La rentrée parlementaire s'annonce studieuse. Le roi Mohammed VI appelle les élus à ne ménager aucun effort pour mettre en œuvre les réformes et établir un code éthique afin d'améliorer leur action. Le roi Mohammed VI s'adressant aux parlementaires vendredi lors de l'ouverture de la 1ère session de la 2ème année législative. Vendredi 12 octobre, 15h. Aux portes arrière du Parlement, des élus, vêtus de l'habit traditionnel, pressent le pas pour rattraper leur retard. Ils ont été appelés à se présenter à 14h. Dispositif sécuritaire exceptionnel, il est interdit d'introduire un téléphone portable, un appareil photographique ou un sac. Aujourd'hui, c'est la rentrée parlementaire qui inaugure la 1ère session de la 2ème année législative de la 9ème législature. Comme le prévoit la loi suprême de la Nation, c'est le souverain en personne qui en donne le coup d'envoi à 16h précises par la voie d'un discours, le premier qu'il adresse aux élus après les élections et l'adoption de la nouvelle Constitution. Des priorités « loin de tout a priori » Bref, concis et précis, le roi fait appel à la conscience des élus et met en évidence l'importance de leur mission dans la mise en œuvre de la Constitution. « Vous avez le privilège d'être les membres d'un Parlement engagé dans une législature ayant la charge d'élaborer des lois organiques nouvelles et des lois ordinaires, appelées à parachever de manière optimale et dans les domaines les plus divers les dispositions de la nouvelle Constitution», rappelle le souverain. Face à l'engagement attendu, ce sont les chantiers de la réforme qui se dressent à commencer par l'organisation territoriale. La concrétisation des dispositions constitutionnelles liées aux régions et collectivités et l'application des recommandations de la Commission consultative de la régionalisation en tracent la feuille de route. Sur cet axe repose un autre, celui d'assurer les conditions juridiques et organisationnelles pour le renouvellement de la Chambre des conseillers adaptée à l'actuelle Constitution. Autre priorité soulevée par le souverain : la réforme de la justice nécessitant l'adoption des lois organiques sur le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire et le statut des magistrats. Le roi exhorte la Haute instance du dialogue pour la réforme du système judiciaire à privilégier l'indépendance de la justice. A cela s'ajoute l'urgence d'opérationnaliser les instances de gouvernance, le Conseil national des langues et de la culture marocaine et l'officialisation effective de la langue amazighe « loin de tout a priori et de tout calcul étroit ». Une pratique éthique L'action parlementaire doit s'émanciper de l'appartenance politique pour ne se consacrer qu'à l'intérêt national. Le roi Mohammed VI estime que le Parlement doit conjuguer dialogue et crédibilité, invitant les députés à faire preuve de plus d'abnégation dans l'exercice de leur activité. « Vous contribuerez ainsi à consolider le modèle marocain singulier en démocratie et en solidarité sociale », affirme le souverain, mettant l'accent sur l'importance que revêt la mise en place d'un code éthique pour assurer à la pratique parlementaire toute son efficacité. Et de celle-ci dépend énormément le rôle de l'opposition dont le roi rappelle l'intérêt dans la nouvelle Constitution. Echos du message royal Du discours royal, c'est une leçon et des messages que retiennent les députés. La députée du PAM Fatiha Layadi résume ainsi l'idée principale : « Il faut, aujourd'hui, se mettre au travail ! ». Il est question d'établir des bases juridiques et organiques à la mise en pratique de la Constitution servant de principe clé à ce « travail ». « Il faut élaborer les lois organiques pour dessiner l'ossature de ce texte et en discuter le contenu au Parlement », ajoute Fatiha Layadi, précisant que, sur le plan pratique parlementaire, il est temps désormais pour les élus de remplir leur mission comme il se doit. « Il n'y a pas de Parlement sans parlementaires qui assument leur travail (...) L'opposition devrait s'approprier amplement le rôle que lui confère la constitution. Nos moyens sont limités, certes, mais nous n'avons pas à les attendre pour commencer à travailler. Il faut se mouiller la chemise ! » lance-t-elle. Abdellah Bakkali, député du PI, évoque, pour sa part, le code éthique soulevé dans le discours royal le qualifiant de « fait marquant ». « Il s'avère que les lois ne suffisent plus. A présent, un appel royal convie les parlementaires à élaborer un code éthique à même d'améliorer le rendement législatif, sur le plan politique et constitutionnel », constate-t-il soulignant également l'importance du message royal de laisser de côté les appartenances politiques pour construire une complémentarité entre les deux Chambres. « La Constitution a décrit le rôle de chacune et insisté sur leur cohésion. Il faut à présent une instance pour assurer leur coordination », soutient Abdellah Bakkali. Ce dernier estime que les élus, qu'ils soient de la majorité ou de l'opposition, sont appelés à veiller sur le respect de l'intérêt constitutionnel accordé à l'opposition ayant besoin, aujourd'hui, de devenir « mûre ». Les jeunes parlementaires s'accordent également sur l'importance de la mise en place du code éthique. « Le cadre juridique lié à l'exercice de l'action parlementaire ne peut assurer la moralisation de la vie politique d'une manière générale », estime le jeune député Abdelkader El Kihel, secrétaire général de la jeunesse istiqlalienne. Et d'insister sur l'intérêt des valeurs et principe pour tout député. « L'action parlementaire est d'abord un travail éthique avant qu'elle ne soit politique. Si ce principe était effectif, nous dépasserions de nombreuses lacunes », affirme Abdelkader El Kihel pour qui les députés ne peuvent qu'y gagner. « Nous avons une grosse responsabilité au titre de cette année législative. Les membres des deux Chambres doivent unir leurs forces pour mettre en œuvre la Constitution». * Tweet * *