«Dans certains pays, la politique d'austérité et le recentrage des efforts sur le retour à l'emploi des personnes privées de travail par la crise risquent de rendre la question de l'égalité hommes-femmes moins prioritaire», c'est ce qu'estime l'Organisation de Coopération et de Développement économique (OCDE) dans son dernier rapport sur la question. Le rapport de l'OCDE pointe du doigt l'inégalité des chances entre les hommes et les femmes au niveau de l'accès aux postes d'emploi et au niveau des rémunérations. Qui disait que le travail féminin est facteur de développement économique ? Le dernier rapport de l'OCDE sur l'égalité des chances en matière d'emploi est accablant. Selon l'OCDE, les hommes gagnent en moyenne 16 % de plus que les femmes pour une activité similaire. «La réduction des dépenses publiques qui affaiblissent les politiques familiales peut être préjudiciable aux femmes, en particulier aux mères isolées», note l'OCDE. Son rapport craint «un effet de découragement (…) en particulier chez les femmes ayant un bon niveau d'études et qui, voyant la récession empirer, pourraient décider de renoncer à leur activité professionnelle». Pourtant, une convergence totale des taux d'activité des hommes et des femmes permettrait d'accroître le PIB de 12 % en vingt ans. Par ailleurs, en dépit des avancées en matière d'éducation et d'emploi, un manque de soutien dans le cadre de la maternité empêche les plans de carrière des femmes. Deuxième salaire pour les impôts Au sommet de l'échelle sociale, cet écart peut atteindre 21 % dans les pays analysés, si l'on en croit l'étude. Dans les familles qui élèvent un ou plusieurs enfants, la différence peut avoisiner 22 %. Elle se réduit à 7 % pour les couples sans enfant. Après déduction des frais de garde, plus de la moitié du deuxième salaire, soit 52%, part en impôts, note l'OCDE. Cette proportion atteint même 65 % voire plus dans certains pays, parmi lesquels l'Allemagne, les Etats-Unis et la Suisse. Aussi, le rapport insiste sur les disparités observées dans l'entrepreneuriat. Dans les pays de l'OCDE, la proportion d'entreprises appartenant à des femmes est de 30 %. Les femmes à leur compte ont un revenu inférieur de 30 à 40 % à celui des hommes dans une situation similaire. Les inégalités entre hommes et femmes se retrouvent dans tous les domaines de la vie économique et représentent une importante perte de richesse potentielle en termes de productivité et de niveau de vie, pour les intéressées elles-mêmes et pour l'ensemble de l'économie. Ce nouveau rapport de l'OCDE examine comment réduire au mieux les inégalités entre les sexes selon quatre axes : les normes sociales et les politiques publiques, l'éducation, l'emploi et l'entrepreneuriat. Au Maroc, l'accès au marché du travail pour les femmes est toujours aussi faible, soit 28 femmes contre 84 hommes (chiffres de 2010). Ensuite, le revenu pour les femmes est toujours 4 fois inférieur à celui des hommes. La France, cas type En France par exemple, les filles dépassent leurs congénères masculins en matière d'éducation : 85 % des filles de 25 à 34 ans sont au moins diplômées du second cycle de l'éducation secondaire contre 83 % des garçons du même âge; mais surtout, 48 % des filles sont diplômées de l'enseignement supérieur contre 38 % des garçons. Toutefois, les domaines d'études restent fortement différenciés selon le sexe puisque 60 % des diplômes sont octroyés à des filles dans les secteurs de la santé ou des formations sociales, tandis que les diplômés en informatique sont à 82 % des hommes. Avec un taux de 60 %, l'emploi des femmes de 15 à 64 ans est à un niveau égal à la moyenne OCDE (60 %) en 2010. Les françaises occupent aussi plus souvent des postes de direction que la moyenne: 38 %, contre une moyenne de 33 % dans l'OCDE. Mais elles ont accès à un nombre de professions plus restreint que les hommes, la féminisation de certains secteurs, comme par exemple la médecine, tendant à s'accroître. En outre, de fortes disparités d'accès à l'emploi des femmes subsistent selon la composition du ménage. La naissance d'enfant crée ainsi des interruptions de carrière, surtout durant les trois premières années de l'enfant; elle affecte aussi nettement la durée du travail et l'écart de salaire entre hommes et femmes qui est accru de 12 % en présence d'au moins un enfant pour les salariés à temps plein. Ces interruptions de carrières conduisent, en outre, à un écart de pensions de retraite plus important en France que dans la moyenne des pays de l'OCDE : les femmes perçoivent une pension de retraite qui est en moyenne inférieure de 39 % à celle des hommes, l'écart étant de 34 % en moyenne dans l'OCDE. Messages clés Une plus grande égalité entre garçons et filles en ce qui concerne le niveau de formation atteint a un effet positif fort sur la croissance économique Lutter contre les stéréotypes dans le choix des études à l'école dès le plus jeune âge. Créer des modes de garde d'enfant de qualité en un coût abordable Multiplier les mesures destinées à soutenir l'entrepreneuriat au féminin Réduire des différences en matière de choix d'orientation et de profession Partage plus équilibré de la prise en charge des enfants par les parents * Tweet * * VN:F [1.9.21_1169] please wait… Rating: 0.0/5 (0 votes cast) VN:F [1.9.21_1169] Rating: 0 (from 0 votes)