Conseil économique et social des Nations unies, tient à préciser sa présidente Amina Bouyach, vient de saisir par écrit le SG Ban Ki-Moon. En gros, l'OMDH demande au SG de l'ONU, «compte tenu de la situation très préoccupante dans les camps de Tindouf et des violations graves subies par les trois détenus, l'OMDH vous demande de bien vouloir veiller à la mise en œuvre des prérogatives du CICR et du HCR pour assurer la protection de Ahmed Ballouh Hammou, Ahmed Salem Chibani et Mohamed Salek Ould Kia (trois opposants au Polisario), garantir leurs droits fondamentaux à la vie et à l'intégrité physique et mentale et intervenir, dans les meilleurs délais, pour mettre fin à cette situation». Bien avant l'OMDH, de nombreuses associations et collectifs de soutien de la marocanité du Sahara ont fait de même. Initiative prise, mais sur un autre registre, également par les représentants des victimes de l'expulsion massive, en 1975, par les autorités algériennes des dizaines de milliers de familles marocaines qui vivaient sur leur territoire. De l'autre côté du mur de sécurité, au Sahara, Mohamed Abdelaziz, chef du Polisario et ses partisans ne cessent d'adresser des missives au SG. Et pourtant, la question du Sahara est l'un des vieux conflits mondiaux que l'ONU n'a pas pu résoudre définitivement. C'est justement pour éviter les conflits que l'organisation a été créée le 24 octobre 1945, au lendemain de deux conflit majeurs dans l'histoire contemporaine. Bien de chemin parcouru, donc des réalisations, mais aussi beaucoup d'échecs. Elle est passée par plusieurs étapes cruciales. La guerre froide au début des années 1950 et un peu plus tard, la longue décennie des indépendances (à partir de 1960) en sont les plus emblématiques. Les manuels d'Histoire et de droit international regorgent de détails sur ces deux phases. Nous n'apportons rien de nouveau si nous rappelons que le début de la guerre froide a déjà entravé l'action de l'ONU, à peine balbutiante. Les relations entre les deux plus grandes puissances d'alors, les Etats-Unis et l'URSS se dégradent davantage et de nombreuses décisions de l'ONU sont bloquées par les droits de veto abusifs qu'elle utilise. D'un autre côté, l'ONU dépend totalement du bon vouloir des grandes Nations, pour intervenir dans les zones de conflits. Et pour cause, les Nations unies sont les seules à pouvoir fournir les Casques bleus et les moyens nécessaires aux règlements des conflits. La situation se complique davantage quand ces grandes puissances sont impliquées d'une manière ou d'une autre ou ont un quelconque intérêt dans ces conflits. Cela devient encore plus problématique lorsqu'au début des années 1960 de nombreux pays ont commencé à recouvrer leur indépendance, grâce justement à la même ONU et ses actions de décolonisation. «L'intégration de nombreux pays du tiers-monde rend ceux-ci majoritaires à l'Assemblée nationale. L'Occident devient alors la cible de la plupart des résolutions mentionnées. Pour cette raison, les pays industrialisés s'efforcent de réduire au maximum le poids de l'ONU, montrant une fois de plus la dépendance de celle-ci vis-à-vis d'eux», nous informent les manuels de droit international. Au début des années 1990, entre en scène un nouvel acteur, doté de moyens militaires et stratégiques énormes, l'OTAN. L'ONU se contente, depuis, de quelques interventions mineures de maintien de la paix, mais surtout et principalement de ses fonctions humanitaires, par le biais de ses nombreux organismes, tels que l'UNESCO, l'Unicef ou encore la FAO et l'OMS. Ce qui est déjà une lourde responsabilité qui nécessite des actions très budgétivores. Chronologie : Des conflits et des échecs En 1947, l'ONU prend la décision de scinder la Palestine, donnant naissance à un long conflit israélo-arabe. Lorsque l'URSS boycotte le Conseil de sécurité de l'ONU, qui rejette l'adhésion de la Chine populaire, l'Organisation en profite pour intervenir au cœur de la guerre de Corée en 1950. Lors de la crise du Canal de Suez, l'ONU met en place la FUNU. Enfin, l'envoi de Forces spéciales dans l'ex-Congo belge, en 1960, se solde par un échec. A la fin des années 60 jusqu'au début des années 70, l'ONU disparaît quasiment de la scène internationale. L'organisation a été contrainte de fermer l'œil sur nombreux conflits régionaux, tels que le printemps de Prague, la fin de la guerre du Vietnam, l'entrée de l'URSS en Afghanistan ou encore l'éclatement de la guerre entre l'Iran et l'Irak. Plus récemment, les années 90, les conflits qui éclatent en Somalie, en Yougoslavie, en Angola ou encore au Rwanda ont mobilisé l'ONU, qui ne parvient en fin de compte pas à instaurer la paix.