L'artiste franco-tunisienne, Meriem Bouderbala, expose jusqu'au 10 mars à Rabat. Sous le titre de «Etoffes cutanées», la photographe nous dévoile des femmes mystérieuses et sublimes drapées de tissus et de poésie. On peut passer tous les matins devant le même décor, et ne plus y prêter attention, ou au contraire ne jamais s'en lasser et s'émerveiller chaque fois de ce qui nous entoure. C'est dans cette deuxième catégorie que se place Meriem Bouderbala. Ses œuvres ne laissent jamais indifférent. Particulièrement dans «Etoffes cutanées», une série de photographies réalisées entre 2008 et 2009 qu'elle expose jusqu'au 10 mars à la galerie d'art CMOOA de Rabat. Bédouine, étoffes cutanées, chute éclairage, autant d'œuvres à travers lesquelles Meriem Bouderbala a choisi d'engager son corps, le dédoublant dans un jeu de superpositions, de déformations et de multiplications qui immergent le spectateur dans des figures hésitantes et incertaines. «Oser secouer les dogmes et ne pas s'arrêter à la surface des choses», tel est le message, nous disent les organisateurs de l'exposition, que Meriem Bouderbala tente de faire passer. Et ce, au travers de photographies agréablement surprenantes qui nous font prendre la pleine mesure de l'infinité de l'art photographique. Si les thèmes auxquels elle se consacre depuis plusieurs années déjà ne sont pas nouveaux, sa vision et la manière dont elle l'aborde le sont davantage. Son nomadisme entre Orient et Occident, y a certainement contribué. Drapées dans leurs burkas noires, rouges ou ocres, les femmes qu'elle photographie défient et questionnent avec subtilité et sans provocation aucune, la peinture orientaliste pour nous offrir un autre regard subtil et nouveau sur la féminité. Née à Tunis en 1960, Meriem Bouderbala suit des cours de gravure et peinture à l'école des Beaux Arts d'Aix-en-Provence d'où elle sort diplômée en 1985, avant de partir pour Londres où elle s'inscrit à l'école d'Art de Chelsea, section gravure. Elle peint sur différents supports (toile, papier, verre, tissu) et enrichit ses couleurs de sable ou de limaille de fer. Elle est aussi scénographe et metteur en scène de pièces de théâtre comme «UBU en Palestine» présentée à Ramallah en 2002. Depuis peu, Meriem Bouderbala s'est tournée vers la photographie. Elle figure parmi les rares artistes à combiner des compétences variées telles que la peinture, la photographie, l'installation et la vidéo qu'elle met au service des différents supports qu'elle explore comme la toile, le papier, le verre et comme ici, les tissus. Drapées dans leurs burkas noires, rouges ou ocres, les femmes qu'elle photographie défient et questionnent avec subtilité et sans provocation aucune, la peinture orientaliste pour nous offrir un autre regard subtil et nouveau sur la féminité.