Une nouvelle classe d'un milliard de consommateurs est en train de voir le jour. Qui seront-ils, où seront-ils et quels seront leurs besoins ? Pour les entreprises, la réponse à ces questions constitue un élément-clé de leur croissance voire de leur pérennité. L'urbanisation devrait générer un milliard de nouveaux consommateurs d'ici 2025. Une vague massive d'urbanisation est à l'origine de la forte croissance observée dans de nombreux pays émergents, entraînant un déplacement de la puissance économique vers l'Est et vers le Sud. Ce phénomène devrait « générer un milliard de nouveaux consommateurs urbains d'ici 2025, portant à 4 milliards le nombre total de consommateurs dans le monde, soit un triplement depuis 1990 ». Ce sont là les conclusions d'une nouvelle étude de McKinsey, sur « l'urbanisation et ses implications économiques ». 30.000 milliards de dollars de nouveaux marchés Parmi ces 4 milliards de consommateurs, près de 2 milliards résideront dans l'une de 600 villes émergentes du monde (dont font partie Casablanca et Rabat), représentant autant de nouveaux besoins à satisfaire. D'ailleurs, selon l'étude, les 2 milliards de nouveaux consommateurs avec les consommateurs urbains des économies matures, devront injecter près de 20.000 milliards de dollars supplémentaires par an dans l'économie mondiale. Ce n'est pas tout, à ces dépenses de consommation s'ajouteront 10.000 milliards supplémentaires d'investissement annuels réalisés par les villes elles-mêmes pour satisfaire aux besoins d'infrastructure et de logement liés à cet affluence de population. D'ici 2025, les villes devront donc avoir construit l'équivalent de 85 % du stock de surface résidentielle et commerciale actuel. « La capacité des ports en matière de trafic de containers devra être multipliée par 2,5 par rapport au niveau actuel. Au sein des villes, les besoins en eau devraient augmenter de 40 % d'ici à 2025», souligne l'étude. Ces nouveaux besoins devraient certainement provoquer des tensions croissantes sur les ressources naturelles et financières mondiales. Pour leur part, les entreprises auront intérêt à adopter « une approche systématique afin d'identifier les villes offrant le meilleur potentiel de développement pour leur activité», note le rapport. Pourtant, aujourd'hui, selon une autre enquête menée par McKinsey, seul un dirigeant sur cinq raisonne en termes de ville plutôt qu'en termes de pays. De nouveaux hubs émergents Or cette enquête montre que selon les villes, ce ne sont pas les mêmes segments ni les mêmes secteurs qui auront la plus forte croissance. Par exemple, l'étude cite un certain nombre de villes émergentes qui seront des « silver cities », c'est-à-dire des villes dans lesquelles les nombre de consommateurs âgés et disposant de revenus annuels supérieurs à 20.000 dollars sera important. Ces villes représenteront un marché potentiel important pour certains fournisseurs de biens et services (matériel médical). Il est donc important pour les entreprises de soigneusement cibler les stratégies avec un niveau de détail plus fin que celui des pays. Enfin, s'agissant des implications pour les décideurs publics, elles diffèrent entre les économies matures et émergentes. Pour leur part, les villes des marchés émergents devront, selon l'étude de McKinsey, organiser la croissance et s'assurer du caractère durable de leur développement. Les villes des économies les plus matures seront, elles, confrontées à une croissance faible. Elles devront alors s'assurer d'être connectées aux nouveaux hubs émergents, par exemple via leurs aéroports, mais aussi en restructurant leurs efforts diplomatiques et commerciaux vers ces régions. * Tweet * * *