Les entrepreneurs culturels sont des pragmatiques. C'est la conclusion d'une étude sur la gestion de la culture dans le privé, au Maroc, réalisée par le Centre d'études et de recherche de l'école des Hautes Etudes de Management (HEM). La même école abritera le mardi 6 avril une conférence sur les gestionnaires de la culture dans le privé et sur les résultats de cette étude. Mais en attendant de disposer de toutes les statistiques, la revue Economia a publié les grandes lignes de cette étude. Il en ressort que les gestionnaires les plus nombreux sont des commerçants. C'est la tendance dominante dans la gestion de la culture dans le privé. Les auteurs de cette étude ont décelé trois types d'entrepreneurs culturels : les conciliateurs dans la musique et le cinéma ; les créatifs dans les arts vivants et les arts plastiques et enfin les commerçants dans l'audiovisuel et le livre. L'étude montre que 40% des entrepreneurs interrogés considèrent leur projet comme très risqué, voire suicidaire. 45% d'entre eux se considèrent comme des entrepreneurs comme les autres, ce qui signifie que l'entrepreneur culturel est motivé par des considérations financières et non pas artistiques. Leur objectif est triple : répondre à un besoin, se positionner par rapport à la concurrence et faire des profits. Mais l'investissement dans la culture est considéré par beaucoup comme aventureux. L'étude montre que 40% des entrepreneurs interrogés considèrent leur projet comme très risqué, voire suicidaire. Le risque est financier. Les entrepreneurs interrogés ignorent le sort de leur investissement dans les 5 ans. Dans la rubrique des entreprises les plus risquées, ils déclarent que pour 28% d'entre elles l'organisation n'a pas grandi depuis sa création. Autre conclusion intéressante de cette étude : les plus sceptiques face à l'avenir sont aussi les plus pragmatiques. Ceux qui se perçoivent comme des entrepreneurs n'arrivent pas, selon Caroline Minialai, chercheur au CESEM à anticiper une croissance de leur activité sur 5 ans. Au plan du financement 91% des entrepreneurs se déclarent indépendants de l'Etat. Il ressort également de cette étude que le chef d'entreprise est un homme à 81%, il est relativement jeune, 65% ont moins de 45 ans et diplômé puisque 15% seulement d'entre eux sont des autodidactes. Le niveau de qualification est élevé puisque plus de 75% des diplômés arrivent à bac plus quatre sinon plus. Cette étude a retenu sept domaines de création : la musique, le cinéma, l'audiovisuel, la diffusion et l'événement culturel. Le cinéma est le domaine qui attire le plus de fonds privés et le grand nombre d'investisseurs. Ils sont au nombre de 126 mais seuls 57 questionnaires leur ont été adressés. Les personnes concernées par cette étude font partie d' une population globale de 369 acteurs de l'industrie créative. Les plus sceptiques face à l'avenir sont aussi les plus pragmatiques. La méthode des quotas Selon les auteurs de cette étude, l'échantillon a été construit selon la méthode des quotas pour respecter la composition de la population globale constituée de 369 acteurs de l'industrie créative. Le questionnaire est composé de 49 questions fermées posées par téléphone à près de 175 entreprises. Onze questionnaires ont été jugés incomplets et par conséquent éliminés. 164 questionnaires sur 175 ont alimenté l'étude.