Le ministre des Habous et des affaires islamiques, Ahmed Taoufiq, a été interpellé, hier à la Chambre des conseillers, sur plusieurs questions qui dérangent l'opinion publique, dont les fatwas, le Hajj et la chose religieuse. Le ministre des Habous et des affaires islamiques, Ahmed Taoufiq, a été invité hier à répondre aux questions des membres de la Commission de l'enseignement et des affaires culturelles et sociales de la Chambre des conseillers. C'est à une rafale de questions que le ministre des Habous et des affaires islamiques, Ahmed Taoufiq, a dû répondre, hier au sein de la Commission de l'enseignement et des affaires culturelles et sociales de la Chambre des conseillers. Les fatwas ont été en tête de liste des questions des conseillers qui se disent préoccupés par la recrudescence d'un fléau portant une étiquette religieuse. « Certains publient des fatwas qui sont inadmissibles et face auxquelles vous ne réagissez pas ! Pourtant, quelques unes représentent une atteinte à la moralité. D'ailleurs, je n'oserai vous en citer une, ici ! », s'exclame le conseiller du groupe fédéral de l'unité et de la démocratie, Abdelmalek Aferiat. Il n'a pas été le seul à réclamer une intervention, une solution pour mettre un terme à une avalanche de fatwas dont les canaux de diffusion s'élargissent. Le prix de la liberté Face à cette préoccupation unanime, Ahmed Taoufiq ne dispose pas d'une baguette magique, mais d'une logique et d'une conviction. « On m'a souvent posé cette question. Aujourd'hui, tout le monde peut dire ce qu'il veut, c'est le critère essentiel de l'ouverture. Nous sommes face à la pratique religieuse dans l'exercice de la liberté », estime le ministre soulignant que le réel problème réside dans l'intérêt et la force conférés parfois à ces fatwas infondées. Le ministère n'est pas pour autant appelé, selon Ahmed Taoufiq, à saisir la justice à chaque fois. « Les chaines satellitaires font des fatwas une attraction en faisant appel à leurs stars de provenances ou d'appartenances politiques incertaines (…) Pour réellement mettre un terme au problème, il faut faire appel à la conscience », affirme le ministre s'adressant aux conseillers dont le rôle, pour lui, est d'éveiller la conscience des masses en élevant leur niveau. « Pour nous, ce qui se dit ici et là n'est pas une fatwa. Ce qui est essentiel, c'est que ces fatwas ne soient pas diffusées dans les lieux de cultes ou dans une émission nationale », précise Ahmed Taoufiq. Mise à niveau des mosquées La gestion des mosquées a, elle aussi, dominé le débat au sein de cette commission où le ministre des Habous et des affaires islamiques a indiqué qu'une enveloppe budgétaire supplémentaire de 582 millions de dirhams a été allouée aux mosquées et personnel qui y travaille. 180 MDH ont été consacrées aux primes mensuelles des imams qui connaîtront chacune une augmentation de 300 DH. Quant aux mosquées en mauvais état, elles bénéficieront du programme d'urgence de réhabilitation dont l'enveloppe cette année atteint 300 MDH. « Le ministère poursuivra l'exécution du programme national de mise à niveau des mosquées par la construction de 20 nouvelles dans les quartiers périphériques. Le ministère y participera par l'inauguration de 6 et l'élaboration d'étude pour 9 autres en allouant un montant de 107 MDH. Les bienfaiteurs participent à la réalisation de 14 mosquées », indique le ministre. Et de préciser que son département présentera bientôt un projet de lois pour la création d'un organisme chargé de veiller sur la construction des mosquées. « Nous avons des dysfonctionnements et nous avons besoin d'instruments pour y pallier », reconnaît-il. Encadrement et prêche Pas tous les imams sont de bons prêcheurs et les conseillers ont tenu à le rappeler en témoignant de leur préoccupation de constater les déviations de certains d'entre eux. « Nous comptons un million de prêches annuellement et il se peut, en effet, que la qualité ne soit pas au niveau que nous souhaitons », avoue le ministre indiquant que 43 suspensions ont été émises, dont plus de 80 contre des imams. « 150 jeunes imams seront chargés de l'encadrement des mosquées qui doit être amélioré. Un projet de lois organisant l'activité de l'imam est d'ailleurs en étude pour être présenté. Ce qu'il ne faut pas oublier, c'est que l'imam n'a pas à offrir des services, mais à accomplir une mission », rappelle le ministre. Et d'ajouter que l'encadrement requiert le plus grand intérêt qu'il soit dans le milieu rural ou urbain. Le conseil du Hajj En ce qui concerne l'opération du Hajj, Ahmed Taoufiq a tenu à rappeler que son département n'agit ni de près ni de loin dans l'augmentation ou la baisse du nombre de pèlerins. L'organisation du Hajj relève de la commission royale. « Nous favorisons les plus âgées et cette année nous avons 4 500 candidats dont le plus jeune est âgé de 81 ans », affirme-t-il. « Si nous avions à donner un conseil aux intermédiaires de secteur, nous leur demanderions un meilleur rapport qualité/prix du produit », ajoute-t-il soulignant que c'est toujours le choix du candidat qui influe sur l'opération.