« Avec un déficit budgétaire inquiétant, l'option PPP (partenariat public-privé) s'avère l'une des solutions à ne pas négliger par l'Etat afin d'alléger son budget et profiter de l'innovation du privé », a déclaré en substance Mohamed Kettani, PDG d'Attijariwafa bank, lors d'une rencontre tenue au siège de la banque autour du thème des « partenariats public-privé au service du développement régional. Quel rôle pour le secteur privé local et international ? ». Cet événement, organisé en partenariat entre Attijariwafa bank, CDG développement, la Caisse de Dépôt française et l'Agence du Sud a rassemblé un ensemble d'experts et responsables marocains et étrangers afin d'aborder les aspects juridiques, financiers et institutionnels de cette problématique et mettre en évidence le rôle des partenariats public-privé en tant qu'accélérateurs de l'investissement public dans le bassin méditerranéen. Opportunités d'investissement Après avoir mis en exergue le rôle du secteur bancaire en tant qu'accompagnateur pour ce type de projets au Maroc, Kettani est revenu sur la nécessité de développer ces partenariats dans l'avenir. « Actuellement le ministère de l'Economie et des Finances et celui de l'Equipement et du transport sont en train de prospecter et explorer toutes les idées innovantes. Des cabinets de conseil ont également été approchés pour proposer des pistes afin de revoir le volet juridique des PPP. Les choses ont changé et l'Etat a compris que l'investissement public n'est pas suffisant face aux demandes des Marocains », a déclaré Kettani. De plus, avec la régionalisation avancée, cette approche sera plus renforcée par région et des instances seront mises en place afin d'encourager les PPP. « Dans les mois à venir, quand la loi organique sur la régionalisation avancée verra le jour, les besoins des populations vont se faire sentir et vont être grandissants. Il y aura des besoins en eau, électricité, hôpitaux, infrastructures numériques… C'est autant d'opportunités pour l'investissement où les entreprises privées peuvent apporter leur innovation », déclare Kettani. Une approche territoriale Ainsi, par rapport au volet de la régionalisation, Karim Mansouri, DG du Fonds d'équipement communal (FEC), a souligné que les régions se doteront d'instances formelles de dialogue et de concertation avec le secteur privé. « Avec cette approche territoriale, chaque région aura ses spécificités, besoins et donc son budget. Des contrats-programmes par objectifs seront généralisés et l'Etat va s'inscrire dans une optique de partenariat et non de tutelle et de régulation », a déclaré Mansouri. De ce fait, grâce à ce partenariat contractualisé entre l'Etat et le secteur privé, des changements seront opérés au niveau des modes de gestion et des dépenses publiques. Et ce n'est pas tout, dans son intervention Mansouri qui rappelle d'ailleurs, que tout a été prévu dans le projet de régionalisation avancée, révèle que des agences d'exécution régionales vont être créées. Leur rôle sera axé sur l'apport d'un soutien permanent en termes de ressources humaines adaptées aux PPP ainsi que l'ingénierie technique et financière. Un projet de loi est en discussion Par rapport au cadre réglementaire, aucune loi n'existe pour ce volet. Toutefois, Mansouri nous déclare que des réflexions sont en cours pour l'établissement d'un projet de texte de loi. Même annonce auprès de Najat Saher, chef de division au sein de la Direction des entreprises publiques et de la privatisation (DEPP ). « Plusieurs projets en cours dont l'objectif est la révision de l'environnement juridique et institutionnel des PPP. Ainsi, un projet de loi est en discussion en interne et une entité réservé aux PPP sera créée et intégrera le ministère des finances et de l'économie », a annoncé Saher. Pour ajouter que plusieurs projets pilotes ont été lancés par l'Etat, avec l'accompagnement de la Banque Mondiale. Des contrats PPP sont ainsi en cours de finalisation dans le domaine de la santé et de l'éducation. Le troisième projet portera sur la construction de routes express. CDG investira de nouvelles villes Grâce à ses expériences dans plusieurs villes du pays, notamment à Rabat, Marrakech, Témara et Casablanca, CDG développement a pu acquérir une certaine expertise dans le domaine des partenariats public-privé. Des entreprises sont en cours de création actuellement dans plusieurs villes marocaines pour accompagner des investissements publics. Elles se spécialiseront notamment dans les services de parking, la gestion des espaces verts et des déchets solides et les projets d'équipements.