Le lancement du plan stratégique national de lutte contre le sida a été effectué en grande pompe mardi dernier à Rabat. Représentants d'associations engagées dans la lutte, ministères concernés, susceptibles de contribuer à cette lutte (éducation notamment), ou encore des agences des Nations-Unies… tous les visages de la lutte contre le sida au Maroc étaient présents. Main dans la main contre le fléau Cette liste bien étoffée d'invités n'a pas été choisie au hasard par leur hôte, le ministère de la Santé. Celui-ci souhaite s'ériger en catalyseur de ces énergies anti-sida. « Il faut unir nos forces et travailler main dans la main », a lancé Dr. Houcine El Ouardi, ministre de la Santé, à une salle presque comble. Tour à tour, les officiels qui se sont succédé sur la tribune n'ont eu d'ailleurs de cesse de répéter le slogan : « Ensemble pour concrétiser l'accès universel à la prévention et aux soins », toile de fond du nouveau plan national. Que prévoit justement le plan stratégique pour y parvenir ? « D'ici 2016, il est prévu de réduire de 50 % les nouvelles infections par le VIH, et de 60 % la mortalité due au sida. La gouvernance et la gestion de la riposte nationale doivent également être optimisées au niveau central et surtout décentralisées », a détaillé le ministre de la Santé qui a ouvert la rencontre. En ligne de mire, le plan devrait conduire, à terme, à l'atteinte des trois zéros préconisés par l'ONU sida, à savoir zéro nouvelle infection VIH, zéro décès, et zéro discrimination liée au sida au Maroc. Tout un programme ! Les trois zéros, un rêve réalisable « Plusieurs pensent que les trois zéros ne sont qu'un rêve ! », a fait remarquer Michel Sidibé, directeur exécutif de l'ONU Sida. « Mais celui qui ne peut pas rêver de justice sociale, de redistribution des opportunités et d'une société inclusive est un perdant, », d'après ses dires. Autrement dit, les gagnants se battent. Ce combat sera donc mené au Maroc, via ce troisième plan stratégique, mis au point dix années après le premier. Un plan décrit par Dr Omar El Menzhi, responsable de la Direction de l'épidémiologie au ministère de la Santé, comme un « outil de travail, un cadre d'harmonisation de la riposte ». Quelles en seront les interventions phares ? Les programmes de prévention seront étendus, pour atteindre une couverture d'au-moins 60 % des personnes les plus exposées. Le plan prévoit également un programme de marketing social du préservatif, la création de nouveaux centres de dépistage, ainsi que l'extension du dépistage VIH chez les femmes enceintes, pour couvrir 80 % des femmes enceintes vivant avec le virus. Elément important à noter également, la couverture par le traitement anti-rétroviral de 80% des personnes nécessitant ce traitement d'ici 2016. 71 % des femmes infectées par leur conjoint Aujourd'hui au Maroc, le sida continue de traîner une image décalée par rapport à la réalité. 85 % des transmissions du VIH/sida dans le pays se produisent après un rapport hétérosexuel, nous rappellent les chiffres récents. Les préjugés doivent donc être écartés. Plus grave, 71 % des femmes sont infectées par leur conjoint déjà atteint. Le mal peut donc se manifester même là où l'on s'y attend le moins. Selon les estimations du ministère de la Santé et de l'ONUSida, le nombre des personnes vivant avec le VIH sida au Maroc à fin 2011 est de 29 000, dont 10 000 nécessitent un traitement anti-rétroviral. L'ONUsida, un partenaire Le lancement du nouveau plan stratégique s'est opéré durant la visite de trois jours effectuée par Michel Sidibé, directeur exécutif de l'ONUsida au Maroc. Ce spécialiste malien du sida, ardent défenseur de la cause, appelle à l'élimination de la transmission du VIH de la mère à l'enfant et à la réduction de 50 % des décès dus à la tuberculose parmi les personnes séropositives dans le monde à l'horizon 2015. Après le Maroc, il poursuivra sa tournée en Afrique du Nord.