Les militants des droits de l'Homme commémorent le 11 décembre la journée nationale de la femme militante. Des activités sont prévues au cours de ce mois, dont un vibrant hommage à celles qui ont donné de leur temps et de leur repos pour la dignité et l'égalité. Saïda Menbhi est morte en militante, comme elle l'avait prédit. Les militants des droits de l'Homme commémorent le 11 décembre prochain la journée nationale de la femme militante. Plusieurs activités sont prévues au programme de cette journée instaurée par l'AMDH (Association marocaine des droits humains) à la mémoire de Saïda Menbhi, jeune militante de la gauche marxiste devenue une icône féminine du mouvement d'inspiration marxiste-léniniste Ilal Amam (En avant). « C'est le 35e anniversaire du décès de Saïda Menbhi, symbole du dévouement de la femme marocaine pour le bien-être des autres. À cette occasion, nous rendons hommage à celles qui militent dans l'ombre pour la liberté, la dignité et l'égalité. Des femmes donnent de leurs temps, de leur repos et de leur confort pour de causes nobles et pour le bien-être des autres. Cette année, nous allons rendre hommage aux femmes du mouvement du 20 février et aux mères des détenus politiques», souligne Khadija Ryadi, Présidente de l'AMDH. L'événement, qui sera célébré dans les différentes villes du pays, sera ponctué de témoignages poignants de militantes. Des conférences sur les droits des femmes sont également prévues. Hommage à une femme courageuse « Saïda Menbhi est décédée le 11 décembre 1977 suite à une grève de la faim. Sa mort a été le début de la vie pour les autres, puisque c'est grâce à son action que les conditions des détenus politiques ont été améliorées. C'est la raison pour laquelle, nous avons décidé de faire du 11 décembre la journée nationale de la femme militante. Les autres associations des droits de l'Homme ont adhéré à notre initiative entreprise, pour ne pas oublier ce sacrifice». Flash back. Le 11 décembre 1977, à l'hôpital Averroes de Casablanca,Saïda Menbhi, une jeune militante de la gauche marxiste décède suite à une grève de faim initiée avec d'autres détenus politiques en guise de protestation contre les conditions d'incarcération. L'initiative consistait à faire 40 jours de grève de faim. Saïda dont l'état de santé s'est dégradée rendra l'âme, alors qu'elle a à peine 25 ans. « Elle marquera l'histoire par son abnégation et son dévouement. Sa célèbre parole qu'elle a inscrite par son propre sang sur le mur de sa cellule dans la prison de Casablanca restera indélébile. Elle a écrit qu'elle mourra militante » raconte avec nostalgie Khadija Ryadi. Alors étudiante d'anglais à l'université de Rabat, cette native de Marrakech militera au sein du mouvement estudiantin de l'UNEM (Union Nationale des Etudiants du Maroc). Elle participera activement aux manifestations. Les arrestations se multiplient dans les rangs des étudiants et des partisans de l'UNEM. Saïda Menbhi sera épargnée. Après dissolution du mouvement, Saïda Menbhi, alors devenue enseignante d'anglais dans un collège de la capitale, adhèrera au mouvement Ilal Amam tout en étant membre de l'UMT (Union Marocaine du Travail). En 1976, une vague d'arrestations frappe le mouvement de gauche marxiste. Saïda Menbhi sera arrêtée le 16 janvier à Rabat avec trois autres militants à savoir Rabea Ftouh, Abraham Serfaty et Fatima Oukacha. « Elle subira des tortures physiques et psychologiques dans le centre de torture de Derb Moulay Cherif » témoigne un des militants du mouvement. Militante jusqu'au bout Elle sera jugée au procès de Casablanca de janvier 1977 avec 138 autres camarades marxistes-léninistes inculpés pour atteinte à la Sûreté de l'Etat et sera condamnée à cinq ans de détention. Lors de l'audience, Saïda Menbhi dénoncera haut et fort la situation d'oppression que subissent les femmes au Maroc. « Deux ans de plus », s'écrit le juge pour injure à magistrat. Elle sera incarcérée à la prison de Casablanca, où elle est placée en isolement. Alors que les autres militants condamnés lors du procès sont transférés à la prison centrale de Kénitra, Saïda Menebhi ainsi que ses trois camarades, Rabea Ftouh, Abraham Serfaty et Fatima Oukacha, restent à la prison civile de Casablanca. « Dans la prison, elle rencontrera des femmes avec lesquelles elle a eu de longues discussions sur leurs conditions de détention et les raisons de leur arrestation. Saïda Menbhi écrira un long article dans lequel elle dénonce la situation inhumaine des femmes en prison et leurs souffrances » poursuit Khadija Ryadi. En novembre 1977, les condamnés du procès de Casablanca décident d'observer une grève de la faim de 40 jours. Leurs revendications ? Ils réclament le statut de prisonnier politique, des conditions humaines de détention et la fin de l'isolement pour Abraham Serfaty, Rabea Fetouh, Saïda Menebhi et Fatima Oukacha. Saïda Menbhi décédera le 11 décembre, devenant ainsi une icône. * Tweet * *