Vous organisez les 1er et 2 avril prochain des journées de sensibilisation autour de l'autisme, une maladie qui devient de plus en plus fréquente, en collaboration avec l'association Kira 13 Hay Mohammadi. Quel est le message que vous voulez faire passer ? Le 2 avril est la journée internationale de l'autisme. Nous saisissons cette occasion pour sensibiliser le grand public sur cette maladie de plus en plus fréquente dans le monde y compris au Maroc. Selon les statistiques de l'OMS, l'autisme touche une personne sur 100. Au Maroc, nous ne disposons pas de statistiques car le ministère de la Santé n'a jamais entrepris d'étude sur ce fléau. Les associations qui oeuvrent dans le domaine estiment que le nombre des autistes au Maroc oscille entre 250 000 à 300 000 personnes. Un chiffre qui va crescendo. Au niveau mondial, les spécialistes tirent la sonnette d'alarme. Le taux de croissance de la maladie est de 10 à 17%. Nombreux sont les Marocains qui ne connaissent pas cette maladie et encore moins la prise en charge de l'enfant autiste. Pis encore, les professionnels de la santé ont très peu d'informations sur cette pathologie. Alors que l'autiste exige une prise en charge très spécifique et à vie. Le pays souffre d'un déficit de compétences en la matière et il manque notamment des orthophonistes et des psychomotriciens. Face à cette problématique, le ministère de la Santé ne bouge même pas le petit doigt. Les parents des enfants autistes sont livrés à eux-mêmes. La journée internationale de l'autisme est donc l'occasion de mobiliser l'opinion publique au côté des personnes autistes et de leurs familles. Nous organisons des journées de sensibilisation pour améliorer la connaissance des Marocains sur ce handicap et faire tomber les préjugés. La question de l'insertion scolaire de l'enfant autiste se pose avec acuité. Que pouvez-vous dire à ce sujet ? Les enfants autistes sont super-doués. Ils ont droit à l'éducation. Notre association se mobilise pour l'intégration en milieu ordinaire des enfants ou adolescents autistes. Aujourd'hui, notre association suit 26 enfants autistes qui sont intégrés dans des classes d'intégration des écoles publiques. Le ministère de l'Education nationale nous aide en mettant à notre disposition des classes et des éducatrices. Cependant, le coût de prise en charge d'un enfant autiste est très élevé pour les parents qui déboursent entre 2 700 et 3 000 DH par mois. L'enfant autiste a besoin également d'un accompagnement et d'une éducatrice à vie à la maison. Le 1er avril 2006, une convention quadripartite a été signée pour la prise en charge des enfants à besoins spécifiques notamment les enfants autistes. Qu'elles ont été les avancées sur le terrain, entre 2006 et 2013? Les quatre parties signataires de l'accord sont les ministères de l'Education, de la Santé et la Fondation Mohammed VI de solidarité et le Secrétariat d'Etat marocain à la Famille, à l'Enfance et aux Personnes Handicapées. Le seul ministère qui a honoré ses engagements est l'Education nationale en mettant à la disposition des associations des classes d'intégration au niveau des écoles publiques. La Santé et le Secrétariat d'Etat marocain à la Famille, à l'Enfance et aux Personnes Handicapées, devenu actuellement ministère de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement Social n'ont rien fait au profit de personnes autistes. Nous saisissons cette occasion pour lancer un appel à ces ministères pour respecter leurs engagements. Le nombre des associations œuvrant dans le domaine de la lutte contre l'autisme au niveau national concerne 150 ONG. Cependant, le collectif autisme Maroc ne compte que 25 ONG spécialisées dans le domaine de l'autisme. Pourquoi les ONG sont-elles divisées ? Le collectif autisme Maroc regroupe les associations qui sont des partisans de l'approche d'intégration en milieu ordinaire de l'enfant autiste. Les autres associations s'opposent à cette approche et plaide pour la construction de centre spécialisé pour la prise en charge des autistes. Concernant cette approche, les chances d'intégration sont très minimes et le coût est très élevé.