Vous avez célébré les 7 et 8 mai dernier le centenaire du HCEFLLD. Après le bilan, place aux défis ? Le HCEFLCD a engagé sur la base des études, des plans et des programmes sectoriels, un processus de planification opérationnel pour une période décennale et dont l'intégration territoriale constitue la pièce maîtresse de la lutte contre la désertification, une préoccupation constante dans les programmes et projets de développement territoriaux. Ce programme décennal (2005-2014), composé de projets territorialisés adaptés aux réalités locales avec un budget global de 8 milliards de dirhams a été élaboré selon une approche participative et ascendante qui s'appuie sur une gestion partenariale de l'espace. La mise en œuvre est assurée de manière déconcentrée à travers des contrats-programmes annuels régionalisés, sur la base d'une nouvelle gouvernance reposant sur quatre cultures : le projet, la responsabilité, la contractualisation et le résultat. Comment comptez-vous mettre en œuvre ce programme ? Les objectifs stratégiques du programme décennal 2005-2014 consacrent la multifonctionnalité des écosystèmes forestiers et visent, la lutte contre la désertification, la conservation et le développement des ressources forestières et le développement humain dans les espaces forestiers et péri-forestiers. Pour répondre aux objectifs retenus, les principaux axes, qui s'inscrivent dans le programme décennal du HCEFLCD, concernent la sécurisation de tout le domaine forestier (9 millions d'hectares); l'inversion des tendances actuelles de la dégradation du couvert forestier par le reboisement, la régénération et l'amélioration sylvo-pastorale sur 400 000 ha. Figurent dans ce programme, la maîtrise de l'érosion hydrique sur 1,5 millions d'hectares ainsi que d'autres mesures d'accompagnement pour la promotion du développement local, la contribution des espaces forestiers à l'amélioration des conditions de vie des populations riveraines, la conservation et la valorisation de l'importante biodiversité que recèle notre pays dans 154 sites d'intérêt biologique et écologique couvrant 2,5 millions d'hectares, la prévention contre les incendies et la mise en place d'un système permanent de suivi de la santé des forêts et l'amélioration de la contribution des produits forestiers locaux à la couverture des besoins de l'industrie et de l'artisanat, ainsi que l'amélioration de la compétitivité des filières forestières. Pour la célébration de ce centenaire vous avez choisi comme thème central « La gestion du patrimoine forestier dans le contexte de la régionalisation avancée ». Que revêt ce concept ? Cet événement célébré sous le symbole de « la régionalisation avancée », se veut une occasion pour rendre hommage à une institution qui a toujours joué un rôle important dans le développement socioéconomique des populations riveraines des milieux forestiers. S'inscrivant sur la voie de la régionalisation avancée, en prenant acte et en considérant ses finalités, ses implications et ses impacts, le HCEFLCD conduit une réflexion sur les impacts et les implications de la mise en place de la régionalisation avancée sur les services du HCEFLCD. Le développement durable intégré constitue une finalité fondamentale de la régionalisation avancée. La traduction de cet engagement et de ses principes constitueront une avancée indéniable sur la voie de la conservation et du développement durable des ressources naturelles et de la prise en considération de la dimension environnementale. La mise en place du projet de la régionalisation avancée et son fonctionnement requièrent un large processus de préparation des dispositions réglementaires touchant les aspects organisationnels, institutionnels et fonctionnels. Quatre panels dont deux sur le « droit d'usage et le droit de propriété », et « les fondements de la législation forestière et les défis du développement durable » ont été organisés. Pouvez-vous nous éclairer davantage sur le contenu de ces thématiques ? Le panel sur les droits d'usages et de propriété a pour objectif de mettre en exergue la distinction entre le droit d'usage au bénéfice des communautés rurales et le droit de propriété de ce patrimoine national. Le législateur a introduit la notion de droits d'usages au respect des pratiques coutumières exercées par les populations riveraines en forêt. Les droits d'usage sont reconnus aux populations relevant des tribus et fractions reconnues usagères lors de la délimitation forestière, et que ces droits sont incessibles et inextensibles à autrui. Ils portent principalement sur le parcours en forêt, le ramassage du bois de chauffe (bois mort) et du bois de construction à usage domestique et la cueillette de plantes aromatiques et médicinales et ce, dans la limite de la possibilité productive de la forêt. Ces usages sont plus élargis pour le cas de l'arganeraie et englobent la cueillette des noix pour l'extraction de l'huile d'argan et la mise en culture du sol. La confusion entre le droit d'usage et le droit de propriété, rend la résolution des problématiques liées à l'exercice des droits d'usage beaucoup plus complexe. Les termes de négociation à engager avec les différentes parties prenantes, doivent porter sur les opportunités qu'offre une utilisation collective et responsable des ressources forestières au service de la collectivité nationale, comparativement à une appropriation des espaces forestières qui ne peut servir que l'intérêt d'une minorité de bénéficiaires. Au cours du panel sur les fondements de la législation forestière et les défis du développement durable, on a démontré que le recours à la procédure d'immatriculation foncière permet la clarification des statuts fonciers des terres, la sécurisation des droits des propriétaires limitrophes et la sauvegarde des droits d'usage légalement reconnue. L'implication des usagers et le tissu associatif dans les mécanismes de la gestion des espaces forestiers est progressivement prise en compte.