«Diane 35 » désormais indésirable dans les rayons de pharmacies au Maroc. Après la France, le Royaume a décidé d'interdire la commercialisation du médicament sur le territoire national. La décision a été officialisée lundi par le ministère de la Santé qui a décidé aussi de suspendre les autorisations de mise sur le marché (AMM). Cette interdiction ne sera rendue effective que dans trois mois, mais les autorités invitent dès à présent les patientes qui utilisent ce médicament à demander conseil à leur médecin pour adapter leur traitement. Aux pharmacies d'officine, le ministère demande de ne délivrer le Diane 35 que sur prescription médicale. Les citoyens et professionnels qui auraient constaté les effets indésirables pourront le signaler via le numéro vert 0801 00 01 80, mis à leur disposition par le centre antipoison et de pharmacovigilance du ministère. Le médicament est commercialisé au Maroc sous l'autorisation de mise sur le marché délivrée en 1990 et renouvelée en décembre 2011. Un usage détourné du médicament Alors que le médicament fait actuellement polémique dans l'Hexagone, les autorités sanitaires ont préféré jouer la carte de la prudence. Dans un communiqué du 29 janvier dernier, le ministère annonçait que « Diane 35 est autorisée à la commercialisation au Maroc depuis le 11 juin 1990 exclusivement pour le traitement de certains troubles hormonaux androgéniques chez les femmes présentant des symptômes d'acné sévère, un hirsutisme léger ou une alopécie d'origine hormonale. Le médicament possède également une action contraceptive, pour laquelle il n'a pas d'autorisation de mise sur le marché marocain de même que dans les pays européens et nord-américains. La prescription de ce médicament est, de ce fait, limitée à l'amélioration des symptômes cutanés et ne peut donc être utilisé comme produit contraceptif. » Qui a pu donc dissuader le ministère de suspendre ce produit estampillé « nouveau médiator » ? En effet, Diane 35 est un médicament fabriqué par les laboratoires allemand Bayer et dont l'usage originel reste le traitement de l'acné sévère chez la femme. Mais suite à un examen des données récentes de pharmacovigilance et des études de sécurité d'utilisation du médicament et ses génériques, la Commission nationale consultative de pharmacovigilance a constaté qu'au Maroc le médicament était détourné de son usage originel. Certaines patientes utilisent le Diane 35 comme moyen de contraception, ce qui les expose à des risques de thromboses veineuses et d'embolies artérielles. Ces médicaments à polémique ! La polémique sur l'usage détourné des médicaments n'est pas une première. Déjà en novembre 2009, la France avait décidé de retirer du marché « le Mediator » – vendu depuis 1976- après avoir constaté que ce médicament, prescrit à l'origine pour faire baisser le taux de cholestérol, était utilisé pour soigner le diabète. Une étude menée par la Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM) en France avait démontré qu'il a causé la mort d'au moins 500 personnes et entraîné 3 500 hospitalisations. Une autre étude avait aussi dévoilé que plus de 2,9 millions de Français en ont pris pendant plus de 3 mois et 300 000 patients étaient encore en cours de traitement à la date d'entrée en vigueur de l'interdiction. Le « Mediator » a été aussi interdit au Maroc à l'époque, comme c'est le cas actuellement pour le «Diane 35 ».