Une rencontre riche en révélations scientifiques. On pourrait résumer la conférence sur « les déchets : comment régler un problème environnemental et faire beaucoup d'argent » animé par le Pr. Jamal Chaouki mercredi dernier à l'université internationale de Casablanca (UIC). Selon le directeur du centre de recherche en ingénierie des procédés Bioraffinage (CRIP) a l'Ecole polytechnique de Montréal au Canada, sur les 3,6 milliards de tonnes de déchets produits chaque année dans le monde, seuls 7% sont recyclés et le reste est enfoui, ce qui implique selon lui, beaucoup de transport. Privilégier le traitement thermique des déchets ... Pour montrer l'ampleur des moyens de transports nécessaires pour évacuer ses immondices, il utilise une métaphore qui en dit long ! « Le transport annuel des déchets dans les pays développés fait 10 000 fois la distance Terre-Mars ». Selon lui, cette situation résulte de l'inefficacité du secteur industriel car seulement « 25% des matières premières utilisées par l'industrie aboutissent à des produits finis, les 75% restants sont des déchets auxquels viendront s'ajouter les produits finis à la fin de leur cycle de vie », note-t-il. Pour renverser cette tendance, il préconise le traitement des déchets sur place. Pour ce faire, il suggère le traitement thermique en lieu et place du traitement chimique et du traitement biologique. Trois procédés Plus prosaïquement, c'est un traitement qui combine trois procédés : « combustion ou co-combustion », « gazéification » et « prylose ». Le premier procédé consiste à utiliser l'oxygène pour brûler les déchets qui génèrent du gaz carbonique (CO2) ou de l'eau (H2O). On parle de co-combustion quand on utilise le charbon pour brûler d'autres déchets, triés, granulés, densifiés, et pulvérisées, précise-t-il. La gazéification nécessite la conversion de matières carbonisées ou organiques en gaz de synthèse pouvant «être converti en carburant avec le procédé du Fischer Tropsch ». Quant à la pyrolyse, c'est une réaction chimique pour décomposer un corps organique sous l'effet de la chaleur. Elle permet d'obtenir du gaz, de l'huile et du charbon. Le Pr. Jamal Chaouki développe ces procédés avec la société canadienne Ecolomondo Inc. Projet de recyclage du soufre avec l'OCP Durant cette conférence, le professeur a aussi révélé qu'il travaille sur un projet – en cours de conception – de recyclage du soufre utilisé pour s'attaquer aux roches, via le procédé de la gazéification, avec l'Office Chérifien des Phosphates (OCP). Un projet qui permettra à l'OCP d'économiser de l'argent d'autant plus qu'il « importe 500 millions de tonnes de soufre chaque année et la tonne se vend entre 900 et plus de 1 000 dollars ». Un impact aussi environnemental car avec le recyclage du soufre, l'OCP ne déversera plus le phosphogypse en mer, un gaz radioactif cancérigène. Le détenteur principal de la chaire CRSNG-Total sur le développement de nouveaux procédés à hautes pressions et température a tenu à faire quelques mises au point sur l'usage des panneaux solaires et des sacs en papier. «Méfiez-vous des panneaux qui transforment l'énergie solaire en électricité. Total a fait des essais sérieux sur leur durée de vie. Elle n'est que de 5 ans au lieu de 15 ou 20 ans que soutiennent les fabricants », prévient-il. Les sacs en papier présenté comme une des alternatives aux sachets en plastique, aussi paradoxale que cela puisse paraître, seraient aussi un facteur néfaste pour l'environnement. « Le sac en plastique endommage moins l'environnement que le sac en papier, si on analyse leur cycle de vie selon la « théorie du berceau au tombeau ». Deux nouveaux axes de recherche pour les écolos !