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Centre de sauvegarde de l'enfance : Le CNDH tire la sonnette d'alarme
Publié dans Le Soir Echos le 22 - 05 - 2013

«On ne mange pas bien, la nourriture ne suffit pas, les draps sont sales, on a rarement droit à de l'eau chaude pour les douches et on a froid la nuit ». Ce témoignage émouvant d'un petit enfant placé dans un centre de sauvegarde de l'enfance reflète la réalité quotidienne amère des hôtes de ces centres d'accueil sencés assurer une rééducation des enfants et les préparer à la réinsertion familiale et les réintégrer dans la société. Pour le CNDH (Conseil national des droits de l'Homme), qui a réalisé une enquête de terrain dans 17 centres de sauvegarde de l'enfance en 2012 et dont les résultats ont été présentés lundi 20 mai à Rabat , « les enfants dans les centres de sauvegarde sont une enfance en danger». Ce sont des enfants âgés de 3 à 18 ans dont des filles enceintes, des filles mères accompagnées de leurs bébés, des enfants en situation difficile, des enfants ayant commis des délits, certains ont des addictions, d'autres présentent des troubles mentaux…Tous réunis dans un seul endroit sans que la sécurité ne soit garantie ainsi qu'un encadrement adapté pour une meilleure rééducation.
Des conditions de vie indignes
Le Conseil national des droits de l'Homme tire la sonnette d'alarme sur la situation qui règne dans ces centres. « Les conditions de vie de ces centres ne garantissent pas les droits fondamentaux des enfants placés. Ils constituent une atteinte à leur dignité et compromettent leur développement physique et psychique », souligne le CNDH dans son rapport. « La literie ainsi que les draps et couvertures ne sont pas suffisamment entretenus et renouvelés de façon à en assurer la propreté. Les dortoirs ne sont pas systématiquement équipés de casiers personnels avec des clefs où les enfants peuvent déposer leurs effets personnels, ce qui amène les enfants placés dans certains centres (Marrakech-garçons, Fkih Ben Saleh, Berrechid) à déposer leurs affaires à même le sol…L'hygiène des installations sanitaires laisse souvent à désirer », poursuit-il.
Les enfants interviewés déplorent également le manque de vêtements. Ils expriment un sentiment d'infériorité, constate le CNDH, les vêtements étant souvent usagés ou ne convenant pas à leur taille. Beaucoup de bénéficiaires ont déclaré qu'ils n'avaient pas changé leurs vêtements depuis leur arrivée (plus d'un mois pour certains) en raison du manque d'une seconde tenue et de possibilité de lavage.
Ce manque d'hygiène a causé l'émergence de plusieurs pathologies dont les maladies dermatologiques et pulmonaires dont certaines sont contagieuses telles que la gale et la tuberculose. Les enfants souffrent également du diabète et de l'hépatite ainsi que de troubles mentaux et psychologiques.
Abus sexuel, violence…
Quid de la sécurité des enfants ? Selon le CNDH, les enfants sont exposés à diverses formes de violences physiques et morales, exercés soit par certains éducateurs, soit par d'autres enfants. « Les enfants les moins âgés ont fait état de violence et d'abus sexuels exercés sur eux par les enfants plus âgés, plus forts ou violents. Ils ont d'ailleurs exprimé leurs craintes et leurs angoisses surtout la nuit ». Ils sont également légion. « Certains encadrants, lors des entretiens ont relevé l'existence d'abus sexuels entre enfants. Certains enfants jugés pour viols sur enfants partagent les mêmes dortoirs avec de très jeunes enfants », souligne le CNDH, qui déplore le manque de sécurité pour les enfants. Certains centres ont fait l'objet d'attaques à l'arme blanche commises par des bandes externes. En ce qui concerne l'accès à des mécanismes de recours pour les enfants victimes de violence, de mauvais traitements, d'abus ou d'exploitation, le CNDH déplore l'absence d'un mécanisme de plaintes institutionnalisé qui leur garantit l'écoute et la protection. Un grand nombre d'enfants placés est victime de châtiments corporels, de brimades et d'insultes. Certains anciens pensionnaires interviewés ont révélé que tout enfant, qui se plaint pour quelque motif que ce soit auprès de l'administration est considéré comme un élément perturbateur qui incite les autres au désordre et à la désobéissance.


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