Le saviez-vous ? Chaque année, la grippe saisonnière tue entre 250.000 et 500.000 personnes dans le monde. Elle est aussi à l'origine de 3 à 5 millions de cas de maladies sévères comme la pneumonie virale et la pneumonie bactérienne secondaire. Plus que cela, la grippe provoque l'aggravation de conditions médicales existantes telles que le diabète et les pathologies cardiaques congestives. Un triste record pour cette grippe saisonnière qui, à juste titre, a fait l'objet de la première conférence internationale «AfriFlu» les 1er et 2 juin à Marrakech. Organisé par l'Agence de médecine préventive (AMP), ce meeting a réuni une centaine d'experts nationaux et internationaux de différents pays, dont 22 africains. Objectif : débattre de «La grippe en Afrique». Un débat légitimé par la grosse frayeur qu'a suscitée la pandémie de la grippe A, mais aussi par la banalisation de la grippe saisonnière, dont les dégâts sont beaucoup plus importants. «AfriFlu» a donc voulu attirer l'attention sur l'inexistence de politiques de santé axées sur la grippe saisonnière dans plusieurs pays africains. Et de rappeler que «malgré les récents progrès enregistrés dans le domaine de la surveillance de la grippe en Afrique, les données épidémiologiques africaines demeurent rares pour cette affection. Ceci est, en partie, dû à l'inadéquation des systèmes de surveillance et de notification». Raison pour laquelle l'«AfriFlu» a mis en évidence la nécessité, pour les pays africains, de «mieux comprendre» la grippe afin d'engager une lutte adéquate. Cela suppose, comme l'a souligné l'AMP, la mise place des mesures de prévention et des politiques de vaccination propres à chaque pays, mais surtout le renforcement des capacités de surveillance sur l'ensemble du continent. Pour y arriver, c'est sur l'échange d'informations épidémiologiques et la collaboration entre les systèmes nationaux de notification qu'il faut d'abord compter. Selon le Dr. Abderrahmane Ben Mamoun, chef de la Division des maladies transmissibles au ministère de la Santé, qui a participé activement aux travaux de ce meeting, il faudra sensibiliser les Etats pour accorder plus d'importance à cette maladie dans leurs politiques de santé et intégrer la vaccination contre la grippe saisonnière aux programmes des vaccinations. Le Maroc dispose depuis 1996 d'un système de surveillance de la grippe saisonnière. Pour ce qui est du Maroc, ce médecin a indiqué que depuis 1996 un système de surveillance de la grippe saisonnière est adopté sur le plan national à travers un réseau sentinelle composé d'hôpitaux régionaux et de cliniques privées. Plus qu'un meeting d'information, cette première édition «AfriFlu» a offert aux experts l'occasion d'identifier les besoins pour mieux comprendre l'impact de la grippe. Il leur a permis d'évaluer la capacité actuelle de mise en place de programmes de vaccination dans des régions déterminées du Continent et surtout de formuler des recommandations pour promouvoir la recherche sur la grippe en Afrique. D'ailleurs un rapport complet sera établi à l'issue de cette rencontre présidée par le professeur Peter Ndumbe, doyen de la Faculté des sciences de la santé de l'Université de Buéa au Cameroun, et président du Comité scientifique d'«AfriFlu». Plusieurs séances plénières, discussions de groupes, tables rondes et ateliers y ont été organisées. « AfriFlu a été une occasion unique de rencontre entre praticiens de la grippe de plus de 20 pays d'Afrique et partenaires internationaux pour analyser l'impact de la grippe en terme de santé publique en Afrique et les options pour lutter contre cette dernière», a déclaré le Dr. Brad Gessner, directeur scientifique de l'AMP. Les participants ont présenté les études de cas sur la grippe dans différents pays, dont le Maroc, l'Afrique du Sud et la Côte d'Ivoire. «La qualité des interventions et des discussions ont montré le haut niveau d'intérêt et de motivation des acteurs de santé publique pour relever les défis spécifiques posés par la grippe sur le Continent africain. AfriFlu a également ouvert la voie pour la première réunion de la nouvelle Alliance contre la grippe en Afrique (Africa Flu Alliance)», a affirmé Alfred Da Silva, directeur exécutif de l'AMP. Agir, les intervenants s'y sont montrés prêts. Et ils ont bien raison, car l'impact économique de la grippe s'alourdit d'année en année. L'impact le plus lourd de la grippe provient, selon l'AMP, de l'absentéisme au travail et de la perte de productivité, qui représentent 80 à 90% du coût total de la maladie. En France, en Allemagne et aux Etats-Unis, le coût annuel total des épidémies de grippe est estimé entre 1 et 6 millions de dollars pour 100.000 habitants. Prévention La vaccination, meilleur moyen Pour éviter la transmission, les personnes infectées doivent se couvrir la bouche et le nez avec un mouchoir lorsqu'elles toussent ou éternuent et se laver les mains régulièrement. La vaccination est le meilleur moyen de prévention contre l'infection et les complications de la maladie. En 2003, l'Assemblée mondiale de la santé a incité ses pays membres à adopter des politiques de vaccination contre la grippe. Le but est d'augmenter la couverture vaccinale chez toutes les personnes à risque et de couvrir au minimum 75% chez les personnes âgées d'ici 2010. Des vaccins sûrs et efficaces sont disponibles et utilisés depuis plus de 60 ans. La vaccination est particulièrement importante chez les individus à risque de complications sévères et chez les personnes qui habitent avec des populations à risque ou s'en occupent. Chez les personnes âgées, la vaccination réduit la fréquence des formes sévères et des complications jusqu'à 60% et réduit les décès jusqu'à 80%. Chez les adultes en bonne santé, la vaccination contre la grippe permet de prévenir entre 70 et 90% des infections. Un des défis de la prévention vaccinale est de convaincre les patients de se faire vacciner, d'éduquer les patients au sujet de la maladie et de les rassurer vis-à-vis de la vaccination.